Santé

Thérapie de couple : Amélie (34 ans) et Pierre (37 ans), « Mon militantisme m’a fait perdre de vue l’homme que j’aime »


Chaque semaine, des couples de tous horizons témoignent de leur passage à deux chez le thérapeute. Pour certains ce fut une révélation pour d’autres une libération avec, dans tous les cas, une fin inattendue et une problématique à régler. Aujourd’hui, rencontre avec Amélie et Pierre.

Amélie a 34 ans et Pierre en a 37. Ils sont en couple depuis plus de dix ans. Entre les amoureux, un conflit commence quand Amélie prend conscience d ’inégalités dans le monde qui la dérangent. Pour la jeune trentenaire, il n’est pas acceptable de continuer sa vie comme elle l’a toujours fait alors que des personnes ont faim, subissent des violences ou dorment dans la rue.

Le moment d’agir

Pierre a d’abord été surpris de ce changement chez sa compagne : « On a toujours été des gens dans la norme. On a fait des études, eu du travail dans les entreprises où l’on avait fait des stages, eu parfois des patrons un peu cons, mais rien de bien méchant. On voit des amis le week-end et l’on a du budget pour se faire plaisir et partir en vacances deux fois par an. Je n’ai jamais vu Amélie s’énerver et militer pour quelque chose avant ces six derniers mois. Pour moi, ça a été un choc. D’abord, elle ne se comportait plus comme elle en avait l’habitude, mais en plus, elle s’est mise à questionner ce que l’on vivait nous. J’ai fini par le prendre personnellement. »

J’ai proposé la thérapie de couple pour que l’on puisse se parler de façon calme avec quelqu’un qui la canalise

Pierre voit sa compagne s’éloigner de lui : « Pour toutes les choses qu’elle voulait défendre, il y avait des conséquences sur notre vie couple. Elle sortait la nuit pour aller à des collages féministes ou à des maraudes. On ne dormait plus ensemble. Elle a voulu que l’on devienne végétariens et puis végans. Elle s’est fâchée avec la plupart de nos amis et j’ai fini par avoir peur d’organiser quelque chose. C’était plus possible. C’est pour ça que j’ai proposé la thérapie de couple. Pour que l’on puisse se parler de façon calme avec quelqu’un qui la canalise. »

Efforts et concessions

Le trentenaire est ravi de son choix : « C’était le choix de la dernière chance. Je ne voulais pas quitter Amélie et l’on avait déjà construit tellement. On parlait de faire un enfant et là, ce n’était plus d’actualité. La psy nous a permis de reparler de tout ça. On a pris problème par problème, sans crier. Ça a bien posé les choses et c’est devenu autre chose que juste deux personnes qui se crient dessus toute la journée. Amélie a compris que je ne me fichais pas de ce qui la touchait, moi, j’ai appris à mettre de l’eau dans mon vin. Il était question de faire un pas l’un vers l’autre et la psy a très bien géré ça. »

Amélie avoue avoir voulu changer beaucoup de choses dans sa vie en même temps : « J’ai eu une prise de conscience en rencontrant une personne qui est devenue une amie. C’est une militante très engagée qui m’a fait découvrir des choses dont je n’avais même pas idée. Ou plutôt dont j’avais idée, mais que j’arrivais à ne pas voir pour garder ma petite vie confortable. Donc oui, quand j’ai réalisé à quel point notre monde était pourri, je n’ai plus été capable de faire semblant. Il fallait changer des choses. J’ai gardé mon travail dans une grosse boîte. Cependant, j’ai voulu consacrer de mon temps et de mon énergie à faire des choses qui aient du sens. C’est ce que Pierre n’a pas compris. »

Remettre les pendules à l’heure

La jeune femme avoue avoir cru que son compagnon n’était pas de son côté : « C’est n’importe quoi, mais je me suis rendu compte en parlant avec la psy que je prenais Pierre pour l’ennemi. C’est pour ça que je m’énervais autant contre lui. Lui aussi travaille dans une grosse boîte, il aime bien son confort, c’est un homme blanc. Tout ce contre quoi j’essayais de me battre. Mais, c’est aussi l’homme que j’aime et je l’ai complètement oublié. On avait besoin de quelqu’un de neutre pour nous souvenir de mettre les mots et surtout que l’on avait construit quelque chose ensemble et que l’on voulait, normalement, continuer à le faire. Je ne sais pas si je veux encore avoir des enfants, mais je veux vieillir avec Pierre. »

La solution trouvée par la psychologue convient aux amoureux : « On a appris à se parler. Chaque jour, on se parle pendant au moins une heure de sujets qui nous importent vraiment et l’autre n’a pas le droit de nous couper. On partage des activités ensemble. J’ai promis de ne pas forcément agresser nos amis avec mes idées et, Pierre, de son côté, m’accompagne parfois à des rencontres ou à des discussions sur le féminisme. On partage des choses ensemble. On a compris que l’on n’était pas forcément l’un contre l’autre, qu’il n’était pas mon ennemi. »

La thérapie nous a donné de la force, comme un socle solide sur lequel nous appuyer pour la suite

Elle ajoute « Ça a mis beaucoup d’apaisement entre nous. On a appris à changer notre regard sur l’autre. On s’engueule encore de temps en temps, mais c’est uniquement parce que l’on est fatigués. On se pardonne plus facilement. Je veux réellement croire que l’on peut continuer nos vies comme ça. Moi, engagée pour ce en quoi je crois. Lui, à faire ce qu’il désire et accompagné par la femme qu’il aime. Je crois que ça peut marcher comme ça. »

Depuis, le couple s’entend mieux, « en tout cas, depuis trois mois, on s’engueule beaucoup moins et l’on partage plus que ce que l’on a vraiment partagé ces dernières années. La thérapie nous a donné de la force, comme un socle solide sur lequel nous appuyer pour la suite. Peut-être que je vais avoir encore envie de changer des choses. Cependant, je ne le ferais jamais sans lui en parler avant et autrement qu’en l’agressant. C’est le contrat que l’on a passé ensemble et ça me va. »

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