Santé

Thérapie de couple : Annie (54 ans) et François (57 ans), « On a toujours eu de grosses disputes, ça ne pouvait plus durer »

Annie, 54 ans, et François, 57 ans, sont en couple depuis plus de 30 ans. Ils ont eu ensemble deux enfants qui ont quitté depuis le nid familial. Ils attendent patiemment la retraite en rêvant des voyages qu’ils pourront enfin faire ensemble. Même si leur couple a vacillé il y a 4 ans, en plein confinement.

Annie a eu peur de son mari : « On a toujours eu de grosses disputes qui nous permettent de relâcher la pression et d’exprimer nos ressentis. On crie et puis tout sort et après ça va mieux. On se réconcilie toujours. C’est notre mode de fonctionnement même si je sais que ce n’est pas celui de tout le monde. Le confinement a exacerbé ça. On criait de plus en plus souvent, plus d’une fois par semaine. François était épuisé parce qu’il avait la pression à cause de son travail, moi je ne supportais pas l’enfermement. Il y avait beaucoup de frustration et on passait nos nerfs l’un sur l’autre. Heureusement, aucun de nos fils était à la maison à ce moment-là. Mais j’imagine que les voisins ont dû en avoir un peu marre. Un soir, on s’engueulait encore, et j’ai vu François lever sa main. J’ai complètement paniqué. J’ai cru qu’il allait me frapper. C’est là que j’ai décidé que ça ne pouvait plus durer. »

La peur qui s’installe

Annie se met à pleurer et supplie son mari de se calmer : « Ça l’a fait redescendre tout de suite parce que ce n’est pas une réaction que j’ai d’habitude. Je ne sais pas si il aurait fini par me frapper mais je ne voulais pas le savoir parce que ça allait signifier que c’était la fin de nous deux. Je n’aurais pas pu lui pardonner. Et j’aurais eu trop peur qu’il recommence. Pour moi, ce geste de lever la main, il était incroyablement violent en soi. Je lui en ai parlé tout de suite. Il a compris ma réaction et a avoué qu’il ne s’était plus maîtrisé. Mais que ça n’avait rien à voir avec moi. On a beaucoup parlé mais ça n’a pas suffi. Je n’avais pas le sentiment d’être tout à fait en sécurité. D’ailleurs, je ne parlais plus des problèmes et je cherchais à éviter les disputes. J’avais trop peur. »

Au déconfinement, Annie cherche un thérapeute pour qu’ils puissent parler de leurs problèmes : « J’ai compris assez vite qu’on aurait besoin d’aide. Je n’étais plus capable de vraiment parler avec lui. J’étais complètement fermée. Et je voyais qu’il en était frustré. Mais plus il parlait de ça et plus il s’énervait et plus je me fermais. Ce n’était pas possible de régler ça à deux. C’est une décision difficile à prendre parce que je pense qu’aller voir un psy ensemble ce n’est pas quelque chose que beaucoup de gens font. Ou alors ils n’en parlent pas. Et je me suis sentie un peu honteuse de prendre le rendez-vous. J’ai demandé à parler au psy au téléphone pour voir si il pouvait vraiment nous aider. Je ne savais pas si il n’allait pas nous rire au nez le jour du rendez-vous. Il a accepté un entretien téléphonique et j’ai expliqué notre situation. Il m’a rassuré. »

Apprendre à communiquer

François comprend pourquoi sa femme a eu peur de lui : « C’est quelque chose de se crier dessus surtout quand les deux le font et c’est autre chose d’être violent avec sa femme. Je tiens à préciser que je n’ai jamais eu l’intention de la frapper. Par contre, j’ai eu un geste de frustration qui l’a induite en erreur et je ne minimise pas ça. Elle a eu raison d’avoir peur et d’essayer de s’en protéger. Sur le coup, je n’ai pas compris.
Il y a eu une phase où j’étais frustré de ne pas pouvoir vraiment communiquer avec elle. Et puis j’ai fini par comprendre. Elle a eu raison de réagir comme elle a réagi. Je pense que c’est une réaction saine surtout quand on voit ce que les femmes subissent dans leurs relations. Mais j’étais content qu’elle propose qu’on essaye de faire quelque chose pour débloquer la situation. J’ai vraiment eu peur qu’elle me quitte pour ça. »

nos enfants ont grandi avec ça et que je ne m’étais jamais posé la question

Le thérapeute leur propose différents exercices pour reprendre la communication : « Il a estimé que nos disputes habituelles n’étaient pas si saines et surtout qu’elles pouvaient peser pour nos proches. Je dois avouer que nos enfants ont grandi avec ça et que je ne m’étais jamais posé la question. Mais on en a parlé après coup et ils ont expliqué que c’était quelque chose qui avait toujours été dur pour eux. C’est aussi ce qui décide à changer. Quand on réalise que notre comportement est un poids pour les autres et surtout pour les gens qu’on aime. Le psy nous a conseillé de prendre le temps pour redescendre en pression quand on sentait qu’on allait commencer à s’énerver. On devait compter, respirer et même parfois sortir de la pièce. Ça peut paraître bête mais ça nous a permis de débloquer pas mal de situations depuis.
On souffle un coup et on reprend la discussion, ça nous donne plus de recul sur les choses.

Je pense qu’on ne se rend pas compte qu’un couple c’est quelque chose qui se travaille

On a toujours réussi à se réconcilier mais on ne se faisait pas particulièrement de câlins ou de gestes de tendresse après. Il nous a conseillé d’essayer ça. Et c’est vrai que ça marche. On se parle aussi avant qu’il n’y ai vraiment un conflit lourd. On se parle plus régulièrement et on partage nos ressentis bien avant qu’on n’en puisse plus. C’est tous ces petits conseils, une bonne dizaine de rendez-vous au cabinet et du temps qui nous ont permis d’assainir notre relation et de la changer durablement. Je pense qu’on ne se rend pas compte qu’un couple c’est quelque chose qui se travaille et qu’on peut toujours changer et arranger les choses si on en a vraiment envie. Je suis heureux de dire qu’on a une meilleure relation maintenant qu’avant. » 

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