Sport sur ordonnance : pour qui ? Quelle prise en charge ?

Outre les personnes en affections longue durée (ALD), l’activité physique adaptée (APA) sur ordonnance est accessible aux personnes atteintes de maladies chroniques ou avec des facteurs de risques, tels que l’obésité ou l’hypertension artérielle, ou encore en perte d’autonomie. Décidé en mars 2022, « cet élargissement pourrait profiter à environ 20 millions de Français », explique le Dr Alexandre Feltz, médecin généraliste. Les décrets fixant la liste des situations ouvrant droit à une prescription de sport sur ordonnance ont été publiés le 31 mars dernier (source 1).

Depuis mars 2022, la prescription de sport n’est donc plus seulement réservée aux médecins traitants, mais élargie à tout médecin intervenant dans votre prise en charge. « S’il ne vous le propose pas spontanément, parlez-lui en », conseille ainsi le Pr François Carré, cardiologue, médecin du sport au CHU de Rennes.

L’ordonnance doit d’abord avoir une mention de type : « Je vous prescris de l’activité physique adaptée à votre état de santé », accompagnée d’éventuelles limitations physiques. Pour le reste, l’ordonnance peut être plus ou moins détaillée. On peut y retrouver :

• un nombre de séances hebdomadaire conseillé, « en général, 2 à 3 séances de 30 à 60 minutes par semaine », précise le Pr Carré ;
• l’intensité recommandée, de légère à modérée ; les types d’exercices indiqués. « L’APA associe toujours de l’endurance (cardio) et du renforcement musculaire, auxquels on peut décider d’ajouter des exercices d’équilibre ou des assouplissements », ajoute François Carré ;
• la durée de la prescription est une mention clé : “au moins 3 mois” ;
• si possible, les coordonnées d’une structure de coordination du dispositif “sport santé” près de chez vous.

Si votre médecin ne vous a pas indiqué où faire du sport sur ordonnance, vous pourrez retrouver ces informations sur le site internet de votre Agence Régionale de Santé (ARS), dans un onglet nommé le plus souvent “sport santé”. Les coordonnées des maisons Sport-Santé de votre région y sont mentionnées. Certaines ARS regroupent l’ensemble de ces informations sur des annuaires en ligne dédiés. Demandez un rendez-vous pour un entretien individuel avec un professionnel en APA dans le cadre du dispositif “sport sur ordonnance”.

« Pratiquement toutes les disciplines sportives peuvent être adaptées à condition d’en modifier l’intensité, les règles ou le matériel. Tennis, basket, foot, golf, judo, rugby… En France, 52 fédérations sportives proposent du “sport santé” ! », précise le Dr Feltz.

Les séances sont réalisées avec un enseignant en APA ou un éducateur sportif formé en APA. Si votre état de santé le nécessite, le médecin peut demander que vos séances (seulement les premières, ou la totalité) soient encadrées par un masseur-kinésithérapeute formé en APA.

Le jour du premier rendez-vous, munissez-vous de l’ordonnance de votre médecin et comptez une heure sur place. L’objectif de cet entretien : « Évaluer votre condition physique avec des tests de souplesse, mobilité, endurance, résistance, force musculaire… Identifier vos motivations et envies afin de vous proposer un programme de remise en mouvement adapté et sécurisé », retrace Alexandre Feltz. Les activités en piscine, à vélo ainsi que la marche nordique figurent parmi les disciplines sportives les plus plébiscitées.

La Haute Autorité de Santé (HAS) reconnaît l’activité physique comme une “thérapeutique non médicamenteuse”. En 2019, une expertise de l’Inserm à laquelle participait le Pr Carré concluait que de ne pas prescrire une activité physique adaptée à un malade chronique stable, était une perte de chance pour sa santé. « Dans toutes les maladies chroniques, l’APA fait partie du traitement. Dans le diabète de type 2 débutant, l’hypertension ou la dépression légère à modérée, c’est par ailleurs le traitement de première intention, avant les médicaments », dit François Carré.

Certaines villes, agences régionales de santé (ARS), caisses primaires d’Assurance-maladie proposent des prises en charge de ce dispositif. Renseignez-vous auprès de votre ARS, maison Sport-Santé ou votre municipalité. En plus de la sécurité sociale, de plus en plus de mutuelles proposent aussi des financements, sous la forme d’un “chèque” annuel.

Bientôt un financement national ? « La Caisse nationale d’Assurance-maladie (CNAM) réfléchit à la possibilité éventuelle d’une prise en charge pour une partie », assure le Pr Carré.