Santé

Rachida (44 ans) et Pierre (46 ans) « Je n’ai jamais su dire je t’aime »

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Rachida a 44 ans et son compagnon depuis 10 ans, Pierre, en a 46. Ils ont tous les deux connu des relations longues avant de se rencontrer. Pour Rachida, Pierre quitte sa compagne. Rachida, elle, est célibataire depuis peu. Entre les deux, c’est le coup de foudre. Pierre craque pour la grande culture de Rachida. Elle, pour l’esprit de poète de Pierre.

Pourtant Pierre avoue que leur début de relation a été difficile : « J’étais fou amoureux d’elle et je n’arrêtais pas de lui mais aussi de lui prouver. Je lui faisais à manger, je lui offrais des cadeaux. Tout ce qui pouvait être romantique pour moi et logique dans un début de relation. Mais si Rachida répondait positivement, elle n’était pas aussi expansive que moi. Je ne la voyais pas faire autant d’effort que je pouvais en faire pour elle. Il n’était pas question de compter les points mais j’ai fini par avoir l’impression que notre relation était déséquilibrée, qu’elle m’aimait moins que moi je l’aimais. Ça a duré quelques mois comme ça et nous avons eu une conversation qui a été très difficile. »

Pierre décide de partager ses doutes avec sa compagne : « J’avais tout préparé pour qu’elle ne se sente pas menacée. Ce n’était pas un ultimatum ou une rupture. Je voulais juste qu’on avance ensemble dans une relation qui nous convenait mieux à tous les deux. Alors j’ai préparé un bon dîner et, au café, je lui ai pris la main et je lui ai partagé ce que j’avais sur le coeur. Que je ne me sentais pas totalement aimé et qu’elle ne me le disait d’ailleurs jamais. Elle s’est mise à pleurer. Elle a dit qu’elle voulait que notre relation continue mais qu’elle ne savait pas dire « je t’aime ». Ça ne sortait juste pas. C’est là que j’ai proposé qu’on fasse une thérapie ensemble. Pour moi, c’était quelque chose qu’on devait faire à deux. »

Manque d’amour

Rachida réussit à partager ses blocages dans le cabinet du psychothérapeute : « Je n’étais pas rassurée du tout. Dans ma famille, on ne fait pas de thérapie. Je n’ai pas d’a priori négatif et je trouvais même ça très bien mais j’avais peur qu’on finisse par découvrir de moi des choses que je ne voulais pas spécialement partager. C’est bête. Les psychologues ne sont pas des magiciens, des mentalistes. Il a quand même fallu deux ou trois séances pour que je me sente assez en sécurité pour parler de moi. J’ai raconté mon enfance, mon père, mes relations les plus longues. Dans toute cette histoire, il y avait clairement un manque d’amour. On ne m’a pas appris à aimer. On n’a jamais rien fait pour m’aimer ou presque. Il venait de là le blocage. Et je ne l’avais jamais vu comme ça. Pour moi c’était quelque chose de très intériorisé et qui ne posait pas de problème dans mes relations avec les autres. Mais être avec Pierre a changé ma vie. C’est normal que ça bouscule aussi ce genre de certitudes. Avec lui, j’ai appris à aimer et appris à le dire. Et ça a changé plus que notre relation à tous les deux. »

J’ai ressenti un tel soulagement que les larmes ont coulé

Rachida apprend à déclarer son amour : « Je n’avais pas de mal à aimer les gens. Dans le fond, je les aimais déjà. Mais le blocage se trouvait dans le fait de l’exprimer et le dire avec des actes ou des déclarations. Ça, je ne savais pas faire. Quand le psychologue m’a permis de dire à Pierre que je l’aimais, je ne pouvais plus m’arrêter. Je lui disais toutes les heures, toutes les 10 minutes, quand on était ensemble, par sms si on n’était pas ensemble. J’étais comme une folle. Il fallait que je puisse le crier partout. Ça a été un raz de marée d’amour, comme si ça avait été contenu jusque-là et qu’il fallait que ça sorte. D’ailleurs la première fois, j’ai pleuré. Ça n’a pas été douloureux mais j’ai ressenti un tel soulagement que les larmes ont coulé. Le psychologue a expliqué que ça arrivait souvent aux gens qui arrivaient à débloquer quelque chose de ce genre. Il y avait souvent les larmes d’abord. En plus de Pierre, j’ai eu besoin de dire aux gens que j’aime que je les aime. Ça a été le cas de mes soeurs, de ma mère, de ma meilleure amie et du fils de Pierre, Théo, qu’on a avec nous en garde partagée. Pour toutes ces personnes, ça a été un choc. Mais un choc positif, je crois. J’ai appris à ne pas l’attendre, mais à chaque fois j’ai reçu une déclaration d’amour en retour. »

Pour Rachida, ce problème a probablement été la cause des échecs de ses relations passées : « Je ne savais pas vraiment aimer et je n’étais pas capable de m’aimer moi-même, je crois que ça a attiré vers moi des personnes qui venaient renforcer ça. Je n’attendais pas qu’ils me disent qu’ils m’aimaient parce que ça ne faisait pas partie de mon système. Et je pense que j’aurais pu continuer longtemps comme ça. Heureusement que j’ai trouvé Pierre. Je dis souvent qu’il m’a sauvé. Ça peut paraître excessif mais j’en suis convaincue. C’est fou ce que ça peut faire dans la vie de savoir dire « je t’aime ». Ça change tout. Et maintenant je peux aussi dire « je m’aime ». Ça a pris quelques années de thérapie en plus mais je ne regrette pas cet investissement. Après notre thérapie à deux, j’ai voulu continuer seule. Encore une bonne décision. Je suis une tout autre personne maintenant. Et tout ça à cause d’un homme merveilleux qui a juste voulu me rendre heureuse. »

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