Santé

Ces femmes ne recherchent plus l’orgasme à tout prix : « Je me sens plus libre, légère et épanouie »

Briser le diktat de l’orgasme. La sexualité conventionnelle est souvent orientée vers une  course au point culminant. Un objectif ultime qu’il est parfois difficile d’atteindre. C’est l’une des raisons pour lesquelles certaines femmes se tournent vers une autre forme de sexualité, à l’instar du « slow sex ». Cette ode à la lenteur, mise au point par la sexothérapeute américaine Diana Richardson, se caractérise par des rapports sexuels en pleine conscience. Une autre façon de faire l’amour, ancrée dans le présent, où l’orgasme ne fait plus partie des priorités. 

Lire aussi >>  Voici les 3 clés d’une sexualité épanouie

Anne, 61 ans : « Cette forme de sexualité nourrit notre lien amoureux »

« Depuis que je pratique le slow sex, je fais l’amour de façon plus détendue, je suis moins dans le « vouloir ». J’ai l’impression d’être plus à l’écoute de mon corps et de mon cœur ; mon attention est moins projetée vers l’extérieur et sur ce qu’il se passe dans ma tête. Mais il m’a fallu du temps pour y parvenir…

Si l’on remonte quelques années en arrière, voici l’idée que je me faisais de la sexualité : créer de l’excitation, et la faire monter jusqu’à son paroxysme. Mais je fais partie de ces femmes qui ont du mal à atteindre l’orgasme. Ça me demandait un peu d’effort, du mouvement et du travail. Puis, une fois que j’avais compris comment l’obtenir, mon corps appliquait cette méthode de manière mécanique. Mes rapports sexuels étaient devenus très routiniers. 

« Je suis bien plus réceptive à ce qu’il se passe dans mon corps, comme si mon vagin devenait plus absorbant »

Il y a près de trente ans, je me suis tournée vers le tantra. Là encore, la recherche de l’orgasme faisait partie de mes objectifs. Puis un jour, une personne de mon entourage m’a parlé d’un stage organisé par Diana Richardson, auquel nous avons participé avec mon mari. Cette découverte a changé ma vie, sexuelle et amoureuse. 

Le fait de ne plus aller chercher l’orgasme rend les choses tellement plus cool. Avant, quand je ressentais du plaisir, j’essayais de l’emmener encore plus loin, dans le but d’accéder à la jouissance. Aujourd’hui, je me laisse envahir par ces sensations – je me sens alors plus libre, plus légère et plus épanouie. Faire l’amour en pleine conscience me permet de ressentir mon énergie féminine, je suis bien plus réceptive à ce qu’il se passe dans mon corps, comme si mon vagin devenait plus absorbant. 

Un continuum amoureux 

Les rapports sexuels avec mon mari durent évidemment plus longtemps qu’auparavant, entre une et deux heures. Parfois, nous pourrions faire durer le plaisir encore jusqu’au bout de la nuit, mais nos agendas respectifs nous ramènent à nos obligations. Il arrive aussi que nous nous sentions suffisamment nourris, et c’est à ce moment-là que nos ébats prennent fin, pour encore mieux se retrouver…

« C’est comme si le cœur se reliait au sexe »

Cette forme de sexualité nourrit notre lien amoureux. Nous sommes beaucoup plus complices, et cela est en partie lié à notre sexualité. Il y a des soirs où l’on se sent tellement connectés, si riches d’amour… Nous savons que c’est parce que nous avons fait l’amour quelques heures avant, comme si le cœur se reliait au sexe.

