Santé

Sur le divan : « J’ai tenté la consultation psy en visio »

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« La thérapie commettait une infraction dans mon intimité »

« Jamais je n’aurais cru parler un jour à ma psy depuis ma chambre. Mais nous venions d’être confinés, nous ne savions pas encore combien de temps cet isolement allait durer. Alors, j’ai accepté une séance à distance, en visio, afin de ne pas rompre le lien et la thérapie. Un quart d’heures avant le rendez-vous, j’ai pris mon ordinateur portable, direction la chambre, et je l’ai calé comme j’ai pu sur une pile de livres et une chaise. Il fallait trouver un fond neutre. C’était impensable que ma psy puisse entrevoir un tableau ou la couleur de ma couette. C’est peut-être ridicule, vu que je racontais depuis deux ans déjà à cette personne mes états d’âme, mes peurs, mes doutes. Mais je ne voulais pas qu’elle puisse voir quoi que ce soit de mon intérieur. J’étais donc à genoux, coincé entre le lit et la fenêtre, pour être le plus loin possible de ma femme et de mes deux enfants, afin qu’ils ne puissent pas m’entendre. J’étais dans un tel état de stress que lorsqu’elle est apparue sur l’écran, j’ai eu envie de rire. Un rire nerveux. Quelle situation pathétique ! Me voilà recroquevillé dans ma chambre à devoir parler à ma psy, presque en cachette.

Elle était visiblement installée à son bureau car j’ai reconnu la bibliothèque de son cabinet. Impassible, elle m’a lancé son habituel : « Je vous écoute. » J’étais tellement perturbé par le dispositif que je n’arrivais pas à ouvrir la bouche. Après un long silence, elle m’a invité à parler en me demandant comment se passait le confinement, entre le télétravail et les enfants. Je lui ai alors raconté quelques banalités : la difficulté de travailler et faire la classe en même temps, l’incertitude, les enfants à rassurer et à canaliser dans cet appartement soudain devenu trop petit quand on y est cloîtré à quatre toute la journée. Les moments de respiration, malgré tout, en allant jouer au ballon sur le trottoir avec le plus grand. Je chuchotais presque tant j’avais peur que ma famille entende ce qui se dit habituellement librement dans le secret du bureau de cette psychologue.

J’avais la désagréable sensation que la thérapie commettait une infraction dans mon intimité. Comme ce virus qui faisait irruption dans nos vies, la thérapie faisait irruption dans ma chambre, dans mon quotidien. Avec la visio, c’était à la fois trop intime et trop froid. Trop intime car soudain, ma psy était dans ma chambre. Il y aurait probablement quelque chose à analyser sur cette sensation mais je n’ai pas voulu m’aventurer là-dessus. Et trop froid, car la visio, je l’utilisais toute la journée avec mes collègues de bureau durant des réunions interminables.

« J’ai soudain compris l’importance du cadre »

À part ces quelques banalités sur le confinement, je n’ai rien dit. Cette séance a été plus courte qu’à l’accoutumée tellement je ne parvenais pas à parler. Et quand est venu le moment de reprendre rendez-vous, j’ai littéralement paniqué. Je me suis mis à bafouiller, c’était dingue. Il était hors de question de recommencer cette expérience. Et en même temps, je ne voulais pas suspendre le suivi, pas comme ça, pas pour cette raison. C’est elle qui a pris les devants. Comme toujours, très perspicace, elle m’a suggéré de nous revoir « en présentiel », comme d’habitude et m’a même proposé de me transmettre un petit mot, au cas où je me ferais arrêter par les flics sur le chemin.

La semaine suivante, j’ai donc rempli ma petite attestation en cochant la case du rendez-vous médical. Elle n’est pas psychiatre, mais c’était le motif le plus proche de la réalité. Je m’y suis rendu à pied, pour profiter de ce déplacement pour me dégourdir les jambes. La thérapie est loin d’être une promenade de santé mais là, j’étais heureux d’y aller. Heureux d’aller parler à cette personne, dans cet endroit. J’ai soudain compris l’importance du cadre. Chaque semaine depuis deux ans, avant chaque séance, je projette mes pensées et ma réflexion dans son cabinet. C’est un endroit que je considère comme chaleureux, agréable et propice à la réflexion. Cet endroit est à moi, d’une certaine façon. Pas à ma femme, pas à mes enfants, à moi. C’est là que je pense, c’est là que j’avance.

Je me suis assis dans ce fauteuil si familier. Et là, je me suis effondré. Pour la première fois en thérapie, j’ai pleuré. Des sanglots de petit garçon. Cette séance était profonde, cruciale. Je me suis rendu compte à quel point j’avais besoin de ce cocon sécurisant, de cette femme que j’admire pour son intelligence, son humour, son écoute. Ce soudain lâcher prise a débloqué pas mal de choses. Quelques semaines plus tard, elle est revenue sur ce flot de larmes en m’avouant que cela n’aurait jamais été possible à distance. Qu’en face-à-face, dans son bureau, il se passe souvent des choses importantes qui vont au-delà des mots. »

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