Santé

Peut-on avoir un orgasme sans pénétration ?

Contrairement à ce qu’on voudrait bien nous faire croire, seules 18 % des femmes atteignent l’orgasme lors de rapports sexuels avec pénétration (source 1). En effet, pour les femmes, comme pour les hommes, il existe bien d’autres manières de grimper au rideau ! La stimulation du gland du clitoris ou du pénis est souvent mise en avant, mais de nombreuses alternatives permettent à chacun et chacune d’explorer son plaisir selon ses préférences. Conseils de Pauline Schillaci, infirmière diplômée d’Etat, sexologue clinicienne dans l’Oise et membre du Syndicat national des sexologues cliniciens (SNSC)

La sexualité sans pénétration est une sexualité comme les autres !

Le sexe sans pénétration est encore trop souvent associé à l’idée d’un blocage psychologique ou anatomique. En réalité, il se prête bel et bien aux personnes souffrant par exemple de vaginisme ou de dysfonction érectile, mais il intéresse aussi de nombreuses autres personnes en quête de nouvelles expériences sexuelles. Pour cause ? L’idée d’être pénétré(e) par un pénis, un sextoy ou même un doigt peut parfois s’avérer ennuyeuse, stressante ou tout simplement inadéquate

Heureusement, l’orgasme sans pénétration existe bel et bien : « Quel que soit notre sexe, notre identité de genre ou notre orientation sexuelle, il est tout à fait possibled’avoir une relation sexuelle sans pénétration et d’atteindre l’orgasme en couple ou en solo, confirme Pauline Schillaci. Pour la plupart des femmes, la simple stimulation du clitoris s’avère souvent très efficace pour atteindre l’orgasme », note-t-elle. Mais il existe bien d’autres techniques, aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

Spoiler alert : certaines pratiques que l’on a longtemps catégorisées comme « préliminaires » peuvent en fait être une fin en soi vers le plaisir et la jouissance ! 

Baisers, caresses, massages… S’attarder sur les zones érogènes

Les baisers appuyés, les caresses sensuelles et les massages érotiques sont d’excellents moyens de stimuler nos zones érogènes. De quoi s’agit-il exactement ? Simplement de parties du corps plus ou moins sensibles à la stimulation sexuelle. Par définition, elles peuvent varier d’une personne à l’autre. On connaît généralement le clitoris, la vulve et le vagin chez la femme ; le gland, la verge et les testicules chez les hommes. Mais bien d’autres zones peuvent aussi être considérées comme érogènes : les fesses, les seins (plus particulièrement les tétons), la nuque, le lobe de l’oreille, l’aine, l’intérieur des cuisses, les lèvres, etc. 

Les baisers peuvent être doux et tendres ou plus passionnés et intenses, selon les préférences de chacun(e). De même pour les caresses, qui peuvent être réalisées avec les mains, les doigts, ou même avec des plumes ou tout autre objet sensuel. Les massages, eux, peuvent prendre la forme d’effleurements légers et irréguliers ou d’une séance de pétrissage plus énergique. Ils peuvent être complets ou se concentrer sur des zones spécifiques du corps, comme le dos, les épaules, les pieds, etc. N’hésitez pas à utiliser certaines huiles végétales aphrodisiaques

Au risque de nous répéter : la communication ouverte et le respect mutuel des limites de chacun(e) sont indispensables pour renforcer l’intimité et la connexion entre les partenaires.  

Masturber manuellement le pénis ou le clitoris pour atteindre l’orgasme

On ne la présente plus, la masturbation est bien souvent une technique infaillible pour grimper au rideau. Rappelons qu’il s’agit d’une pratique sexuelle tout à fait saine qui peut être pratiquée en solo ou en duo (masturbation mutuelle), que l’on soit célibataire ou en couple. Elle nécessite des doigts, un sextoy vibrant ou aspirant ou tout autre objet, comme un oreiller ou un pommeau de douche. 

Au risque de vous surprendre, elle permet d’éprouver du plaisir, mais a aussi de nombreux avantages pour notre santé physique et psychique : elle permet de libérer de nombreuses hormones, notamment des endorphines, qui contribuent à réduire le stress et à améliorer l’humeur. Elle favorise également la relaxation et aide certaines personnes à mieux dormir. Chacun(e) est libre de la pratiquer, ou non. La fréquence et les techniques dépendent des préférences individuelles. 

Connaissez-vous la méthode Kunyaza, pour faire jouir une femme sans pénétration ?

