Santé

L’amour impossible de Marie, 66 ans : « Je sombrais progressivement dans une dépendance affective »

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Le jour de notre rencontre, il venait de subir une opération à cœur ouvert… Sur le coup, il avait pensé que c’était son heure, mais il n’en était rien. Non seulement il était vivant, mais le hasard avait voulu qu’une nouvelle histoire d’amour se présente à lui. Une double résurrection, en somme. Moi, j’avais 27ans… Lui, en avait 27 de plus. Il s’appelait Francis*. Fraîchement séparée de mon premier mari et en pleine instance de divorce, je tenais un restaurant parisien en vogue dans les années 80. Les plus grandes stars venaient régulièrement manger à ma table. Parmi mes meilleurs clients, il y avait Brigitte Bardot, Jean Marais ou encore la femme de Charlie Chaplin. Au départ, cet homme visiblement important faisait partie de mes clients récurrents. Chaque fois, je lui parlais comme à n’importe lequel d’entre eux… Mais un jour, il est venu seul. Immédiatement, je l’ai dirigé vers une table à côté de ma caisse pour que je puisse lui tenir compagnie. Je faisais la même chose pour tous les clients qui mangeaient seuls.   

Au cours de notre discussion, j’apprenais qu’il était avec une autre femme depuis 18 ans, mais qu’il comptait la quitter après ces nombreuses années ensemble. Il se trouve qu’elle était enceinte de lui. La situation était compliquée, mais je ne comprenais pas encore à quel point. Très vite, j’ai senti qu’il aimait mon naturel… On riait énormément ensemble. Nous parlions de tellement de choses que je ne faisais plus vraiment attention à l’heure. Pendant ce temps, mon personnel finissait le service. « Allez-y, je ferai sortir Monsieur par la porte », leur ai-je dit sur le moment. Une proposition de verre plus tard, Francis me raccompagnait chez moi… Pour lui dire au revoir, je l’ai embrassé. Un geste de tendresse qui a provoqué chez lui une sorte de coup de foudre… Le lendemain, mon téléphone sonnait. « Regardez par la fenêtre, le ciel est tout bleu », m’a dit une voix de l’autre côté du fil. C’était lui, évidemment. En grand romantique, il me proposait de le revoir. Au fond, j’étais assez flattée de lui plaire…  

Une relation d’apprentissage

C’était un intellectuel très cultivé, qui côtoyait autant les réalisateurs de la Nouvelle Vague que les grands écrivains du moment. D’ailleurs, il travaillait dans le monde de l’édition. Au milieu de ce gratin mondain, j’étais en quelque sorte la candide. Une position que je vivais particulièrement bien. À 27 ans, j’étais une petite fleur naïve… Malgré mon divorce avec mon premier et seul mari, je ne connaissais pas encore grand-chose à la vie. Avant de rencontrer Francis, je n’avais presque jamais lu de livres. « Marie, il faut que tu lises », me répétait-il inlassablement. Dans nos dîners, je croisais des grands noms du monde de la culture… Je me nourrissais de chaque échange. Les invités étaient issus de milieux souvent très différents, ce qui dénotait de son ouverture d’esprit. Des boîtes lesbiennes aux réceptions des ambassades, il voulait tout me faire découvrir. « Moins tu es ignorante dans la vie, plus tu es protégée », me disait-il. J’apprenais beaucoup à ses côtés. Mais surtout, j’étais fière de lui… Alors, je le présentais à tout mon entourage. La bienveillance de cet homme m’apaisait.   

« Jamais je ne voyais la différence d’âge entre nous »

Jamais je ne voyais la différence d’âge entre nous. De tous les hommes que j’ai connus, il était le plus jeune. Il était très actif, toujours plein de surprises inespérées. Comme il savait que j’adorais la tour Eiffel, par exemple, il lui arrivait de m’emmener dormir dans un hôtel juste en face pour que je vois la tour à mon réveil, puis à mon coucher. Comme il était passionné par les cathédrales, on allait loger dans les villes de France où on y trouvait les plus belles, comme à Chartres. Le plus souvent, il demandait une chambre avec une grande baignoire parce qu’on aimait prendre notre bain à deux. Je ne sais plus dans combien de grands restaurants il m’a emmenée… Chaque fois, on était comme deux gamins. J’ai rarement été avec un homme aussi attentionné. La nuit, on allait danser chez « Castel », ou au « Matignon » sur les Champs-Élysées… Je vivais ma jeunesse à vitesse grand V, et lui revivait la sienne à bientôt 54 ans.  

