Selon une étude, un mauvais sens de l’orientation serait un signe d’Alzheimer précoce

Grâce aux nouvelles découvertes scientifiques, la maladie d’Alzheimer pourrait bientôt être mieux détectée. Des chercheurs de l’University College de Londres ont découvert ce qui semblerait être un nouveau signe d’Alzheimer précoce. La maladie neurodégénérative touche en effet parfois les personnes âgées de moins de 60 ans. 33 000 personnes seraient concernées en France, estime l’Institut du cerveau (source 1). Un chiffre sous-estimé, puisque la maladie d’Alzheimer est sous-détectée. C’est pour pallier cette problématique du diagnostic que les chercheurs ont tenté de déterminer si les personnes touchées par la maladie montraient des différences dans leur capacité d’orientation dans l’espace. Leurs travaux ont été publiés en octobre 2023 dans la revue Current Biology (source 2).

Pour cela, ils ont demandé à 110 personnes, dont 31 jeunes en bonne santé, 36 plus âgées, et 43 personnes souffrant d’un déclin cognitif léger, de se plier à un exercice simple, fréquemment utilisé dans la recherche scientifique. Le test consiste à suivre, avec un casque de réalité virtuelle sur les yeux, un chemin composé de trois lignes droites et deux virages balisés par des cônes. Les participants à l’étude devaient ensuite faire le trajet retour, cette fois-ci sans repères.

Après avoir comparé les résultats de l’exercice aux données de santé des participants, les chercheurs ont remarqué des différences notables. Les personnes souffrant d’un déclin cognitif et présentant un biomarqueur positif à la maladie d’Alzheimer avaient en effet tendance à surestimer les virages du parcours. Ils avaient également particulièrement du mal à intégrer le chemin à effectuer, à déterminer leur position et à savoir dans quelle direction aller pour revenir au point de départ.

“Nos résultats offrent une nouvelle voie pour le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer, qui se focaliserait sur des erreurs d’orientation spécifiques, espère le Dr Andrea Castegnaro, principal auteur de cette étude. Toutefois, nous sommes conscients que ces résultats doivent être confirmés par d’autres études » (source 3). Cette méthode promet « un diagnostic fiable en peu de temps, ce qui augmente la probabilité de leur adoption à grande échelle », se réjouit la Dre Castegnaro.

Si de nouvelles méthodes de diagnostic précoces voient le jour grâce aux évolutions de la recherche, aujourd’hui « encore 1 malade sur 2 ignore qu’il est atteint de la maladie et ne l’apprendra qu’à un stade avancé », regrette la Fondation vaincre Alzheimer (source 4). Le diagnostic repose actuellement sur des tests de mémoire et neuropsychologiques, mais aussi sur des examens biologiques comme l’imagerie cérébrale et des analyses sanguines. Cependant, « les tests de mémoire spatiale existants utilisés dans les cliniques reposent souvent sur des compétences verbales. Nos tests visent à offrir un outil plus pratique qui ne dépend pas de la langue ou du contexte culturel », estime la Dre Castegnaro.

Les personnes jeunes atteintes de la maladie d’Alzheimer n’ont pas nécessairement les mêmes symptômes que les sujets âgés. « Souvent, ils présentent un déficit cognitif multi-domaine rapide et sévère, avec au premier plan des déficits de mémoire, mais aussi d’attention, de langage, visuo-spatiaux et exécutifs », précise l’Institut du cerveau. Il est essentiel de connaître des nouveaux signes précoces de la maladie, car « diagnostiquée précocement, l’évolution de la maladie peut être retardée grâce à une prise en charge adaptée », constate la Fondation vaincre Alzheimer.