Santé

Parentalité : quand les grands parents débordent

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Dès le lendemain de son retour de la maternité, Emma accueille sa belle-mère pour le goûter… Qui garde son fils dans ses bras pendant tout le temps de sa visite. « J’en profite pour faire la vaisselle, le bruit réveille mon enfant. Ce à quoi ma belle-mère commente « oh la mauvaise mère. » Je suis surprise mais je ne relève pas. Au bout de 3h, elle me re tend mon fils en n’arrêtant pas de dire « oh mon petit bébé, enfin je sais que c’est le tien bien sûr. » Pour la jeune maman, impossible de ne pas noter ces petites réflexions déplacées que son conjoint relève à peine. « Il a défendu sa mère en me disant qu’elle blaguait. »

Emma n’est pas au bout de ses peines, puisqu’au fil des mois, sa belle-mère se permet de plus en plus de réflexions et mais aussi des actes déplacés. « Elle s’arrangeait avec mon compagnon pour, par exemple, aller chercher mon fils chez la nounou. Je n’étais même pas dans la boucle. Je voulais fixer des jours mais ça ne l’arrangeait pas, elle aimait mieux aller le récupérer quand bon lui semblait tout en se permettant de me faire des réflexions sur mon travail et le fait que je le laisse jusqu’à 18h chez la nounou », ajoute Emma. Avant de poursuivre,  « elle débarquait aussi chez nous à l’improviste avec des petits pots maison en prétextant qu’elle connaissait mieux les goûts de mon fils. »

Trouver sa place en tant que mère

Les grands-parents seraient aujourd’hui 15 millions en France selon les chiffres de l’Insee et son enquête de 2013. Si bon nombre d’entre eux peuvent s’avérer être d’une aide précieuse dans le quotidien auprès de leurs petits-enfants, certains comme la belle-mère d’Emma se permettent des comportements inappropriés.

« La place accordée aux grands-parents est importante. Si ces derniers dépassent les limites, il faut redéfinir le rôle de chacun. Sur les problèmes qui semblent importants aux parents, il faut rappeler que les enfants sont bel et bien ceux des parents », analyse Sandra Barba, psychothérapeute. Ce problème de place, c’est ce qu’a vécu Charlotte à la naissance de sa première fille. En plein post-partum, la jeune maman, qui cherche encore ses marques dans son tout nouveau rôle, se rend chez sa belle-mère en Normandie, 3 semaines après avoir accouché. « Je tenais à allaiter, ce n’était pas très facile et ma fille réclamait mon sein très régulièrement. Fatiguée, j’en profite pour faire une sieste. En me levant, ma belle-mère était en train de donner un biberon à mon bébé, sans m’avoir demandé mon avis auparavant », raconte cette maman parisienne. « Je n’ai rien dit parce que, sur le moment, je n’ai pas réalisé ce qui était en train de se passer. Mais, elle a tout simplement décidé de la fin de mon allaitement. »

Un comportement qui n’est pas anodin selon la psychothérapeute. « Certains grands-parents se remettent d’emblée dans une posture de parent en justifiant que vu qu’ils estiment avoir réussi avec leurs propres enfants autant appliquer la même chose avec les petits-enfants. La mère ou belle-mère pensent souvent que la mère ne fait pas comme il faut. C’est pourquoi il est important de transmettre de suite les règles et le cadre à suivre. »

Quand les grands-parents se remettent dans la peau de parents

La belle-mère de Charlotte ne s’en est pas tenue uniquement à cette histoire d’allaitement. « Quand ma fille a commencé à parler et qu’elle appelait maman, ma belle-mère répondait « oui » à ma place. Depuis, elle fait souvent des choses qui me semblent importantes pour moi dans mon rôle de mère : elle a acheté le cartable pour le CP, elle fait les listes de Noël… » Si son compagnon minimise aussi les actions de sa mère, Charlotte avoue ne pas avoir le courage d’affronter la grand-mère de sa fille. « Elle essaye d’être une maman bis, je ne lui ai pas mis de limite, mais je ne me sens pas capable d’avoir une discussion avec elle, car elle sait très bien où appuyer pour me faire culpabiliser. »

Les grands-parents peuvent parfois dépasser leur rôle

De son côté, Lucie a l’impression de revivre son enfance depuis qu’elle est devenue mère. « Mes parents sont surinvestis dans leur rôle, ils se comportent avec ma fille comme ils étaient avec moi. Dès qu’elle boude etc, ils prennent tout à cœur, dramatisent alors qu’ils devraient profiter d’elle et être là pour les bons moments. » Entre éducation, manque de distance ou place mal attribuée, les grands-parents peuvent donc parfois dépasser leur rôle. Les grands-parents qui « débordent » ont plusieurs profils selon la psychothérapeute. « Ils peuvent dépasser le cadre car ils refusent de vieillir et se remettent donc dans une posture de parents, ou bien parce qu’il y a des conflits profonds entre parents et enfants.

Les familles qui ont besoin des grands-parents s’exposent aussi à un non-respect des règles en les investissant un peu trop auprès des petits-enfants. Enfin, les parents qui ont été toxiques deviennent aussi des grands-parents toxiques. » Pour autant, si le cadre est bien posé, la relation entre grands-parents et petits-enfants peut s’avérer extrêmement riche pour toute la famille.

« Les grands-parents doivent être là pour transmettre une histoire, partager leurs expériences, tenir une porte ouverte pour les petites confidences. Quand le cadre n’est pas respecté, il faut se rappeler que c’est un jeu qui se joue à deux, souvent les parents ont laissé faire. Mais nos enfants sont nos enfants, il ne faut pas l’oublier même pour du détail », conclut Sandra Barba.

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