Santé

Cassandra, 35 ans : « Il s’est inventé une vie de rêve et moi, j’étais totalement aveuglée »

« Notre histoire a commencé, de manière presque banale, sur les réseaux sociaux, raconte Cassandra. C’était à la sortie du deuxième confinement. Lorenzo, que je ne connaissais pas, m’a envoyé une invitation sur Linkedln et, comme il faisait partie du réseau d’une vague connaissance, je l’ai accepté, sans même réfléchir. Il m’a aussitôt envoyé un message pour me remercier, suivi d’un deuxième pour me dire qu’il me trouvait ravissante sur ma photo de profil. Mon premier réflexe a été de l’envoyer bouler et de lui rappeler qu’il se trouvait sur un réseau professionnel et non sur un site de rencontres. Il s’est immédiatement excusé pour son attitude déplacée, tout en continuant la discussion. J’aurais pu couper court, mais je le trouvais poli, sympa, un poil déjanté. Tout ce qui me plaît chez un homme. Nous avons échangé jusque tard dans la soirée. Je me souviens qu’il a insisté pour me voir le jour-même, mais j’ai refusé. J’étais certes célibataire, mais ça allait trop vite à mon goût ».

Lors de ce premier échange, Lorenzo se montre tout de suite très bavard. « Il m’a raconté sa vie de long en large, confirme la jeune orthophoniste. Il était polytechnicien et travaillait dans l’immobilier de luxe aux États-Unis (son père étant américain, il avait la double-nationalité). Sa mère, qui vivait à Dubaï, était décédée, quelques mois plus tôt, d’un cancer foudroyant. Du coup, il était rentré à Paris pour régler la succession, mais les choses se passaient mal avec ses frères et sœurs. Ils avaient toujours été jaloux de lui, et encore plus depuis qu’il avait réussi professionnellement et qu’il jouissait « d’une certaine aisance financière » (sic). Il voulait néanmoins profiter de son retour dans la capitale pour prendre la température du marché français, car il avait, depuis plusieurs années, le mal du pays et envisageait sérieusement de revenir s’installer ici ».

Je voulais tout, sauf qu’il s’en aille

Trois jours plus tard, Cassandra rencontre Lorenzo. Tout va ensuite très vite. « Au bout de deux semaines de relation, il m’a expliqué que le duplex parisien de Trocadéro, que sa mère avait conservé comme pied-à-terre et qu’il occupait provisoirement, venait de se vendre (à un prix faramineux) et qu’il allait, du coup, retourner plus vite que prévu à New York, afin d’éviter les frais d’une location, raconte la jeune femme. J’aurais pu évidemment ouvrir tout de suite les yeux, car c’était totalement incohérent avec son soi-disant « confort financier », mais je ne l’ai pas fait et je lui ai proposé de venir habiter chez moi, le temps de trouver une solution convenable. J’étais déjà amoureuse et, en mon for intérieur, je voulais tout, sauf… qu’il s’en aille ».

C’est à partir de là que les incohérences se multiplient. « Non seulement il ne faisait rien pour m’aider dans les tâches quotidiennes, mais il était très dépendant de moi, financièrement parlant, glisse Cassandra. Par ailleurs, il prétendait connaître très bien un tas de personnalités, dont Johnny Depp et Mick Jagger (excusez du peu) et avait toujours plein d’histoires rocambolesques à me raconter (il avait, par exemple, remporté un championnat de tango argentin, à Buenos Aires, où il avait aussi vécu pendant un an, avant d’emménager aux États-Unis). Dans les faits, il était toujours seul et ne faisait pas grand-chose de ses journées, hormis pianoter sur son smartphone. Et lorsque je lui posais des questions sur ces stars qu’il connaissait si bien ou que je lui demandais de me faire une démonstration de danse, il me racontait des choses à peine crédibles (il avait présenté Vanessa Paradis à l’acteur américain, alors qu’il avait tout juste dix-sept lorsque ces deux-là se sont rencontrés) et, quand je lui faisais remarquer que c’était bizarre, il bottait immédiatement en touche (il ne pouvait pas parler de certaines choses confidentielles et son genou, plein d’arthrose, l’empêchait d’exécuter des mouvements amples).

Le pot aux roses

Bizarrement, il n’a jamais accepté non plus mes demandes de suivi sur Instagram et Facebook. Je savais pourtant qu’il possédait des comptes. Bref, il me retournait le cerveau et moi j’étais totalement aveugle. Il y avait plein d’indices qui aurait pu me mettre la puce à l’oreille – je me souviens que, la première fois où ma meilleure amie l’avait vu, elle m’avait dit : « méfie-toi, ce type n’est pas net ! » -, mais je ne voulais pas voir, pas entendre. Je croyais en cette histoire, d’autant que lui ne cessait de me répéter qu’on avait des choses intenses à vivre tous les deux ». C’est la sœur de Lorenzo qui va crever l’abcès. La jeune femme avait aperçu le couple, quelques jours plus tôt, devant le cabinet d’orthophonie dans lequel travaillait Cassandra. « Elle est venue m’attendre un soir, après le boulot, et a tout balancé, explique la trentenaire. Son frère était un mythomane. Il n’était pas diplômé de Polytechnique, mais d’un BTS de commerce et il n’avait jamais vécu aux États-Unis (et possédait encore moins la double nationalité. Pire : leur mère, qui habitait à la Rochelle, était – Dieu merci pour elle !- en pleine forme. La seule et chose qui était vraie c’est que Lorenzo et sa sœur étaient fâchés. En revanche, ils n’avaient pas de frère ». Cassandra est sous le choc. Le soir-même, elle demande à son colocataire de faire ses bagages. « Il ne voulait pas partir, me jurait qu’il m’aimait et qu’il allait tout m’expliquer, mais je n’ai pas cédé, dit-elle. Avec le recul, je m’en veux d’avoir été à ce point naïve et j’ai encore beaucoup de mal à faire confiance aux hommes, mais j’essaie d’oublier comme je peux cette histoire et d’avancer ».

 

 

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