La méthode Kunyaza gagne à être connue. Cette technique, née d’une légende rwandaise, consiste à ce qu’un homme stimule le clitoris de sa partenaire en le tapotant avec le gland de son pénis. Objectif ? Favoriser l’orgasme et l’éjaculation féminine sans pénétration vaginale ou anale. En théorie, elle stimule principalement le plaisir de la femme, mais elle peut aussi satisfaire l’homme qui se trouve en posture dominante. Les amants sont libres de se mouvoir, de se caresser et de se frotter l’un à l’autre pour faire grimper leur excitation en flèche. 

Pour la petite histoire, la légende à l’origine de cette technique est liée à celle du lac Kivu, situé à la frontière entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Une reine locale, frustrée par l’absence de son mari aurait sollicité un rapport sexuel avec un garde royal. Par peur des représailles, ce dernier ne serait pas parvenu à la pénétrer. Néanmoins, la vibration de son pénis contre le clitoris de la reine aurait procuré tellement de plaisir à celle-ci qu’elle aurait éjaculé et donné naissance au lac Kivu.

Le hotdogging, idéal pour le plaisir de ces messieurs

Comme son nom l’indique, cette pratique reprend la métaphore du hot-dog : elle consiste à ce que Monsieur glisse son pénis entre les fesses de sa ou son partenaire, sans pour autant le ou la pénétrer. Il effectue ensuite des mouvements de va-et-vient plus ou moins rapide jusqu’à qu’il atteigne l’orgasme et / ou l’éjaculation. À priori, elle stimule plutôt le plaisir de Monsieur, mais elle peut aussi exciter son ou sa partenaire, étant donné que les fesses peuvent être une zone érogène à part entière. 

Fellation, cunninlingus… Faire l’amour jusqu’à l’orgasme grâce au sexe oral

Le sexe oral, qu’il s’agisse d’une fellation (stimulation orale du pénis) ou d’un cunnilingus (stimulation orale du clitoris et de la vulve), est souvent considéré comme une composante indispensable des préliminaires. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? En réalité, le sexe oral peut tout à fait être au cœur de votre rapport sexuel. Il peut mener très rapidement – et intensément à l’orgasme, mais aussi renforcer l’intimité entre les partenaires. Toutefois, il doit toujours être pratiqué de manière consensuelle. Si quelque chose vous déplaît ou vous incommode, n’hésitez pas à tout stopper. Par ailleurs, prenez vos précautions pour prévenir les infections sexuellement transmissibles (utilisez des préservatifs ou des digues dentaires). 

Méthode Karezza : la puissance du peau à peau, pour un rapport explosif

Vous n’avez jamais entendu parler de la méthode Karezza ? Ne vous inquiétez pas, nous non plus. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette technique consiste à ce que les amant(e)s se blottissent peau à peau et se caressent pendant de longues minutes. Ils peuvent s’installer face à face ou en position de la cuillère. Quoi qu’il advienne, ils doivent faire preuve de self control et réfréner leur désir le plus longtemps possible avant de succomber au désir. Et parfois, celui-ci pointe le bout de son nez plus vite que prévu… 

Vous l’aurez compris, elle repose sur le principe de la réduction de l’excitation sexuelle pour favoriser une connexion émotionnelle et spirituelle plus profonde entre les partenaires. Le terme « Karezza » vient d’ailleurs de l’italien « carezza », qui signifie « caresse ». 

Dirty talk : des mots coquins qui mènent tout droit au septième ciel

On oublie trop souvent le pouvoir des mots… Comme son nom l’indique, le dirty talk consiste à susurrer des mots coquins et sexys à l’oreille de votre partenaire pour le ou la faire jouir. Cette pratique demande toutefois une bonne communication en amont : certain(e)s préfèrent les mots trash et crus, d’autres préfèrent des mots plus doux et sensuels. En l’occurence, le choix des mots à son importance si vous ne voulez pas casser l’ambiance ! 

Le dirty talk peut d’ailleurs être combiné au cybersexe, autrement dit, au sexe par écran interposé, ou même pas téléphone interposé. Idéal, lorsque vous êtes en relation à distance ou que vous souhaitez pimenter vos ébats. « Cette pratique peut être associée à l’effeuillage ou à la masturbation mutuelle« , note Pauline Schillaci. Quoi qu’il en soit, avant de vous lancer, assurez-vous d’être sur la même longueur d’ondes avec votre amant(e). 

Miser sur des sextoys vibrants ou aspirants pour accentuer le plaisir

Vous connaissiez les godes, plugs, boules de geisha et autres sextoys permettant de pénétrer le vagin, l’anus ou la bouche ? Sachez qu’il existe un bon nombre de sextoys vibrants et aspirants, conçus pour stimuler le clitoris ou le pénis. Au programme ? Magic wand, aspirateurs clitoridiens divers et variés, galets vibrants, anneaux péniens, œufs de tenga, etc. Rendez-vous le plus rapidement en ligne ou en magasin pour vous les procurer ! 

