Santé

HPI, surdoué, HPE, hypersensible : quelles sont leurs caractéristiques et comment les différencier ?

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Surdoué, zèbre, HQI, hypersensible… Une multitude d’expressions fleurissent ces dernières années, pour désigner les personnes dotées d’une intelligence cognitive ou émotionnelle supérieure à la moyenne. « Nous vivons de toute évidence dans une époque de recherches sur soi et de quête d’appartenance. Cela nous permet d’être moins inquiets face à une différence que nous percevons », analyse Monique de Kermadec, psychologue clinicienne et psychanalyste, autrice du livre « L’adulte surdoué, apprendre à faire simple quand on est compliqué » (éd. Albin Michel).  

Leurs caractéristiques s’entremêlent parfois, à tel point qu’il est difficile de s’y retrouver. Y a-t-il des différences entre une personne surdouée, un haut potentiel intellectuel (HPI) et un zèbre ? Sont-ils nécessairement hypersensibles ? Comment le haut potentiel émotionnel (HPE) se définit-il ? Comment ces modes de fonctionnement s’évaluent-ils ? ELLE fait le point. 

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HPI, SURDOUÉ, ZÈBRE

Quelles sont leurs caractéristiques ? 

Le terme « Haut potentiel intellectuel » (HPI) s’est progressivement imposé dans le jargon professionnel et dans l’espace public, remplaçant ainsi le mot « surdoué ». Pour cause, « l’embarras suscité chez certains par le terme « surdoué », qui a des connotations élitistes, a lancé les Français dans la recherche d’un mot plus satisfaisant. Les options se sont multipliées et ont abouti aujourd’hui au terme « Haut potentiel » que l’on retrouve dans un grand nombre de publications », observe Monique de Kermadec. En réalité, ces deux notions, et le mot « zèbre », font référence aux mêmes particularités. La seule différence réside dans le fait que « surdoué » est un terme scientifique, qui a été utilisé pour la première fois par un pédopsychiatre dans les années 1940, rapporte l’experte. « Le mot zèbre est une création récente à laquelle les individus s’identifient avec plaisir, parce qu’il y a une connotation agréable », ajoute-t-elle. Il ne figure pas dans les manuels de psychiatrie et de psychologie.

Les HPI, surdoués ou zèbres se caractérisent avant tout par une haute intelligence cognitive. Ces personnes comprennent, vite et bien, des informations que d’autres ne saisiront pas du premier coup. Elles ont tendance à formuler des réponses de façon plus complexe, délogeant leur entourage de leur zone de confort. En France, certains professionnels leur attribuent, par ailleurs, d’autres caractéristiques : une énergie importante, une complexité de la pensée, et une intensité dans les affects. « Les HPI font aussi preuve d’un investissement très fort de valeurs. Certains d’entre eux renonceront par exemple à des postes en entreprise, parce que cela ne correspond pas à leurs valeurs fondamentales », explique Monique de Kermadec. Attention, « si ces personnes ont des capacités intellectuelles qui les démarquent d’une norme, avec des traits communs, elles ont aussi des personnalités différentes », insiste la psychologue. 

Comment le quotient intellectuel s’évalue-t-il ? 

La psychologie et la psychiatrie ne considèrent pas la douance (qui renvoie à des aptitudes intellectuelles hors normes) comme une pathologie. Elle est évaluée par la passation de tests, grâce à l’échelle de Weschler. Il existe deux tests pour les enfants (WPPSI-IV jusqu’à 6 ans ; WISC-V de 6 à 16 ans), et un test pour les adultes (WAIS-IV), réalisables avec un·e psychologue. Les hauts quotients intellectuels (HQI), qui représentent 2,2% de la population, dépassent la barre des 130 sur la courbe de Gauss, et les très hauts quotients intellectuels (THQI), la barre des 145. La norme, elle, se situe à 100. 

Quels signes peuvent alerter les parents ? 

Certains comportements chez l’enfant peuvent mettre la puce à l’oreille des adultes. « Dès tout petits ces enfants font preuve d’un éveil particulier. Leur curiosité, leur langage élaboré, leurs intérêts intenses et variés les démarquent des enfants du même âge. Les parents, les pédiatres mais aussi les enseignants le remarquent bien vite », indique Monique de Kermadec.  

HPE, HYPERSENSIBLE

Quelles sont leurs caractéristiques ? 

Plusieurs écrits, qui nous viennent des États-Unis, mettent en lumière l’importance de l’intelligence émotionnelle. Le haut potentiel émotionnel (HPE) a cette capacité à comprendre ses émotions, à les gérer, à comprendre celles des autres et en tenir compte grâce à son empathie – un trait que l’on retrouve chez un grand nombre de surdoués. De quoi faciliter, ou non, les relations. Ces personnes sont aussi très intuitives. Si l’intelligence émotionnelle peut s’associer à une intelligence intellectuelle, et que ces deux modes de fonctionnement cohabitent très bien ensemble, ils sont totalement dissociables. 

Quelles différences entre HPE et hypersensible ?  

HPE et hypersensible sont deux notions différentes. L’hypersensible a la capacité de percevoir des informations, et fait face à des vagues d’émotion importantes, mais n’a pas nécessairement les clés pour les gérer. « De la même manière qu’il peut sentir des vibrations chez l’autre, comme une caisse de résonnance, sans savoir qu’en faire », poursuit Monique de Kermadec. Par ailleurs, certaines personnes ont les sens très développés. « Elles sont hypersensibles aux sons, aux odeurs et au toucher. Une hypersensibilité que l’on retrouve aussi chez certains surdoués, dotés d’une haute intelligence émotionnelle. » 

« Le HPI peut être hypersensible ; il peut aussi être HPE, mais s’il venait à manquer d’aisance dans ce domaine, une aide peut lui être apportée. L’intelligence émotionnelle se travaille et peut s’acquérir tout au long d’une vie », précise l’experte.

Comment l’intelligence émotionnelle s’évalue-t-elle ?

L’ intelligence émotionnelle est plus difficile à évaluer que l’intelligence cognitive. En effet, il n’existe pas de test permettant de quantifier le quotient d’empathie (QE), comme on quantifie un QI. L’évaluation, bien souvent, se fait au travers de questionnaires, d’observations cliniques ou de tests de personnalité effectués chez un·e psychologue.

Quels signes peuvent alerter les parents ?

« Le parent tient une place clé dans l’éducation émotionnelle de l’enfant. C’est lui qui lui apprend à identifier et à gérer les émotions. Leur tâche est rendue plus difficile s’ils n’ont pas eux-mêmes reçu ce précieux enseignement de leurs propres parents, précise Monique de Kermadec. Ces derniers peuvent regarder comment l’enfant se comporte avec ses petits camarades. A-t-il de l’empathie ? Montre-t-il une forme de générosité à l’égard de l’autre ? A-t-il peur de l’autre ? L’adulte peut aussi observer sa gestion de la frustration. »

« Les termes HPI et HPE sont à notre disposition pour nous informer. Ils sont là pour nous guider dans nos recherches et non pour nous enfermer dans une boîte, souligne la psychologue. Abordons les comme des clés de compréhension sur nous-mêmes afin d’utiliser pleinement nos atouts pour enrichir notre vie et celle du monde dans lequel nous vivons. »

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