Santé

Femme enceinte ? Pas de régime, mais des basiques à suivre pour garder un poids santé

Grossesse et prise de poids

Terme apparu à la fin du XIIe siècle pour définir l’état d’une femme enceinte, le mot « Grossesse » introduit inévitablement une notion « d’épaisseur, de grosseur, et de dimensions », rappelle sa définition (source 1). Et ces kilos, qui semblent parfois de trop pour les futures mamans, ont pourtant leur rôle à jouer dans le bon développement du fœtus. Ils vont se répartir entre le poids du bébé qui augmente au fil des mois, les réserves de graisse accumulées par le corps de la femme, l’utérus qui s’agrandit au fur et à mesure, ou encore le placenta qui devient un véritable organe pour assurer les échanges entre la mère et l’enfant

Quelle est la prise de poids souhaitable pendant une grossesse ?

La prise de poids « idéale » pendant la grossesse se calcule à partir de l’IMC avant grossesse (Indice de masse corporelle) qui se calcule en divisant le poids (exprimé en kilos) par la taille au carré (exprimée en mètres). Selon les recommandations de l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire, de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) et de l’Institute of Medicine (IOM), l’augmentation du poids est de 13 kilos en moyenne pendant la grossesse, pour celles avec un IMC normal (entre 18,5 et 24,9 kg/m²) (source 2). 

En cas de grossesse à jumeaux, la prise de poids supplémentaire indiquée ne serait que légèrement supérieure, de 3 à 4 kilos » Cela favorisera un accouchement sans complications et un retour facilité à votre poids antérieur, après accouchement », ajoute la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste. Cette prise de poids n’étant qu’une moyenne, elle doit être ajustée en fonction de la corpulence avant la grossesse. La femme plutôt « maigre » dont l’IMC est inférieur à 18,4 kg/m² sera par exemple encouragée à une prise de poids supérieure à 12,5 kilos pour favoriser la croissance utérine optimale de l’enfant. Tandis qu’une femme en obésité (IMC ≥ 30,0 kg/m2) veillera à ne prendre qu’entre 5 à 9 kilos contre 7 à 11 kilos pour celle en surpoids (25,0 kg/m2 < IMC ≤ 30,0 kg/m2) (source 2).

Une prise de poids et des changements corporels parfois mal vécus

Malgré les recommandations médicales qu’elles peuvent recevoir en début et en cours de grossesse sur le nombre de kilos à gagner, certaines femmes vont avoir du mal à accepter ce changement corporel, avec parfois un sentiment de honte de leur nouvelle image. Elles vont alors décider de prendre un minimum de kilos afin de retrouver rapidement après l’accouchement leur poids d’avant grossesse. Une attitude qu’elles justifient en arguant certaines complications qui, selon elles, seraient liées à une prise de poids excessive et pourraient altérer la santé de l’enfant : « accouchement difficile », « diabète gestationnel », « problèmes de santé » ou bien « gros bébé » (source 3). 

Est-il possible de perdre du poids pendant la grossesse ? Est-ce dangereux ?

Certaines femmes sont tentées de réduire leurs apports caloriques pour grossir le moins possible durant la grossesse. Elles se mettent d’elles-mêmes à faire des choix alimentaires et à ne pas manger certains aliments qu’elles jugent trop riches.

Quels sont les risques avec ce comportement ?

Sauf indications par votre médecin ou votre sage-femme, vous ne devez pas restreindre votre alimentation, sous prétexte de vouloir mincir, au risque de se retrouver avec des carences alimentaires graves, pour vous comme pour votre bébé. 

« Tous les régimes amaigrissants, quels qu’ils soient, sont contre-indiqués au cours de la grossesse », rappelle le guide de nutrition de la grossesse. De ce fait, les monodiètes, régimes détox, sans sucre ou même sans graisses sont donc à proscrire par toutes les femmes enceintes, car ces régiems alimentaires ne permettent pas de couvrir les apports suffisants en énergie, protéines, vitamines et minéraux, habituellement fournis par la consommation d’aliments variés.

« Des apports alimentaires insuffisants pendant la grossesse peuvent entraîner des risques d’hypotrophies fœtales (nouveau-né de petit poids) et dans une mesure plus grave, et heureusement très rare, de morts in utéro« , souligne la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste.

Prise de poids supérieure à ce qui est recommandé, que faire ?

Que peut faire une femme enceinte qui prend trop de poids si elle ne peut pas faire de régime ?

« Les femmes en surpoids ou qui prennent « trop » de poids enceintes (la « norme » recommandée étant d’environ 1 kilo par mois au début puis d’1,5 kilos par mois en fin de grossesse) auront tout intérêt à se faire suivre médicalement pour réajuster leur apports nutritionnels en limitant notamment la consommation d’aliments gras et sucrés. Il s’agit d’éviter divers risques pour elles et leur futur bébé »,  complète la médecin nutritionniste. Une prise de poids trop importante majore le risque de complications type diabète gestationnel ou hypertension et donc le risque d’accouchement prématuré et de césarienne.

Une femme enceinte à l’IMC normal peut-elle « tenter » de maigrir avec le régime alimentaire méditerranéen ?

