Santé

Sexualité : 10 vérités sur le plaisir féminin

1- On n’est pas obligée de tout aimer

Tout peut être vécu en amour à la seule condition que cela ne gêne ni soi ni l’autre.

Trop de femmes acceptent des pratiques sexuelles qu’elles ne désirent pas pour faire plaisir à leur compagnon. Mauvais calcul car source de blocage éventuel. Une femme qui pratique une fellation sans en avoir envie se trompe. C’est une donnée majeure de la sexualité épanouie : éprouver du plaisir pour soi dans la caresse qu’on adresse à l’autre est essentiel et majore le plaisir d’offrir cette caresse à l’autre. On peut essayer toutes sortes de caresses, de positions, avoir des préférences, rejeter ce qui ne plaît pas, affirmer des goûts, l’idée est de laisser virtuellement un champ des possibles. Si l’on se force, alors le geste accompli dans la contrainte (souvent celle qu’on s’impose à soi d’ailleurs) deviendra pesant, redouté, et on fermera ainsi définitivement la porte au plaisir potentiel.

2- …Et il n’est pas obligatoire

Il a suffi qu’on se préoccupe davantage du plaisir féminin à partir des années 70, que les femmes osent dire qu’elles avaient envie de jouir, pour qu’aussitôt le piège se referme.

D’une liberté acquise à une norme imposée, c’est souvent le cas en matière de sexualité, royaume de la norme s’il en est. Et pour cause, la sexualité est par essence subversive, incontrôlable, et la société a tôt fait de vouloir encadrer, normaliser les comportements amoureux même quand rien ne tombe sous le coup de la loi ! L’orgasme est devenu le nouveau terrorisme de la sexualité libérée. Un impératif qui pèse aussi lourd sur les femmes que l’exigence de virilité sur les hommes.

On peut dire tout le bien que l’on veut de l’orgasme, de ce formidable plaisir, à la fois rencontre avec soi et échappée libre, intimité majeure avec son partenaire, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas obligatoire à chaque rapport ni même forcément l’acmé du plaisir pour toutes. Pourquoi? Parce qu’il existe une gamme infinie de plaisirs et que chaque femme en joue, en profite de façon différente. Certaines éprouvent la plus grande des jouissances au coït avec orgasme, d’autres au coït sans orgasme, d’autres encore éprouvent une sensation d’épanouissement avec des caresses différentes. Se polariser sur l’orgasme est, de plus, la meilleure façon de ne pas en avoir : cela empêche le plus souvent d’apprécier la gamme infinie de sensations, alors même que diversifier sa sensibilité sans se focaliser sur un but précis vous conduit précisément au plaisir orgasmique. « Une femme, libérée de l’exigence de jouir, jouit « , résume Philippe Brenot. Excellente nouvelle.

3- Il n’y a qu’un seul orgasme féminin

En se référant à une idéologie simplement sous couvert de psychanalyse, il aura fallu du temps pour qu’enfin on reconnaisse une réalité simplement physiologique.

On aurait mieux fait de se préoccuper de l’étymologie du mot latin « clitoris  » qui signifie  » clef « ! Depuis Freud, on nous assène la distinction entre orgasme vaginal et clitoridien. Il y aurait un orgasme somme toute aristocratique, qui serait vaginal (selon la sacrosainte loi du primat du phallus censé seul faire jouir), et un orgasme clitoridien, infantile puisque indépendant de la pénétration. Rien n’est plus faux. Qu’on se le dise une fois pour toutes, l’orgasme profond, vaginal, n’est que l’amplification de l’orgasme, toujours d’origine clitoridienne.

« Ce mythe de l’orgasme vaginal « adulte » a fait beaucoup de mal, souligne Philippe Brenot. Il suffit parfois de dire cette vérité à une femme pour qu’elle se détende et revienne me voir une semaine plus tard en me disant: « C’est incroyable ce que j’ai ressenti.  » Car la conséquence de cet orgasme unique, c’est qu’on l’obtient comme on veut : orgasme masturbatoire, orgasme profond ou pas. Pas d’échelle de Richter en la matière. A chacune son plaisir et sa façon d’y accéder.

4- L’érection féminine existe

Un soupçon de provocation chez Philippe Brenot, qui affirme que les femmes, elles aussi, ont des érections.