Une dépendance affective de plus en plus marquée

Par la suite, comment cette histoire a-t-elle été étiquetée dans mon inconscient comme impossible ? Bien que sa compagne officielle ne soit pas très présente dans le récit que je fais de notre histoire, elle est restée longtemps dans les parages. Au quotidien, il vivait encore avec elle, en réalité… Toutes les trois semaines, il venait me rendre visite. L’attente était de plus en plus longue pour moi. J’aimais tellement cet homme que je sombrais progressivement dans une sorte de dépendance affective que je ne supportais pas. À chaque départ, ce même sentiment d’abandon m’étreignait sans savoir pourquoi. Par la suite, j’ai compris que mon histoire familiale était pour beaucoup dans cette dépendance affective. Alors que je venais de naître depuis quinze jours, mes parents m’avaient confiée à ma marraine pour pouvoir travailler… Je ne les ai plus revus pendant deux ans. Mon mal-être prenait racine dans cet abandon originel. Notre histoire d’amour impossible a été un déclencheur. Des événements de nos vies surviennent pour nous révéler les maux de notre enfance. Avant Francis, je n’avais pas les mots pour dire ce que j’avais vécu.  

« Tu as presque 60 berges, mec ! Ton enfant, il ne te connaîtra jamais ! »

Mais ce qui m’a vraiment poussée à partir, c’était son désir d’enfant… Pour moi, ce qu’il me demandait était impossible. J’avais l’impression que je prenais un père à cet enfant qu’il avait eu avec son autre compagne. Sa demande me perturbait énormément. Souvent, je plaisantais en lui disant : « Attends, mais tu t’es bien regardé ? Tu as presque 60 berges, mec ! Ton enfant, il ne te connaîtra jamais ! » Sans compter que, malgré la place que je prenais dans sa vie depuis bientôt un an et demi, il n’avait toujours pas pris la décision de quitter sa compagne. Tant la différence d’âge, le désir d’enfant, l’existence de cette autre femme que ma propre dépendance émotionnelle m’ont poussée à prendre la décision de mettre un terme à notre idylle. Après notre rupture, je me suis immergée dans la lecture comme pour suivre le conseil qu’il m’avait donné… Successivement, j’ai dévoré « Le Parfum » de Süskind, « 1984 » d’Orwelll, « L’amant » de Duras et beaucoup d’autres… Ma bibliothèque regorge encore aujourd’hui des livres qu’il m’a offert. Parmi eux, je garde précieusement une encyclopédie dédiée au champagne – notre alcool préféré – qu’il avait édité. Sur la couverture, il avait choisi une peinture représentant une femme qui me ressemblait étrangement. C’était une jeune femme aux joues rosées, plantureuse, avec une coupe à la main.  

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Après l’amour, l’amitié…

Nous n’avons plus parlé pendant deux ans. Mais un jour, il m’a rappelé pour me dire qu’il avait quitté sa femme… Il espérait reprendre notre histoire là où elle s’était arrêtée. Pour moi, les circonstances n’étaient plus les mêmes. Généralement, je me donne comme consigne de ne jamais retourner en arrière. Ce qui est fini doit le rester. Malgré tout, nous sommes restés importants l’un pour l’autre, comme des amis qui s’étaient aimés autrefois. Dans nos échanges, nous avons eu l’occasion de parler des motifs de notre séparation, notamment le sentiment d’abandon que ses départs suscitaient en moi à l’époque.  « Mais pourquoi tu ne m’as pas dit que tu te sentais abandonnée ? », m’avait-il demandé, très surpris. Garder sa présence dans ma vie m’a tout de même fait du bien. De temps à autres, nous nous retrouvions autour d’une coupe de champagne, comme au temps de notre passion. Notre lien ne s’est jamais éteint avec le temps. J’ai continué à faire partie de sa vie pendant vingt-deux ans… Jusqu’à sa mort, en somme.  

« Est-ce qu’on rencontre forcément l’homme idéal au bon moment ? »

Le temps faisant son œuvre, je me suis rendu compte que Francis était sans doute l’homme de ma vie. Il était celui qui aurait dû m’accompagner… Un sentiment que Francis partageait lui aussi. De son vivant, il m’a souvent répété que j’étais la femme qui lui avait donné le plus de bonheur. De mon côté, je retrouvais dans sa personnalité tout ce que je cherche chez un homme. Il incarnait à la perfection mon homme idéal. Même ses défauts ne me déplaisaient pas ! Est-ce qu’on rencontre forcément l’homme idéal au bon moment ? Je ne sais pas…  Des décennies plus tard, je me souviens encore de tout, même de nos nuits d’amour. Au cours de mon existence, j’ai croisé beaucoup d’amants dont je peine parfois à me souvenir… Mais lui, je ne l’oublierai pas.  

*Les prénoms et les âges ont été changés

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