Depuis que nous pratiquons le slow sex, on ne se dispute quasiment plus. Avant, l’orgasme déclenchait chez moi des crises de larmes. Je ne me posais pas plus de questions que ça, mais maintenant j’ai compris : le fait de fermenter l’excitation jusqu’à l’orgasme crée beaucoup de charges dans le corps, et si l’orgasme en libère une partie, moi, j’avais besoin d’une décharge sous forme de pleurs. L’énergie accumulée était tellement forte qu’il fallait que le corps s’en débarrasse émotionnellement. Je pense que le fait de rechercher l’orgasme à répétition, avec beaucoup d’avidité, peut générer certaines tensions dans le corps, qui se transforment parfois en disputes. On envoie des piques, des paroles blessantes. Toutes ces crises émotionnelles sont désormais derrière moi, et je n’en suis que plus heureuse. »

Anne Descombes, co-autrice de « Slow Sex » (Éd. Marabout) et organisatrice de retraites pour s’initier à cette pratique.

Sophie*, 45 ans : « J’ai l’impression de toucher à un panel de plaisirs beaucoup plus grand »

« Je suis en couple avec Julien* depuis 10 ans. Nous avons eu une première histoire d’amour qui s’est terminée il y a quelques années, avant que le slow sex ne sauve notre relation. 

J’ai toujours eu cette intuition qu’il existait d’autres formes de sexualité. Je me disais « Ce n’est pas possible que le corps humain se contente de ce qui nous est proposé. » Je ne me sentais pas assez comblée, et comme parasitée par cet objectif à atteindre à tout prix.

D’ailleurs, une des raisons pour lesquelles nous nous étions séparés avec mon compagnon, c’est que je n’avais plus envie de faire l’amour. J’avais toujours aimé le sexe, mais petit à petit, mon corps s’était refermé. Mon partenaire et moi étions dans l’incompréhension, parce qu’à côté de ça, nous nous aimions profondément. Alors, quand nous nous sommes remis ensemble, nous avons décidé de reprendre les choses en main à ce niveau-là, en cherchant les outils qui nous permettraient de nous reconnecter.

« Mon partenaire est beaucoup plus présent pour moi »

Notre premier stage avec Anne et Jean-François Descombes [co-auteurs de « Slow Sex » (Éd. Marabout), qui accompagnent les couples dans une sexualité en pleine conscience, N.D.L.R] remonte à 2014. C’est à partir de là que nous avons recommencé à faire l’amour. Ça a été une révélation. Aujourd’hui, je ne suis plus orientée vers le plaisir, mais vers la connexion avec mon amoureux. 

Du fait de ne pas courir après l’orgasme, mon partenaire est beaucoup plus présent pour moi. L’intention n’est plus la même, et j’ai l’impression de toucher à un panel de plaisirs beaucoup plus grands, qui peuvent durer bien plus longtemps que le pic de l’orgasme. Le slow sex nous permet aussi de ralentir, et de ressentir beaucoup plus de choses. Une simple caresse peut être tellement délicieuse, et éveiller tout un cosmos.

« L’excitation surgit par vagues, comme des montées d’énergie sexuelle qui redescendent avant de remonter à nouveau »

Ces nouvelles expériences sexuelles m’ôtent aussi de nombreux soucis quand nous faisons l’amour. Je ne suis plus en train de réfléchir à ce qu’il faudrait faire pour pouvoir enfin monter au septième ciel. Je ne me pose plus de questions, et me sens moins fatiguée après le sexe. L’excitation surgit par vagues, comme des montées d’énergie sexuelle qui redescendent avant de remonter à nouveau. J’ai l’impression d’être plus en lien avec l’intelligence du corps : en fait, je me rends compte qu’il sait faire tout seul, sans être guidé par mes pensées parasites. Et ça, c’est extrêmement agréable.

Depuis que nous goûtons à cette nouvelle forme de sexualité avec mon conjoint, on sent aussi beaucoup plus de liens entre nous, une meilleure acceptation de l’autre. Notre relation est bien plus épanouie que lors de notre première histoire.Cela étant, je pense qu’entre 30 et 45 ans, on grandit, on apprend à mieux se connaître et peut-être à mieux communiquer. Peut-être que si j’évoluais encore dans une sexualité conventionnelle, je saurais aussi mieux appréhender les choses, avec plus de maturité, et que j’aurais trouvé mon chemin… »

(*) Les prénoms ont été modifiés.

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page