Mais aussi la volonté pédagogique de décrire un phénomène méconnu parce que invisible : le chamboulement organique de la montée de l’excitation féminine. Pas vu mais bien pris ! Si l’homme éprouve et constate son érection, la femme, elle, n’a pas de cellules sensorielles pour percevoir les modifications physiologiques qui accompagnent le désir sexuel. Pourtant, le vagin se prépare lentement à la pénétration et à la jouissance. Pendant l’excitation, il devient souple, se relâche, une vascularisation intense se produit. De 7 à 8 centimètres, sa taille habituelle, il va pouvoir doubler de longueur et de volume, et ainsi accueillir le sexe masculin, quelle que soit sa taille. Seul problème, la synchronisation entre l’homme et la femme: l’homme met peu de temps à bander, la femme a davantage besoin de temps pour réaliser son « érection ». A cela s’ajoute une méprise fréquente : la lubrification vaginale serait le signe que la femme est prête à l’accouplement.

 » L’accord humide n’a aucune importance « , souligne joliment le sexologue. Il faut laisser le temps au vagin de se préparer, de se chauffer (la température « locale  » augmente réellement) pour donner toutes ses chances à la jouissance. Autrement dit, plus les deux partenaires seront en accord de  » timing  » avant l’accouplement, plus la promesse de jouissance sera grande.

5- Lâcher prise est essentiel

Se concentrer sur ses sensations et dans le même temps s’abandonner : la contradiction n’est qu’apparente.

Dans sa quête de jouissance, la femme se préoccupe de son ressenti, s’occupe (enfin?) d’elle, mais, dans le même temps, il va lui falloir lâcher prise face à son partenaire. Pour que rien ne vienne bloquer l’accès au plaisir. Philippe Brenot :  » Les femmes doivent se dire J’accepte que cet homme-là m’excite, j’accepte moi d’être excitée et j’accepte tout ce qui vient de lui.  » Plus facile à dire qu’à faire, cela sous-entend de s’abandonner sans retenue à son partenaire. Or, très souvent, et c’est valable pour les hommes également, les couples restent sur la défensive, soit que des tabous persistent, soit que l’on résiste à vraiment se donner, comme si on courait un risque. La crainte d’apparaître tel que l’on est reste tenace alors que c’est justement l’état de confiance, l’absence de peur, l’accueil de ce qui arrive sans émotions négatives qui préparent la montée de la jouissance. Comme une liberté qu’on s’accorde et qu’on accorde à l’autre.

6- La femme (aussi) a besoin d’être excitée

Ça paraît évident, ça ne l’est pas.

La vision romantique du désir amoureux, comme seul garant du plaisir, est souvent culturellement rattachée aux femmes, mais laisse peu de place aux réalités de la jouissance. C’est un fait : pour jouir, il faut être excité. On le reconnaît facilement pour l’homme sans que cela choque, moins chez la femme comme si, « plus sentimentale », elle n’avait besoin que de son désir amoureux pour jouir. Le désir est nécessaire certes, mais ne suffit pas. « La femme a autant besoin d’érotisme que l’homme », affirme Philippe Brenot. Etre à l’écoute de ses cinq sens, les apprécier, laisser monter l’excitation que procurent les caresses, autant d’ingrédients de volupté qui permettent d’accéder au plaisir. C’est un véritable apprentissage qu’une femme peut réaliser dans sa vie grâce à un partenaire expérimenté, des lectures érotiques, et surtout en se mettant à l’écoute de sa sensorialité: quelles sont les caresses qui me plaisent, quels sont les mots, les pensées qui aiguisent mon désir ? Quant aux fantasmes, si l’on en a, surtout il ne faut pas les brider. Mais, au contraire, se les autoriser : ils participent à l’excitation, et qu’importe s’ils sont hard, c’est d’imaginaire qu’il s’agit, pas de passage à l’acte.

7- La masturbation est la voie du plaisir à deux

« Il est beau, bien, bon, agréable, convenable, simple, excellent, louable, méritoire, utile, habituel, stimulant, excitant, troublant, grisant, juste, bien-séant, naturel » de se masturber.

Philippe Brenot, dans son livre, n’a pas assez d’adjectifs pour vanter cette activité solitaire. Il semble; mais on peut douter de la sincérité des réponses à ce type de questionnaire; qu’une femme sur deux ne se soit jamais masturbée. Le temps où l’on pensait que cette pratique rendait sourd est révolu, mais persiste encore l’ignorance du lien bénéfique entre auto-érotisme et sexualité épanouie à deux. Comme si se faire plaisir toute seule était un manquement à l’autre, un plaisir bassement égoïste, donc inutile. Faux! Savoir se procurer du plaisir, bien connaître les réactions de son corps et comment on parvient à la jouissance sont les garants du plaisir partagé. Un égoïsme de bon aloi est la plus sûre voie vers l’autre, à qui l’on n’assigne pas la responsabilité de vous faire jouir (par enchantement?). Il est essentiel d’être capable de s’exciter toute seule, de faire l’apprentissage de ses réactions sexuelles avant de pouvoir les vivre avec son partenaire, un partenaire à qui l’on pourra dire : « Touche-moi comme je me touche ». De l’auto-érotisme à l’érotisme partagé, le passage est fécond.

