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Allô Giulia ? : « En couple, j’ai revu mon ancien amour et l’électricité est toujours là »

« Chère Giulia, 

J’adore mon mec. Vraiment. Benoît est super, toujours à l’écoute, toujours disponible, hyper empathique : aux antipodes de tous ceux que j’avais connus avant lui. Depuis le lycée, j’étais un peu abonnée aux bad boys : les plus inaccessibles, les plus insaisissables, les plus rudes à atteindre, et à avoir. Moi, j’y voyais comme un défi – je sais, c’est complètement débile, mais qui n’a pas foncé dans ce genre de piège là ? J’arrivais toujours à mes fins (je suis très, très patiente), mais le résultat n’était jamais à la hauteur de mes espérances. Sauf avec Vincent. Vincent, j’allais avoir trente ans, lui venait de passer le cap. Je le croise à un dîner : coup de foudre. Mutuel. Sous la table, il me prend la main, on se la serre très fort, on se raconte nos vies. Il bosse dans l’humanitaire, il n’est là que 48H : on se jette dans cette parenthèse, parce que l’on sait que ça va se terminer et que l’on a envie de se dévorer. Ces deux jours-là m’ont marquée, à vie.

Et, puis on s’est écrit, beaucoup, et puis de moins en moins. Je l’ai senti plus distant, plus sec, même, au bout de quelque temps. Nos quotidiens étaient si différents – et nos priorités aussi, je crois. Peu à peu, on s’est perdus. Moi, j’ai rencontré Benoît. Avec lui, tout était doux, tout était simple. On s’est installés ensemble assez rapidement, on a eu nos deux enfants dans la foulée – Benoît est un papa génial ! Et bien sûr, devenir parent, quand on est un couple, ce n’est pas simple, mais on y est arrivés. On rit toujours, on se désire toujours, on arrive à se dégager du temps à deux… Bref, tout va bien. Tout allait bien.

Il y a environ un mois, je reçois un mail de Vincent. Rien qu’à lire son nom dans ma boîte mail, mon cœur a fait un bond. Il avait changé de vie, il était revenu s’installer dans la région, il avait beaucoup hésité à m’écrire, mais il me proposait un café. J’ai mis un temps fou à écrire un truc aussi con que : « super ! Quand ? » Ou un truc dans le genre. Au café, j’avais les jambes qui flageolaient, il avait toujours son sourire incroyable, et cette voix grave qui m’avait fait frissonner… Le contenu du discours, lui, était un peu plus raide. Mais Vincent est raide. J’imagine que c’est comme ça qu’il a tenu, toutes ces années dans des pays en guerre… Benoît, lui, a une espèce de souplesse mentale qui arrondit toujours le quotidien, c’est hyper appréciable. Mais, bon, c’est le seul bémol, parce que pour le reste, j’étais en lévitation. Le revoir avait quelque chose de prodigieux.

Puis, il s’est excusé pour avoir disparu de ma vie. Ça, ça m’a scotchée : c’est tellement rare, les gens qui s’excusent ! Bref. De fil en aiguille, on s’est revus quelques fois. Je me suis toujours contenue, il ne s’est rien passé, mais l’électricité est constamment là. Alors évidemment, ma question, c’est : j’y vais, ou je n’y vais pas ? Est-ce qu’il est possible que l’on n’ait pas terminé notre histoire, et que l’on doive le faire maintenant ? Est-ce qu’on peut se rater, et puis se retrouver, parce que les circonstances ont changé ? Est-ce que je me suis trompée, est-ce que j’aurais dû l’attendre ? Benoît ne m’a jamais fait cet effet-là, décollé, comme ça… » Camille, 44 ans.

« Chère Camille,

Je ne vous refais pas le coup de : « il n’y a que vous qui sachiez ce que vous devez faire, car en matière d’amour, il n’y a pas de règle universelle ». Ça reste vrai, mais je l’écris chaque semaine, depuis un an, et moi-même, je finis par m’auto-souler un peu. En revanche, je ne crois pas que l’on se rate. Jamais. À part dans les films, où en littérature, quand les destins semblent écrits par une espèce d’instance supérieure, qui a décidé, pour tout le monde, et avant tout le monde, que ces deux-là devaient être ensemble et que rien, ni personne, ne pourraient au fond les en empêcher. Ça fait une jolie trame narrative, ça te tient le spectateur en haleine comme jamais, mais ça, ça s’appelle une fiction.

Dans la vraie vie, personne n’est destiné à personne, pour la simple et bonne raison que l’histoire se construit au moment où elle se vit. Son futur n’existe pas, son passé est déjà derrière, et seul le présent compte, au fond, pour nous dire ce qu’elle est, plus que ce qu’elle doit être.

Vous avez vécu quatre histoires différentes : Vincent avant Benoît, Benoît avant le retour de Vincent, Vincent avec Benoît dans votre vie, et Benoît aujourd’hui. Les deux premières ont eu lieu, et vous ne pouvez plus rien y changer. Les deux autres sont en cours et le mieux que vous puissiez faire, c’est de les vivre toutes les deux. De vous jeter à l’eau et de le faire vraiment. Sans croyances, sans préjugés, sans formules toutes faites. En tentant de comprendre ce qu’il se passe pour vous, ici et maintenant. Pas hier, pas pour d’autres, pas ailleurs. Ça veut dire, par exemple, que vous adorez la voix de Vincent, mais que ce qu’elle vous dit vous heurte un peu. Que vous adoriez votre vie avec Benoît, mais qu’elle manque un peu d’adrénaline. Observez, en toute lucidité, ce que vous ressentez, avec l’un et avec l’autre, et je vous le promets, vous finirez par savoir où vous en êtes réellement, comment vous en êtes arrivée là, et quelle direction vous devez prendre. Peut-être que vous aviez juste besoin de solder vos comptes, avec Vincent et ce coup de foudre, si fulgurant, si bouleversant qui vous avait frappé. Alors ses excuses (bienvenues) vont vous permettre bientôt de tourner la page, définitivement.

Peut-être que le désir va se pointer si fort que vous devrez franchir le cap, et regoûter à cette peau qui vous a tant comblée. Alors peut-être que la réalité sera bien en dessous du souvenir, et que c’est là que, oui, vous pourrez clore ce chapitre de votre vie. Mais probablement pas. Peut-être que Vincent est l’homme de votre deuxième vie. Mais peut-être pas non plus. Peut-être que ce que vous vivez là avec Vincent vous permet juste de questionner votre relation avec Benoît : quel bien vous fait-elle ? Qu’est-ce qui pourrait vous y manquer ? Toutes les réponses, vous les avez, en vous.

Prenez le temps d’aller les chercher, et, oui, bonne idée, remontez jusqu’au lycée : pourquoi était-il si important, pour vous, « d’avoir » les garçons les plus inaccessibles ? Quelle sorte de trophée alliez-vous chercher ? Quelle valeur ces victoires vous donnaient-elles ? Comment vous situez vous, dans votre rapport aux hommes, au couple, à l’amour ? Je crois que la clé se situe plutôt par là… Ce que vous traversez aujourd’hui, Camille, est l’une des trop rares occasions que nous offre la vie pour comprendre qui on est. Allez-y, sans crainte. La seule chose que vous risquiez de trouver, c’est vous. Alors bonne spéléo ! »

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