Santé

Combien de temps après une fausse couche peut-on faire l’amour ?

Près de 15 % des grossesses se terminent malheureusement par une fausse couche spontanée (source 1), soit une interruption involontaire et spontanée de grossesse qui survient dans les cinq premiers mois et se manifeste généralement par des saignements vaginaux, accompagnés de douleurs dans la partie basse du ventre. 

Cette expérience peut s’avérer plus ou moins traumatisante pour les couples qui n’envisagent pas tous de reprendre immédiatement les rapports sexuels. Mais à mesure que le deuil fait son chemin, la question de la sexualité refait surface. Quand peut-on refaire l’amour après une fausse-couche ? Est-il possible de retomber rapidement enceinte ? Faut-il prendre certaines précautions ? On fait le point avec Virginie Turi, psychologue-sexologue et secrétaire générale du Syndicat national des sexologues cliniciens (SNSC).

Distinguer la fausse couche précoce et la fausse couche tardive

Comme le précise l’experte, il est important de faire la distinction entre les fausses couches précoces, qui surviennentt avant la 14e semaine d’aménorrhée et les fausses couches tardives, qui survient entre la 14e et la 22e semaine d’aménorrhée.

« Certaines femmes font parfois une fausse couche à un ou deux mois de grossesse et s’en rendent à peine compte, indique Virginie Turi. Ces fausses couches sont généralement mieux vécues dans la mesure où les femmes – et leur partenaire – n’ont pas eu le temps et l’occasion d’investir l’enfant à naître. À l’inverse, les fausses couches tardives qui surviennent au deuxième trimestre de grossesse sont généralement moins bien vécues, car la grossesse est plus avancée : le ventre s’est un peu arrondi, on a pu voir le bébé à l’échographie, on a prévenu la famille, les amis, on a acheté un lit, des vêtements, etc. »

Vous l’aurez compris, plus la grossesse est avancée, plus le deuil et la guérison émotionnelle sont généralement longs. 

Quand peut-on reprendre les rapports après une fausse couche ?

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de réagir après une fausse couche… D’un point de vue médical, il est possible d’avoir des rapports sexuels dès que les saignements se sont arrêtés, généralement dans les dix jours qui suivent la fausse couche et le curetage éventuel.

« Il ne s’agit pas d’une règle absolue, mais c’est une indication importante pour que les rapports sexuels reprennent le plus sereinement possible », note l’experte. Et d’insister : « Il est essentiel de communiquer et de respecter plus que jamais le consentement de son ou sa partenaire« . 

Laisser la place au deuil et à la guérison

Comme le résume la psycho-sexologue, la sexualité après une fausse couche est une question individuelle féminine et conjugale. « La fausse couche est encore trop souvent banalisée et balayée comme une simple statistique médicale, regrette Virginie Turi. Pourtant elle peut être très mal vécue et traumatiser certaines femmes ou leur partenaire. Un temps de deuil est souvent nécessaire, même si tout dépend de la manière dont l’enfant à naître a été investi par la femme et de l’histoire du couple (Est-ce leur premier bébé ? A-t-il été conçu par PMA ? La femme a-t-elle déjà fait des fausses couches à répétition, etc.). » 

Certains couples sont raccord et veulent reprendre rapidement les rapports sexuels pour se reconnecter, prendre du plaisir à deux ou essayer à nouveau d’avoir un enfant. D’autres préfèrent prendre leur temps pour digérer ensemble cet évènement traumatisant. Et d’autres encore s’éloignent car ils ne ressentent pas la même chose, ou ne communiquent pas assez et souffrent chacun en silence, ce qui peut retarder la reprise de la sexualité. 

Bon à savoir : d’après l’expérience de notre experte, les patientes ont encore du mal à venir consulter après leur fausse couche. « Le plus souvent, les femmes ne viennent pas nous voir spontanément pour parler spécifiquement de leur fausse couche. Elles viennent généralement plus tard, par exemple pour une dépression masquée, un burn out maternel, une baisse de libido, etc. Et dans l’anamnèse, on se rend souvent compte qu’elles ont vécu un deuil non-résolu suite à une fausse couche. »

Sexualité : quelles sont les précautions à prendre après une fausse couche ?

Après une fausse couche, il est essentiel de permettre aux émotions de s’exprimer. Comme indiqué ci-dessus, chaque personne réagit différemment à cette perte et il est important de prendre le temps de faire son deuil et de guérir émotionnellement. Certaines personnes ont besoin de quelques semaines, voire de plusieurs mois, avant de se sentir prêtes à explorer à nouveau leur intimité physique. Ne vous précipitez pas, écoutez votre corps et vos émotions, comme pour le sexe après un accouchement !

Il est aussi important de laisser votre corps guérir après une fausse couche. Les médecins recommandent généralement d’attendre au moins la fin des saignements, voire un cycle menstruel complet avant de reprendre les rapports sexuels. « Rassurez-vous, le col de l’utérus ne reste pas ouvert après la fausse couche et avec une bonne prise en charge, le risque d’infection est limité« , assure Virginie Turi. 

