Santé

Paul (32 ans) et Zaïna (28 ans) : « J’avais peur de reproduire le divorce de mes parents »

Paul, jeune cadre de 32 ans, et Zaïna, infirmière de 28 ans, sont en couple depuis quatre ans. Ils ont vécu ensemble les confinements, dans l’appartement de Paul, qui a été un conjoint supportif au moment où sa compagne allait plusieurs fois par semaine travailler à l’hôpital. Après cet épisode, les amoureux ont décidé de suivre une thérapie de couple. 

Paul a exprimé le besoin de suivre une thérapie de couple dès que les choses se sont calmées :« Après mes 6 ans, mes parents ont divorcé. Ma mère reprochait à mon père de trop travailler et leur séparation a été assez violente. Ils ne se supportaient et se faisaient beaucoup de reproches. Je me suis retrouvé au milieu de cette guerre entre eux et j’en ai beaucoup souffert. J’ai demandé à Zaïna de suivre une thérapie de couple avec moi pour ne pas reproduire ce schéma. Je commençais à sentir que j’en voulais à Zaïna de travailler autant et de se mettre en danger. J’avais l’impression de me transformer en ma mère et je ne voulais pas du tout qu’on se quitte. Je me suis dit que ce serait une bonne idée de crever l’abcès et d’essayer de dépasser ça, ce mix entre ma peur du virus et la santé de Zaïna et cette peur enfantine du divorce de mes parents. »

Il choisit leur thérapeute sur Doctolib : « J’ai choisi un psychologue parmi ceux qui étaient disponibles le plus vite possible et qui ne faisaient pas de consultations en ligne. On n’imagine pas à quel point les psy sont tous allés se retrancher à la campagne pendant la pandémie. Je pense que j’ai choisi parmi trois noms alors qu’on habite quand même dans une grande ville. J’ai cherché les avis en ligne d’anciens patients pour voir si j’avais fait le bon choix. Ça m’a permis d’y aller en toute confiance. Zaïna, elle, était d’accord pour que je prenne ça en main, vu que c’est moi qui en avais le plus besoin. »

Sentiments dévoilés, sentiments retrouvés

Verbaliser ses peurs et se montrer vulnérable devant sa compagne, a changé la façon dont Paul voyait leur relation : « Pendant toute la pandémie, j’essayais de ne pas craquer et de ne pas stresser Zaïna plus que ce qu’elle vivait déjà au travail. Je voulais être son roc, la personne qui lui permettait de se sentir bien et de respirer. Mais moi, au fond j’étais mort de trouille. J’ai même eu une phase de colère, où je lui en ai voulu de se mettre en danger pour les autres plutôt que d’essayer de me protéger moi. Tout ça, je ne lui en avais pas parlé. Devant le psy, j’ai osé. J’ai parlé de ça et aussi de mon enfance, ce que je n’avais pas fait non plus. Ça la foutait un peu mal, un adulte qui est encore en train de digérer le divorce de ses parents, plus de 20 ans plus tard. Mais je crois que c’est parce que j’ai fait l’effort de me montrer vulnérable que j’ai vraiment donné une chance à notre relation de continuer sur des bases saines. »

À cette époque, mon travail était quelque chose qui passait devant tout le reste

Pendant la pandémie, Zaïna avoue ne pas avoir pensé à son couple : « J’étais en mode survie, pilote automatique. Alors, oui, je n’ai pas cherché à protéger Paul ou à écouter ce qu’il pouvait ressentir. Il cachait bien son jeu, aussi. Mais je pense que j’aurais pu me douter qu’il n’était pas très à l’aise avec tout ça. Mais, à cette époque, mon travail était quelque chose qui passait devant tout le reste. C’était une période compliquée, spéciale aussi. C’était le moment ou jamais de faire la différence, de faire son maximum. Je rentrais chez moi et j’avais juste envie d’avoir un truc chaud à manger et d’avoir des câlins. Certains moments, je n’avais même plus la force de parler ou de regarder un truc. Je voulais juste ne rien faire et me sentir bien. C’est assez toxique pour un couple de se reposer comme ça sur l’autre. »

Quand Paul propose la thérapie de couple, Zaïna se demande si ce n’est pas la fin de leur histoire : « C’est débile parce que c’est le contraire de la fin, quand on essaye de faire quelque chose pour que ça marche encore. Mais dans ma tête thérapie de couple ça voulait dire séparation. Peut-être parce que dans les films et les séries, les gens ne font que pleurer et se crier dessus pendant ces séances. Je ne dis pas que nous, on n’a pas pleuré, mais c’était toujours très beau et positif. À la fin de ces séances, j’avais envie de le prendre dans mes bras, qu’on se retrouve physiquement tous les deux. Ça vraiment été une bonne décision pour notre couple. »

Cette thérapie ensemble, ça a été un de ses plus beaux cadeaux. 

Depuis, les amoureux gardent en tête que la thérapie est une aide à envisager quand la communication entre eux fait défaut : « On a passé quatre mois en thérapie de couple à raison d’un rendez-vous toutes les deux semaines. Quand on a arrêté, on s’est promis d’y retourner s’il y avait un problème et que si l’un de nous deux le proposait, il fallait le prendre au sérieux. On n’a pas eu l’occasion encore, mais ça arrivera peut-être un jour. Je suis encore infirmière, donc j’ai un travail très prenant. Ça nous arrive d’en parler, plus souvent qu’avant. Et si je dois vivre de nouveau une situation stressante, je crois que je suis plus capable de partager ça avec lui. Maintenant, je prends ça comme une preuve d’amour et je suis heureuse qu’il ai eu l’envie et le courage de partager quelque chose d’aussi intime Cette thérapie ensemble, ça a été un de ses plus beaux cadeaux. »

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