Santé

Le suicide, première cause de mortalité liée à la grossesse ou à l’accouchement

Si elles sont rares, les « morts maternelles » existent toujours en France, et le suicide en est devenu la première cause, selon une étude publiée ce mercredi 3 avril par l’Inserm et Santé publique France, n’incluant pas la période de la pandémie de Covid.

Environ 90 femmes décèdent chaque année d’une cause liée à la grossesse ou à l’accouchement, une tous les quatre jours en moyenne, selon la 7e édition de ce travail nourri d’une surveillance par des gynécologues-obstétriciens, anesthésistes-réanimateurs, sage-femmes et épidémiologistes.

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« C’était la deuxième cause, ça devient la première »

Entre 2016 et 2018, 272 morts maternelles ont été recensées, sur la période entre la conception jusqu’à un an après la fin de la grossesse. Dans la moyenne européenne, le ratio de mortalité maternelle (11,8 décès pour 100 000 naissances vivantes) n’a pas évolué par rapport aux enquêtes précédentes. Mais, cette fois, le suicide – avec d’autres causes psychiatriques – ressort comme la première cause de mortalité maternelle (17 %), devant les maladies cardiovasculaires (14 %).

« C’était la deuxième cause, ça devient la première : ce n’est pas une modification de tendance radicale mais une confirmation accrue du poids des suicides », a déclaré à l’AFP Catherine-Deneux Tharaux, directrice de recherche à l’Inserm. Sur les seuls 42 jours après la fin de la grossesse – période de référence pour les comparaisons internationales –, 197 décès sont survenus entre 2016 et 2018, causés d’abord par des maladies cardiovasculaires.

Les inégalités persistent

« Les deux premières causes de morts maternelles, suicides et maladies cardiovasculaires, sont extra-obstétricales, et leurs niveaux absolus augmentent un petit peu », note la spécialiste d’épidémiologie périnatale, invitant à « considérer la santé des femmes globalement ».

Depuis une dizaine d’années, les hémorragies obstétricales ne sont plus prépondérantes, « une bonne nouvelle », dit-elle. Réduite de moitié en 15 ans, la mortalité due à ces saignements excessifs pendant l’accouchement ou dans les 24 heures suivantes stagne désormais, dans le haut de la fourchette des pays européens.

Au-delà de 2018, « la mortalité maternelle va augmenter à cause de la pandémie de Covid, notamment car les femmes enceintes étaient plus à risque de formes graves » selon Catherine-Deneux Tharaux. Pour ces décès, de fortes inégalités, territoriales et socio-démographiques persistent. Le risque est ainsi multiplié par deux en Outremer, comparé à la métropole – l’écart était supérieur auparavant. Pour les femmes migrantes, la mortalité est en moyenne deux fois celle des natives de France. Et les femmes socialement vulnérables sont 1,5 fois plus représentées parmi les décès maternels.

L’âge augmente aussi le risque, « de façon marquée » après 35 ans. L’obésité également, avec deux fois plus de morts maternelles chez des femmes obèses. « Une amélioration est possible, car plus de la moitié des décès maternels sont considérés comme probablement ou possiblement évitables, et, dans deux tiers des cas, les soins dispensés n’ont pas été optimaux », souligne l’étude.

Prévention, dépistage, information

La prévention, le dépistage, une prise en charge coordonnée et multidisciplinaire restent recommandés, déclinés en 30 messages-clefs. Pour éviter des suicides, « les facteurs de risque, personnels et familiaux, de dépression périnatale doivent être connus des professionnels (…) et recherchés tout au long du suivi de la grossesse et du postpartum », soulignent les experts.

Outre l’implication de tous les soignants pour dépister des symptômes de troubles mentaux jusque dans l’année suivant l’accouchement, ils recommandent l’information des femmes enceintes, de leur entourage et du grand public sur la dépression périnatale. S’y ajoute la dépression post-partum, souligne la chercheuse, observant que « des femmes ressentent encore une forte culpabilité à éprouver de la tristesse, un manque de plaisir avec leur enfant, un sentiment de n’être pas une bonne mère, mais verbalisent peu ».

Dans le monde, une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement (jusqu’à 42 jours après), selon des estimations, en 2023, d’organismes des Nations unies. Il y a eu environ 287 000 décès maternels en 2020, principalement dans les régions les plus pauvres et celles touchées par des conflits. Principales causes : les hémorragies graves, l’hypertension artérielle, les infections liées à la grossesse, les complications d’avortements à risque, les affections susceptibles d’être aggravées par la grossesse (sida, paludisme…).

 

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