Enfin, si vous ne souhaitez pas débuter une nouvelle grossesse immédiatement après la fausse couche, choisissez une méthode de contraception efficace (préservatif, pilule contraceptive, patchs contraceptifs, etc.). N’hésitez pas à demander l’aide de professionnels et professionnelles de santé pour vous aider à traverser cette période en équipe !

Faites preuve de patience et de douceur

Au risque de nous répéter, la reprise de l’intimité physique ne se fait pas en un claquement de doigts. Prenez le temps de redécouvrir votre connexion avec votre partenaire de manière douce et aimante. Il est possible de reprendre une sexualité avec ou sans pénétration vaginale ou anale. Toutes les positions sexuelles et toutes les pratiques sexuelles sont envisageables, du moment qu’elles conviennent aux deux partenaires. 

« Je pense que le ou la partenaire a un rôle très important à jouer pour rassurer la femme qui vient de vivre une fausse couche et l’aider à se réapproprier son corps, indique la psycho-sexologue. Cela passe, par exemple, par des massages(érotiques ou non), des caresses ou des baisers qui permettent de retrouver des sensations érotiques, des sensations de présence, de tendresse, d’amour… C’est très important car les femmes concernées ont souvent le sentiment d’avoir échoué et éprouvent généralement une grande culpabilité« , souligne Virginie Turi. 

Pour continuer à faire équipe, discutez de vos sentiments, de vos peurs, de vos besoins et de vos attentes. Faites preuve de transparence et de compréhension pour mieux vous soutenir réciproquement. 

Grossesse : peut-on retomber enceinte après une fausse couche ?

Une fausse couche spontanée et isolée n’altère en rien la fertilité ! L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande d’attendre au moins 6 mois après une fausse couche pour essayer de retomber enceinte. Mais depuis 2014, le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF) estime que les femmes qui le souhaitent peuvent essayer de tomber enceintes dans les trois mois qui suivent une première fausse couche précoce

Si la fausse couche est tardive, il faudra certainement attendre un peu plus, le temps que le taux d’hormones de grossesse bêta-HCG diminue et que l’ovulation se mette en route. En cas de fausses couches répétées, les médecins recommandent toutefois d’attendre les conclusions des recherches étiologiques et la mise en place d’un traitement adapté pour limiter le risque de récidive.

« Quoi qu’il en soit, il est tout à fait normal qu’un couple n’ait pas envie de se relancer dans un projet de grossesse après une fausse couche, ou, au contraire, qu’il souhaite accueillir un autre enfant le plus vite possible. Cela dépend des structures psychiques, des vécus et des souhaits de chaque couple, insiste Virginie Turi. » 

Retour de couches : quand les règles reviennent-elles ?

Vous souhaitez relance votre projet d’enfant le plus vite possible ? Il est généralement conseillé d’attendre le retour le retour de couches, autrement dit, les premières règles après la fausse couche, qui surviennent plus ou moins tôt selon les femmes (généralement quatre à six semaines après la fausse couche). Toutefois, près de 10 % des femmes ovulent avant leur retour de couches. Autrement dit, il est possible de retomber enceinte avant de voir ses règles réapparaître !

Fertilité : pourquoi sommes-nous plus fertiles après une fausse couche ?

Aucune étude n’a vraiment démontré une hausse de la fertilité après une fausse couche… Il s’agit plutôt d’une idée reçue très courante : les chances de concevoir sont à peu près les mêmes avant et après une fausse couche. En réalité, la fertilité féminine peut être influencée par de nombreux facteurs (âge, fréquence des rapports, pathologies éventuelles, état des trompes, etc) et chaque femme est unique !

Quels sont les risques de faire une nouvelle fausse couche ?

Les fausses couches sont le plus souvent isolées et sont généralement accidentelles. Selon l’étude menée par The Lancet en avril 2021 (source 1), 15 % des grossesses s’achèvent par une fausse couche et seules 1,9% des femmes enceintes font deux fausses couches et 0,7% trois fausses couches ou plus.

Parmi les facteurs qui augmentent les risques de fausses couches à répétition :

  • un âge avancé
  • une réserve ovarienne basse
  • des antécédents de fausse couche
  • la prise de certains médicaments
  • des anomalies génétiques chez la femme ; 
  • certaines maladies endocriniennes (diabète, désordre thyroïdien, etc.) ;
  • des désordres de coagulation, comme le syndrome antiphospholipides ; 
  • des anomalies de l’utérus (fibrome sous-muqueux, septum utérin, cicatrice utérine ou syndrome d’Asherman, etc.) ; 
  • l’exposition à certaines substances toxiques, comme le tabac, l’alcool, la drogue ou des produits chimiques ; 
  • etc.

Si vous êtes confrontée à des fausses couches à répétition, n’hésitez pas à chercher du soutien médical et psychologique : des spécialistes en fertilité, des conseillers en génétique, des psychologues, des sexologues ou même des médecins généralistes peuvent jouer un rôle essentiel dans le diagnostic des causes sous-jacentes et dans l’élaboration d’un plan de traitement personnalisé.

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