8- Connaître son corps, un pas vers la volupté

« La femme a des sexes partout », disait l’écrivain Luce Irigaray.

Les sources du plaisir féminin sont nombreuses. Le corps possède des régions sensorielles qui transmettent au cerveau des messages de plaisir. Chez l’homme, la zone « gâchette » du plaisir se limite souvent au gland du pénis alors que la femme multiplie les corpuscules de volupté : l’appareil génital mais aussi les seins, les régions avoisinantes et souvent même l’ensemble du corps. Les hommes l’ignorent puisque tel n’est pas leur cas. Quand ils caressent une femme, c’est en quelque sorte par altruisme, puisqu’ils donnent du plaisir d’une manière qui, eux, les laisse froids. Même s’ils ne sont bien évidemment pas indifférents au plaisir qu’ils donnent à leur partenaire. Il s’agit pour la femme de prendre conscience de la sensibilité de son corps. Ne dit-on pas justement qu’on a un homme « dans la peau » ? Juste expression qui traduit la forte implication du corps tout entier. Un corps qui doit se laisser explorer par les caresses pour découvrir sa propre Carte du Tendre et apprivoiser ses réactions émotionnelles et sensuelles.

9- Être active en amour, c’est participer à son propre plaisir

Un nouvel éclairage projeté sur le fameux continent noir, c’est ce que propose le sexologue Philippe Brenot dans son livre « Le Sexe et l’Amour »*. S’appuyant en particulier sur son expérience clinique, il donne une lecture du plaisir féminin qui balaye beaucoup d’idées reçues. Voici dix vérités bonnes à dire qui devraient permettre aux femmes de « déculpabiliser les gestes les plus simples de la vie intime » et de booster leur plaisir. Pas de recherche de performance, mais une invitation à vivre sa sexualité, son univers amoureux et érotique de la façon la plus personnelle et la plus intense possible.

Le plaisir dépend de soi. Formule lapidaire et paradoxale, puisque faire l’amour suppose d’être deux à échanger du plaisir. Mais l’échange ne peut se faire qu’en se concentrant d’abord sur ses propres sensations et en confiant à l’autre son ressenti. Etre active, c’est parler à son partenaire, lui dire ce qu’on aime ou pas, le guider, mais aussi oser exprimer ses sensations par la voix et, pourquoi pas, par des cris, des râles. Enoncer franchement son désir: « J’ai envie de faire l’amour »,  » Viens maintenant « , etc.

« Les bons amants, observe Philippe Brenot, se parlent, commentent leur excitation, se donnent des informations. Trop de couples fonctionnent avec une sexualité stéréotypée où chacun calque son comportement sur celui de l’autre, faute de créativité et surtout parce qu’ils ignorent qu’ils n’ont pas la même approche du plaisir.  » Schématiquement, l’homme est mono orgasmique, la femme multi ; lui n’aime pas trop les préliminaires, elle si ; lui est rapide à jouir, elle plus lente. Pour que cela marche, mieux vaut que la femme n’attende pas tout de son partenaire, qui n’a pas l’intuition miracle de ce qu’elle aime. A elle de le lui faire découvrir, d’être davantage exigeante avec elle-même plutôt que vis-à-vis de son compagnon. Inutile d’attendre le baiser du prince charmant, mieux vaut être partie prenante du jeu amoureux en cultivant une autonomie psychologique et érotique.

10- Plus on jouit, plus on jouit

Les sensations de plaisir intense augmentent au cours du rapport sexuel. C’est que la région génitale est embrasée et la sensibilité du corps tout entier s’exacerbe. Certaines femmes vont éprouver du plaisir par la stimulation de parties du corps autres que la région génitale précisément. Cette possibilité de jouissance infinie est bien sûr tributaire de circonstances particulièrement favorables : se sentir amoureuse, sentir l’autre aimant et participant, dans un moment propice. Le plaisir féminin n’est pas capricieux, il ne demande qu’à s’épanouir pour peu que les conditions s’y prêtent. C’est dire si, dans un couple, le contexte amoureux est fondamental, et se cultive surtout après la phase passionnelle du début de la rencontre. Désir, excitation et amour sont les partenaires associés du bonheur sexuel, une association à cultiver.

* « Le sexe et l’amour » de Philippe Brenot, psychiatre, anthropologie et directeur d’enseignement en sexologie à l’université Paris-V.

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