Santé

L’insuline bientôt disponible par voie orale ?

Les injections d’insuline pourraient bientôt être un souvenir lointain pour les patients atteints de diabète. Des chercheurs de l’Université de Sydney ont élaboré un nouveau mode d’administration de l’insuline. Les résultats de leurs travaux ont été publiés en janvier 2024 dans la revue Nature Nanotechnology (source 1).

Alors qu’aujourd’hui l’insuline est uniquement disponible en injection, les chercheurs sont parvenus à l’intégrer dans une gélule. Un défi majeur qu’ils ont réussi à relever. En effet, il était impossible jusque-là de prendre de l’insuline par voie orale : celle-ci était alors décomposée dans l’estomac et n’arrivait donc pas à bon port. « Nous avons créé un revêtement qui empêche l’insuline d’être dégradée par l’acide gastrique et les enzymes digestives lors de son passage dans le système digestif, la protégeant ainsi jusqu’à ce qu’elle atteigne sa destination, à savoir le foie », a expliqué dans un communiqué le professeur Peter McCourt, biologiste spécialiste du foie et un des auteurs de l’étude (source 2). L’enrobage de l’insuline est ensuite décomposé par des enzymes dans le foie, mais uniquement lorsque la glycémie est élevée. L’insuline est alors libérée et peut être délivrée là où le corps en a besoin. « Cela signifie que lorsque la glycémie est élevée, il y a une libération rapide d’insuline et, plus important encore, lorsque la glycémie est basse, il n’y a pas de libération d’insuline », explique dans le communiqué Nicholas J. Hunt, de l’Université de Sydney, qui dirige le projet.

Moins d’effets secondaires

Cette diffusion précise permet d’éviter des effets indésirables. « Cette façon de prendre de l’insuline permet de délivrer rapidement l’insuline dans les zones du corps qui en ont le plus besoin. Lorsque vous prenez de l’insuline avec une seringue, elle se répand dans tout le corps et peut provoquer des effets secondaires indésirables », a précisé le Pr McCourt. Parmi ces effets secondaires : l’hypoglycémie. Cette baisse potentiellement dangereuse du taux de sucre dans le sang serait moins fréquente avec ce traitement, testé pour l’instant uniquement sur des animaux.

Les essais de phase I, sur l’Homme, doivent commencer dès 2025. « Au cours de la phase I, nous étudierons la sécurité de l’insuline orale et l’incidence de l’hypoglycémie chez des patients en bonne santé et des patients diabétiques de type 1 », a précisé le Nicholas J. Hunt. Avant de continuer : « Notre équipe est très impatiente de voir si nous pouvons reproduire chez l’homme les résultats d’absence d’hypoglycémie observés chez les babouins, car ce serait un grand pas en avant. Les expériences répondent à des exigences de qualité strictes et doivent être menées en collaboration avec des médecins afin de garantir leur innocuité pour les sujets testés. À l’issue de cette phase I, nous saurons que ce médicament est sans danger pour l’homme ».

L’insulinothérapie est nécessaire pour l’ensemble des patients atteints d’un diabète de type 1, qui représentent environ 10 % des diabétiques, ainsi que pour certains patients atteints d’un diabète de type 2. En France, au total plus de 3,5 millions de personnes sont traitées pour un diabète (source 3). Dans le monde, environ 75 millions de personnes doivent s’injecter de l’insuline chaque jour, d’où l’importance de trouver une alternative.

En vidéo : Les médicaments antidiabétiques augmentent-ils le risque d’hypoglycémie ?

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