S’il y a un régime qui pourrait éventuellement être indiqué en période de grossesse pour les femmes à la corpulence « normale » (entre 18,5 et 24,9 kg/m²), ce serait le régime méditerranéen. « Celui-ci peut en effet être intéressant car il implique beaucoup de légumes et de fruits. Attention tout de même à bien couvrir tous les besoins nutritionnels en vitamines, nutriments et minéraux, essentiels à la femme enceinte et au bébé », fait remarquer la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache. 

Femme enceinte avec un diabète : faut-il faire un régime ?

Il est vivement recommandé aux femmes avec un diabète gestationnel de mettre en place un rééquilibrage alimentaire. Selon les chiffres du Centre européen d’étude du diabète (CEED), ce trouble de la tolérance au sucre, qui apparait généralement au courant du 2e trimestre de la grossesse et disparaît après l’accouchement, touche 7% des femmes enceintes (source 4). Les femmes concernées sont souvent celles identifiées en surpoids ou en obésité (IMC > 25 kg/m avant la grossesse), avec des antécédents familiaux de diabète chez les parents de 1er degré (parents, frère, sœur), d’un âge supérieur à 35 ans, avec des antécédents de macrosomie fœtale (bébé de plus de 4 kg à la naissance ou avec un poids de naissance supérieur au 90e percentile pour l’âge gestationnel) ou des antécédents de diabète gestationnel lors d’une précédente grossesse. Elles devront alors se faire accompagner par l’équipe médicale afin de contrôler leur alimentation et de pratiquer une surveillance de leur glycémie.

« Il n’existe toutefois pas de régime spécial diabète gestationnel à proprement parler, il faut simplement avoir une alimentation variée et équilibrée. Le but n’étant pas de maigrir mais d’éviter les hyperglycémies répétées et de limiter la prise de poids pendant la grossesse », nuance la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste. Cette alimentation se traduira par exemple par la prise d’un petit-déjeuner riche en fibre et protéines, de repas en petite quantité ou encore de petites collations en journée.

Gestion du poids enceinte : l’importance d’une alimentation équilibrée

« Plus qu’un régime amincissant, c’est surtout une alimentation appropriée qui importe pendant une grossesse afin de couvrir non seulement les besoins nutritionnels de la future maman mais aussi de favoriser une croissance harmonieuse de son bébé », poursuit la médecin nutritionniste.

L’apport calorique évolue au fil de la grossesse

Entendre par là : une alimentation suffisamment riche et variée afin d’apporter :

  •  un minimum de 2 000 calories/jour au cours du premier trimestre contre 1800 calories/jour pour une femme « non-enceinte »,
  • puis de passer à 2100 calories/ jour au 2e trimestre.
  • Au 3e trimestre, phase pendant laquelle le bébé grossit le plus, la quantité d’énergie journalière doit être comprise entre 2 250 et 2 500 calories/jour.

Ces chiffres, comme les 12 kilos préconisés pendant la grossesse, varient évidemment selon les femmes, leurs habitudes alimentaires, leur corpulence initiale et leur indice de masse corporelle (IMC) avant la gestation.

Les apports en vitamines et minéraux devront par ailleurs être augmentés. Pensez par exemple aux agrumes qui contiennent de la vitamine C et améliore l’absorption du fer d’origine végétale. La vitamine D et le calcium sont quant à eux essentiels à la minéralisation du squelette de l’enfant (œufs, produits de la pêche, et produits laitiers).

Sont tout aussi importants :

  • l’iode pour le bon fonctionnement de la glande thyroïde de la maman et le développement du cerveau de l’enfant (poissons, algues et sel de cuisine enrichi en iode) ;
  •  la vitamine 9, indispensable au développement du système nerveux de l’embryon (levures en paillettes, épinards, cresson, chicorée..).

Alimentation grossesse, quoi manger pour couvrir les besoins nutritionnels sans trop grossir ?

Pour éviter les kilos superflus,

  • contrôler ses apports en sucre à index glycémique élevé (pain blanc, confiseries..), 
  • privilégier, en revanche, les aliments riches en fibres : fruits, féculents complets, légumes secs…
  • penser aussi aux yaourts nature à 20 ou 0% de matière grasse, aux compotes sans sucre ajoutés ou encore aux soupes faites maison ;
  • boire de l’eau en suffisance (entre 1,5 et 2 litres /jour) afin de stimuler les reins, principaux organes de détox et d’élimination de l’organisme.
  • maintenir une activité physique raisonnable et quotidienne ;
  • fuir les produits caloriques et toxiques pour votre enfant comme l’alcool ;
  • bien répartir ses repas sur la journée sans oublier la collation de l’après-midi ; pour éviter les fringales avant le dîner.

Les édulcorants, est-ce une bonne idée pendant la grossesse ?

Extraits de stévia, sucralose, sorbitol… ces additifs alimentaires au pouvoir sucrant n’auraient aucun bénéfice nutritionnel chez la femme enceinte. Question risques, en revanche, il peut être utile d’émettre une certaine méfiance sur leur dosage notamment pour les édulcorants dits « intenses » (aspartame, saccharine..), même si aucunes études n’a encore permis « de conclure sur le risque lié à la consommation des édulcorants  pendant la grossesse » précise l’ANSES (source 5). Pour information, les additifs alimentaires dont font partie les édulcorants font l’objet d’une réglementation harmonisée à l’échelle européenne et cette autorisation de vente sur le marché est systématiquement réévaluée par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments). 

Autant de conseils « bons sens » et sains pour maintenir un poids « correct » sans recourir à un régime.

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