Trois mères nous parlent de l’écart d’âge entre leurs enfants

Emma, 23 ans : « Si j’avais pu, je les aurais enchainés, pour qu’ils soient encore plus proches en âge » 

J’ai eu mon premier à 19 ans et l’autre neuf mois post-partum. Pour moi, c’est l’idéal. Ils grandissent et apprennent les mêmes choses ensemble. Aujourd’hui, je trouve qu’il y a un peu trop d’écart entre eux. L’un est un tout bébé qui boit encore des biberons, l’autre un grand qui entre à l’école. Mais plus le temps passe, plus le grand lui apprend des choses, des mots, comment marcher, plus ils jouent ensemble. C’est pratique, parce qu’un garçon de 5 ans et un petit de 1 an ne vont pas jouer aux mêmes jeux. Moi, quand j’achète des jeux, je peux les acheter dans la même tranche d’âge. Il n’y en a pas un qui joue avec des pistolets et l’autre avec des balles en mousse. A l’école, ils n’auront qu’un an d’écart, ce n’est rien. Ils vont apprendre les mêmes choses, pourront se donner le matériel, le grand se rappellera des choses qu’il a apprises l’année d’avant et les transmettra à son frère.  

 J’ai eu du mal à tomber enceinte, à cause de mon endométriose, pour finalement accoucher par césarienne. J’ai dû attendre neuf mois pour avoir le prochain car c’était le temps minimum pour retomber enceinte. C’était dur pour moi, car j’ai toujours voulu avoir des enfants rapprochés. Comme mes sœurs et moi, parce que l’on a une relation de meilleures amies. Quand j’ai accouché, je n’ai pas repris la pilule et je me suis dit que ça viendrait quand ça voudra. Au début, je me suis protégée car j’avais peur que ça vienne tout de suite et qu’ils soient trop proches. Elle m’avait dit que si je retombais enceinte trop vite, il aurait fallu avorter car la cicatrice aurait pu être trop abimée. Donc pendant deux trois mois, je me suis protégée. Puis je suis tombée enceinte quand mon fils avait 9 mois. Si j’avais pu, je les aurais enchainés, pour qu’ils soient encore plus proches en âge.  

Pas mal de gens disaient que trois ans, c’est l’idéal parce que c’est l’âge auquel l’aîné rentre à l’école. On peut donc s’occuper du deuxième plus sereinement. Les miens ne sont pas allés à la crèche, j’ai donc eu deux bébés à la maison et ces deux premières années ont été dures. Heureusement, j’ai eu de l’aide de mes parents. Même aujourd’hui, c’est compliqué d’avoir deux enfants en bas âge. J’ai deux poussettes : c’est bête, mais c’est dur. Tu ne rentres pas dans tous les ascenseurs, ni dans tous les magasins. Il faut une voiture assez grande pour les deux sièges auto ou rentrer la poussette double. Les nuits aussi sont longues. Les gens disent qu’ils font leurs nuits à quatre mois, mais mon aîné a un an et demande encore des biberons la nuit. Ils ne sont pas autonomes et ce sont les seuls désavantages que je remarque sur ces deux premières années. 

Le deuxième était infernal quand il a fait sa crise du « terrible two ». Il mordait son frère, il  était jaloux. Il faut avoir du temps pour les deux enfants, et avec le travail en plus, ce n’est pas toujours simple. Parfois j’ai eu l’impression de pas être la meilleure maman. Sur les réseaux, certaines femmes ont six enfants et on dirait qu’elles s’en sortent parfaitement. Moi, j’emmène mon fils à l’école en pyjama et sans avoir dormi de la nuit.  

Et physiquement, deux enfants rapprochés, ce n’est pas rien. J’ai pris 30 kg les deux fois. J’ai tout perdu parce que j’adore le sport, mais il m’est arrivé de ne plus me supporter. Mais tout ça vaut le coup. Deux ans de ma vie, c’est quoi ? Le reste sera tellement plus simple. J’essaie d’avoir un autre enfant, même si je suis K.O. Je ne veux pas me coltiner les couches dans cinq ans, alors j’ai pris trois ou quatre ans de ma vie pour m’occuper des bébés et après, ce ne sera que du plaisir. Évidemment, plus ils grandiront, plus on aura d’autres galères, comme l’éducation, mais on pourra aussi aller au restaurant ensemble, voyager, rigoler…