Cette Française a inventé un applicateur pour coupe menstruelle
Sous ses airs de sextoy en forme de pénis, cette invention de génie pourrait faciliter la vie de nombreuses femmes en période de règles. Un couple de Toulousains a créé un applicateur pour coupe menstruelle, afin de faciliter l’insertion de ce type de protection hygiénique réutilisable.
Tout commence en 2017, lorsque Lola Perez, aujourd’hui âgée de 25 ans, oublie un tampon périodique à l’intérieur de son vagin. « J’ai commencé à me sentir très mal, confie-t-elle. Je ne me souvenais plus si j’avais retiré le dernier tampon de mes règles, et ne parvenais pas à l’attraper. On parlait beaucoup du syndrome du choc toxique à l’époque, et ça a commencé à m’inquiéter. »
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La coupe menstruelle, une protection plus économique
Lola Perez s’est donc rendue chez son gynécologue, qui lui a confirmé la présence du corps étranger. « Mon médecin m’a aussi sensibilisée aux produits chimiques que contiennent un tampon », raconte Lola Perez. Un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), publié en 2018 et relayé par « Le Monde », alertait sur les substances toxiques « préoccupantes » et potentiellement nocives pour la santé, présentes dans les tampons hygiéniques. Pesticides, phtalate, dioxines, furanes formés par les agents chlorés utilisés pour le blanchiment des fibres… la liste est longue. « Au-delà du choc toxique, ça peut créer des irritations et des infections. J’ai flippé et suis passée à la coupe menstruelle », poursuit la jeune femme. À noter cependant qu’en 2020, l’Anses a alerté sur le fait qu’une mauvaise utilisation des coupes menstruelles peut, elle aussi, conduire à un choc toxique.
Ce petit récipient souple généralement fabriqué en silicone médical, est plus écologique. Réutilisable pendant cinq ans, il est aussi plus économique. Selon des estimations réalisées par « Slate » réalisées en juin 2023, une femme peut dépenser jusqu’à 1 167 euros dans les protections périodiques jetables, contre un budget de 150 euros pour une femme qui utilise exclusivement la cup (les montants peuvent fluctuer en fonction des tarifs des modèles choisis). Un écart de prix non négligeable, bien que le marché des protections périodiques ait diminué de 13,4 % depuis la mise en place de la « taxe tampon », précisait « Le Monde » en 2019.
« J’ai galéré pendant six ans à insérer la coupe menstruelle dans mon vagin »
Bémol : l’introduction de la coupe menstruelle dans le vagin est loin d’être évidente. Écarter les lèvres, plier l’entonnoir, et l’insérer avec quelques mouvements de rotation… Cette méthode demande parfois plusieurs semaines, voire des années d’entraînement. « J’ai galéré pendant six ans, souffle Lola Perez. Pourquoi n’existe-t-il pas d’applicateur, comme c’est le cas pour les tampons ? Le mécanisme est pourtant tout bête ! », s’est-elle demandé. En deux temps trois mouvements, cette étudiante qui vient de passer l’examen d’entrée à l’école d’avocats de Toulouse, a imaginé et dessiné l’objet qui pourrait révolutionner l’utilisation de la cup menstruelle, avant d’évoquer le projet avec son compagnon de 28 ans, Anouar Bouiba, qui évolue dans le e-commerce. Tous les deux se sont associés, et c’est ainsi que leur société, My Better Period (« mes meilleures règles » en français), est née. Un succès fulgurant puisque les tutos diffusés sur Instagram et TikTok cumulent des millions de vues.
Silicone médical et plastique recyclé
Cet applicateur pour coupe menstruelle, qui se présente sous forme de poussoir, est composé de silicone médical et de plastique recyclé et recyclable, et est 100% Made in France (fabriqué à Grenoble à Avignon). Une première phase de 300 pré-commandes a eu lieu le 15 octobre dernier, et une campagne de financement participatif a été lancée dimanche 5 novembre sur la plateforme Ulule. Quant à la commercialisation et la livraison, elles sont prévues entre décembre et janvier 2024. L’applicateur seul sera vendu à 35 euros. Plusieurs lots seront également disponibles, dont un applicateur + cup vendu 40 euros, réutilisables pendant cinq ans, ce qui revient à 0,61 euros par cycle menstruel. « Un tarif intéressant, quand on sait que près de quatre millions de femmes sont en précarité menstruelle », souligne la co-fondatrice de My Better Period.
En mars dernier, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé le remboursement par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisables pour les femmes de moins de 25 ans, lorsqu’elles seront achetées en pharmacie. Une mesure qui entrera en vigueur l’an prochain. « Nous aimerions beaucoup être commercialisés en pharmacie, pour que les jeunes filles puissent se procurer notre applicateur et notre cup gratuitement. »