Les mécanismes de vibration et d’aspiration sont très intenses. L’orgasme est souvent plus rapide et beaucoup plus puissant : il ne faut pas s’attendre à ce qu’un ou une partenaire puisse nous faire ressentir les mêmes sensations, souligne Pauline Schillaci. 

Les orgasmes mentaux et nocturnes, plus rares, mais tellement jouissifs !

Certaines personnes sont capables d’atteindre l’orgasme par la stimulation mentale et émotionnelle, sans stimulation physique directe, c’est ce que l’on appelle l’orgasme mental. Vous l’aurez compris, tout se passe dans la tête : notre pensée génère le désir sexuel, puis entretient l’excitation jusqu’à l’orgasme. Il peut survenir en solitaire ou en duo, dans le cadre d’ébats plus ou moins enflammés. Concrètement, même avec le pire amant, si vous y êtes mentalement, votre corps suivra. A l’inverse, si votre tête n’y est pas, une « bête de sexe » pourra vous laisser totalement de marbre.

Les orgasmes nocturnes, quant à eux, se produisent involontairement pendant le sommeil, souvent à la suite de rêves érotiques. Par définition, il est difficile de les contrôler, mais vous pouvez créer un environnement propice à la relaxation profonde pour favoriser la survenue rêves caliente. « Bien souvent, quand on accumule une tension sexuelle importante, celle-ci se décharge au moment de dormir et résulte en un orgasme qui ne nous réveille pas forcément, mais nous laisse une sensation de ‘J’ai encore faim’ au réveil », explique Pauline Schillaci.  

Quoi qu’il en soit, ces types d’orgasmes sont encore plus variables d’une personne à l’autre. Ils concernent aussi bien les hommes que les femmes et il n’y a pas de mode d’emploi pour les déclencher à volonté. 

Le coregasme, quand le sport mène à la jouissance inattendue

Vous avez toujours rechigné à vous mettre au sport ? Le coregasme pourrait bien vous motiver… Ou du moins vous intriguer ! Comme nous l’explique Pauline Schillaci, il s’agit d’un type d’orgasme qui survient durant la pratique d’une activité physique. Insolite et parfois dérangeant, mais drôlement agréable ! Le mécanisme ? La dopamine et les endorphines libérées au moment de l’effort, combinées avec la sollicitation des muscles, notamment des abdominaux et du planche pelvien, génèrent « mécaniquement » un orgasme. 

L’une des premières études sur le sujet (source 2) identifie plusieurs types d’exercices susceptibles de conduire les femmes et les hommes à l’orgasme : les abdominaux, l’haltérophilie, le yoga, le vélo et la course à pied. Mais d’autres activités, comme la montée à la corde, le pole dance ou encore l’équitation peuvent porter leurs fruits. L’étude montre également que ce phénomène n’est pas apprécié par tout le monde : bon nombre de personnes interrogées soulignent le caractère désagréable du coregasme, tout à fait incontrôlable, qui les met parfois dans l’embarras. 

Certaines femmes ont un orgasme en accouchant

Croyez-le ou non, certaines femmes expérimentent bel et bien l’orgasme au moment d’accoucher. « Le périnée se contracte pendant toute la durée du travail, et au moment de la délivrance, la tête du bébé – qui fait pas loin de 36 cm de diamètre à terme, vient notamment écraser le clitoris et distendre les muscles du périnée. Ce sont ces contractions, au moment de la poussée, combinées à la libération de diverses hormones du bien-être, qui peuvent provoquer l’orgasme, même si c’est très rare », indique Pauline Schillaci. Cela va donc de soit, mais l’orgasme n’est en aucun cas une caractéristique typique de l’accouchement. La priorité reste la santé et le bien-être du bébé et de sa mère, non l’accès à tout prix à la jouissance ! 

Vous l’aurez compris, il existe de très nombreuses manières d’atteindre l’orgasme sans pénétration. Mais soyons claires : il n’y apas de mode d’emploi unique ou de règles absolues à suivre. Nous avons toutes et tous nos préférences, et il arrive parfois que ce qui nous excitait mardi ne nous excite plus jeudi car nous manquons de sommeil, nous sommes stressé(e)s, nous avons différents problèmes en tête, etc. L’essentiel est de communiquer avec son ou sa partenaire, d’explorer ce qui nous procure du plaisir et de prendre le temps de découvrir ce qui fonctionne le mieux pour nous et pour l’autre. Et si vous rencontrez un problème en particulier, ou souhaitez simplement en savoir plus, n’hésitez pas à consulter un(e) professionnel(le) de santé qualifié(e) : sexologue ou sexothérapeute, gynécologue, urologue, médecin généraliste, infirmière, sage-femme, etc. 

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