Santé

Ménopause : ces symptômes dont elles n’avaient jamais entendu parler

« J’ai tenté de me renseigner sur la cause de mes symptômes, mais les médecins ignoraient d’où ça venait. » Trop peu évoquée dans l’espace public, les médias, les cabinets médicaux et les conversations privées, la ménopause semble être le dernier tabou féminin. Si bien que certaines douleurs, ou autres signes annonciateurs de cette période charnière dans la vie d’une femme, sont passés sous silence et méconnus par bon nombre de patientes.

Pourtant, cette phase naturelle qui correspond à l’arrêt du fonctionnement ovarien et à la disparition des règles, associée à une carence hormonale, concerne 14 millions de femmes en France. 87% d’entre elles présentent au moins un symptôme en plus de l’arrêt des menstruations, et 20 à 25% souffrent de troubles sévères qui affectent leur qualité de vie, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)

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« Mes vertiges ressemblaient à une bonne gueule de bois » 

Barbara, 51 ans, ne savait pas tellement à quoi s’attendre avant d’être elle-même confrontée à la périménopause – la période qui précède la fin des règles sur une durée de deux à quatre ans, et qui s’accompagne généralement d’irrégularités des cycles menstruels et de fluctuations hormonales.

« J’avais vaguement entendu parler des bouffées de chaleur que l’on peut ressentir, et tout un tas de blagues sur le sujet : « Eh bien mamie, t’as tes vapeurs ? » », déplore-t-elle. Ces troubles vasomoteurs provoqués par la diminution des œstrogènes, qui font parfois l’objet de remarques déplacées, misogynes et âgistes, existent bel et bien. On parle aussi de sécheresse vaginale, d’insomnies ou encore de sautes d’humeur. Mais d’autres symptômes, plus rares ou moins connus, peuvent également apparaître. « Un matin de décembre 2021, je me suis réveillée avec des vertiges, qui ressemblaient à une bonne gueule de bois, raconte Barbara. À chaque mouvement de tête, j’avais l’impression que mon cerveau se remettait en place avec un décalage. » 

S’en sont suivis des va-et-vient chez les médecins, avant de mettre le doigt sur la cause de ces symptômes. « Ma généraliste m’a donné des médicaments, sans succès. Puis, j’ai enchaîné les rendez-vous chez l’ORL et le kinésithérapeute pour suivre un programme de rééducation vestibulaire. En vain. » Finalement, après deux semaines d’inquiétude, la journaliste a trouvé des réponses à ses questions au sein de son cercle familial. « Un jour, ma belle-sœur a évoqué la ménopause. J’en ai ri au début, avant de jeter un œil sur Internet. Bingo ! Un lien entre vertige et ménopause semblait avéré », se souvient-elle. Barbara s’est de nouveau tournée vers son ORL et son kiné. Tous les deux lui ont alors confirmé qu’il s’agissait d’une « piste envisageable ». 

Mettre des mots sur ces vertiges l’a beaucoup rassurée. Néanmoins, l’intensité des symptômes a particulièrement affecté sa vie quotidienne et professionnelle. « Il était impossible pour moi d’aller travailler, je suis donc restée en télétravail pendant un mois. À la maison, la pièce vacillait à chaque fois que je me retournais dans mon lit, et j’avais des nausées quand je marchais. Je ne pouvais plus bouger. » 

« Je ne m’attendais pas à décrépir à ce point-là » 

Aurélie, 54 ans, n’a plus de règles depuis deux ans. Avant la ménopause, cette mère de deux filles et deux garçons ne s’était jamais vraiment penchée sur le sujet. « La seule chose qui aurait pu m’inquiéter à l’époque, c’était le fait de ne plus pouvoir avoir d’enfant. Mais j’avais construit ma famille, et la question ne se posait plus, explique-t-elle. En revanche, je n’avais jamais entendu parler de tous les symptômes liés à la ménopause. Je ne savais pas que l’on pouvait décrépir à ce point-là. » 

« Je suis passée d’un bonnet C à un bonnet E » 

Les bouleversements hormonaux ont provoqué des changements corporels auxquels elle ne s’attendait pas. « Mes seins ont pris deux tailles de soutien-gorge ; soudainement, je suis passée d’un bonnet C à un bonnet E, confie-t-elle. Moi qui suis plutôt sportive, et qui n’ai jamais eu de cellulite, je remarque que l’aspect de ma peau a changé au niveau des bras, des genoux et des cuisses. Tout s’est affiné et ramolli ! » 

Par ailleurs, Aurélie observe une baisse d’énergie, qui pèse sur son quotidien. « Je fais toujours autant de choses qu’avant, mais je suis épuisée à la fin de la journée. Résultat, je tire sur le physique et cela m’affecte mentalement. Alors, j’essaie de m’écouter, mais ce n’est pas facile, car je suis quelqu’un de très dynamique ! » 

15% des femmes bénéficient d’un traitement efficace

Une nouvelle étude, publiée le 6 septembre 2023 dans la revue « Cell », tire la sonnette d’alarme sur la prise en charge des femmes ménopausées. Selon l’équipe de chercheurs australiens, américains et italiens, seulement 15% des femmes présentant des symptômes liés à la ménopause reçoivent un traitement efficace. « Le problème, c’est que certains professionnels de santé restent figés sur des traitements qui ne sont plus d’actualité », estime Barbara. Après être passée par la médecine dite « classique », qui lui a prescrit des hormones, elle s’est tournée vers la phytothérapie pour apaiser ses bouffées de chaleur avec de la tisane et des bourgeons de plantes. « Concernant les vertiges, pas le choix : il faut faire de la kiné vestibulaire pour remettre en place les cristaux de l’oreille interne », explique-t-elle. De son côté, Aurélie refuse de prendre des hormones. « Mon gynécologue a proposé de m’en prescrire, mais je n’ai pas suffisamment de symptômes pour en prendre », estime-t-elle. 

Pour autant, la mère de famille compte bien briser l’omerta autour de la ménopause, auprès de ses filles, âgées de 15 et 28 ans. « Je n’ai pas eu la chance de pouvoir en parler avec ma propre maman, qui appartient à une autre génération. En revanche, je tiens à en parler avec mes propres enfants. Que ce soit la ménopause, l’accouchement, la maternité… » Barbara abonde dans son sens : « C’est hyper important de parler de toutes les conséquences possibles. Il faut arrêter de réduire la ménopause aux simples bouffées de chaleurs et aux sautes d’humeur ! » 

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