Santé

Mon ado veut se faire tatouer, comment réagir ?

Si le tatouage s’ancre progressivement dans les mœurs, il n’est pas toujours évident, en tant que parent, d’accueillir la nouvelle lubie de son adolescent·e. Selon Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne spécialisée dans le domaine de l’enfance, de l’adolescence et de la famille, trois facteurs déclencheurs peuvent encourager un·e ado à vouloir se faire tatouer. D’un point de vue psychologique, en cette période de puberté, le premier facteur concerne l’identité corporelle, le fait de vouloir marquer son identité. « Qui suis-je ? Qu’est-ce que je représente ? », précise l’experte. À cet âge-là, il y a aussi la question de l’appartenance à un groupe de pairs. « Ce tatouage peut signifier que l’on fait partie de tel groupe d’ados », souligne la spécialiste. Enfin, la question de l’influence peut également conduire à ce projet de tatouage. « Tous ces grands personnages célèbres dans le milieu du sport, de la musique, de la mode où le tatouage est devenu quelque chose d’assez commun, qui peuvent être admirés par les ados, créent un phénomène d’identification assez fort. » 

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Comment se positionner en tant que parents ?

Selon le Code de la santé publique, un tatoueur ne peut pratiquer cette prestation sur un mineur sans le consentement par écrit d’une personne chargée de l’autorité parentale, qu’il s’agisse du parent ou autre tuteur légal. Face à une telle demande de la part de leur progéniture, bon nombre de parents ont tendance à adopter un « mécanisme défensif », rapporte Aline Nativel Id Hammou. Parce que le corps est précieux, et que le tatouage est une marque à vie. « Il y a cette image de modification corporelle. Les parents se demandent pourquoi leur enfant souhaite changer ce corps qui est si bien comme il est, ou comme eux l’ont fabriqué, en quelque sorte. Cette idée-là peut être très inconsciente ou semi-consciente », observe la psychologue. Alors, comment réagir en tant que parents ? 

Si votre fille ou votre fils envisage de se faire tatouer, Aline Nativel Id Hammou recommande d’échanger en toute transparence « sur différents temps ». Qu’est-ce que ce tatouage représente pour lui ? Qu’est-ce que cela signifie ? S’agit-il d’un besoin en rapport avec sa quête d’identité ? Voici toute une palette de questions à aborder avec son enfant. Aussi, le motif et la partie du corps à tatouer ne sont pas anodins. « Il faut expliquer à son enfant que, bien que son corps lui appartienne, vous pouvez y réfléchir ensemble, que sa décision doit cheminer, et que vous êtes là, en tant que parent, pour l’accompagner dans la projection », conseille l’experte. Si votre ado souhaite se faire tatouer un papillon ou un personnage de manga sur la cuisse à 15 ans, sera-t-il toujours en phase avec ce choix-là à l’âge adulte ? Comment envisage-t-il ce projet dans les années à venir ? Ce dessin lui correspondra-t-il toujours dans cinq ou dix ans ? Tient-il vraiment à ce motif-là ou y a-t-il des variables possibles ? Ces questions-là peuvent, elles aussi, lui être posées, pour mûrir le projet.

Vaut-il mieux attendre la majorité de son ado pour l’autoriser à se faire tatouer ?

Si la barrière des 18 ans représente le fameux passage à la majorité, les psychologues s’appuient sur un autre curseur : celui de la personnalité de l’adolescent·e, de la maturité affective et cognitive. « On sait pertinemment que si son ado rentre à la maison avec un tatouage énorme à 18 ans, parce qu’on lui a dit d’attendre la majorité, il peut toujours y avoir un ressenti un peu particulier, un sentiment de culpabilité, des remords, des regrets ou de la honte », souligne Aline Nativel Id Hammou. « Lui dire d’attendre ses 18 ans, c’est une façon d’éviter le sujet. Malheureusement, la plupart du temps, cela va créer des troubles relationnels. De plus, l’ado risque de se faire tatouer derrière le dos des parents, provoquant un climat de perte de confiance des deux côtés de la relation. »

Comment gagner en sérénité face à une telle décision ?

« Le compromis avec les ados, c’est ce qui fonctionne le mieux, souligne Aline Nativel Id Hammou. En tant que parents, il faut aussi accepter que son enfant grandisse. Le fait de vouloir se faire tatouer, c’est aussi le signe d’une réflexion sur son corps, sur qui il veut être, ce n’est pas forcément négatif. » Néanmoins, la communication reste le maître-mot. Ainsi, exprimer ses peurs à son enfant peut être constructif. « Il pourra vous aider à relativiser, et vous expliquer l’importance de ce tatouage », ajoute la psychologue. À l’inverse, il faut éviter de dire oui ou de signer un mot trop rapidement, sans prendre le temps d’être dans le cheminement. L’important, c’est d’avancer pas à pas, et qu’il vous inclus à ce projet.

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