Santé

Thérapie de couple : Lucie (34 ans) et Fabrice (51 ans) « Nos disputes se sont transformées en chantage affectif »

Lucie a 34 ans et est en en couple depuis 9 ans avec Fabrice, 51 ans. Elle est secrétaire médicale et il est entrepreneur. Depuis les commencements de leur couple, ils aiment à se réserver des moments à deux aux horaires de bureau, comme des petites bulles d’intimité volées à leur quotidien. Mais il y a deux ans, leur équilibre a été bousculé.  Lucie aime profondément Fabrice : « Je n’ai jamais aimé quelqu’un comme Fabrice. Je pense que je le savais depuis le début. Je n’imagine pas être avec quelqu’un d’autre. Pourtant, c’est moi qui ai été à l’origine de nos problèmes. Je ne l’ai pas maîtrisé. Je ne savais pas quoi faire d’autre. Je m’en veux, maintenant, d’avoir pu mettre notre couple en danger. Maintenant que c’est réglé, je réalisais à quel point ce qu’on a est précieux. »

Fabrice a eu du mal à comprendre ce qui n’allait pas entre eux : « On a commencé à se disputer. Ça n’était jamais arrivé avant. Et à chaque fois, ça se finissait pareil : Lucie me menaçait de ne pas faire d’enfant avec moi. Il faut savoir qu’on essayait depuis des mois et que ça ne marchait pas. On parlait de lancer une PMA et je sais que ce n’était pas quelque chose de facile pour elle. Mais à chaque fois, elle me faisait le même chantage affectif. Elle finissait par dire un truc du genre « si c’est comme ça, ça ne sert à rien d’essayer de faire un enfant » et on se mettait à pleurer, soit moi soit elle. C’était insupportable parce que nos engueulades n’avaient souvent rien à voir. C’était à propos de trucs comme le travail, l’organisation de notre quotidien. Rien à voir avec notre désir d’enfant. »

Lucie explique qu’elle ne maîtrisait alors pas du tout ce réflexe : « Je ne faisais pas exprès, je veux être claire avec ça. Ce n’était pas de la manipulation ou alors pas consciente. Je n’ai jamais pensé que nos disputes pouvaient vraiment mener à une rupture par contre, oui, je pensais que ce n’était pas possible de faire naître un enfant dans un contexte pareil. Sans qu’on soit capable de se maîtriser et de ne pas se crier dessus. Je viens d’une famille où on se crie beaucoup dessus et je sais à quel point c’est dur. Je ne souhaite ça à aucun enfant. Je comprends pourquoi Fabrice en a eu marre que ça revienne sans arrêt sur le tapis, d’autant plus qu’à cette époque, on n’arrivait pas à faire cet enfant. Mais je n’arrivais pas à me maîtriser. Et on a eu besoin de la thérapie de couple pour le réaliser. »

On avait du mal à faire l’amour à cause de toutes ces disputes 

Fabrice avoue que, sans la thérapie de couple, il aurait envisagé la rupture : « On parle de trois à quatre grosses engueulades par semaine. Ce n’est pas rien. Ça prenait une place de dingue et à chaque fois il y avait l’argument de l’enfant qui revenait un peu comme un argument d’autorité et qui venait remuer le couteau dans la plaie. À l’époque, on ne savait pas s’il y avait un problème et s’il venait de moi ou d’elle ou des deux. On avait du mal à faire l’amour à cause de toutes ces disputes et ça n’arrangeait rien. C’est le médecin qui nous suivait à l’époque et qui sentait des tensions qui a proposé la thérapie de couple. Il nous a dit que c’était très courant pour les couples qui faisaient une PMA et qu’on prenait juste un peu d’avance. J’ai trouvé que c’était une bonne idée alors on est allés chez la personne qu’il nous a conseillés. C’est ça qui a tout changé. »

Lucie ne s’attend pas à se dévoiler autant dans le cabinet du thérapeute : « Je me suis retrouvée à tout déballer. Ma peur de ne pas réussir à être mère, ma peur d’être comme mes parents, ma peur de ne pas en avoir vraiment envie, ma peur de me faire quitter par Fabrice et ma défense un peu débile de préférer qu’on se quitte avant. J’ai beaucoup pleuré aussi. Fabrice a assisté à tout ça et à chaque fois il me rassurait. Ça m’a fait du bien de mettre des mots en dehors d’un contexte de dispute. Lui aussi a pu partager ses angoisses à lui, qui ne s’exprimaient donc jamais parce que les miennes prenaient trop de place. On a vidé nos sacs. On a pu repartir de zéro. »

Depuis, le couple a accueilli un petit garçon : « J’ai fini par tomber enceinte sans PMA. Je ne dirais pas que c’est parce qu’on a travaillé sur nous que c’est arrivé mais je le pense quand même un peu. Fabrice pense la même chose. On avait besoin de ce déblocage. Je pense que si on avait su que la thérapie de couple pouvait être aussi primordiale que les rendez-vous de contrôle chez le médecin, on l’aurait fait plus tôt. Je le conseille à tous mes amis qui n’arrivent pas à faire un bébé. J’en connais plusieurs. Je leur dis « vous n’avez pas essayé d’aller parler avec un thérapeute ». On dirait que c’est la réponse à tout mais je crois que ça apporte vraiment du bon et que ça peut renforcer le lien avant de se lancer dans quelque chose de lourd comme une PMA. Nous, on n’en a pas eu besoin. Mais si ça avait été le cas, on aurait été prêts. J’avais lâché toutes mes angoisses et je crois que c’est important. »

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