Santé

Crise de la quarantaine : Nathalie, 42 ans, « On a encore le temps de reprendre à zéro notre vie professionnelle »

Nathalie a 42 ans. Juste après le premier confinement, il y a trois ans, elle décide de changer de vie et de quitter son travail stable comme cadre dans le secteur bancaire pour lancer sa micro-entreprise de création de vêtement en upcycling.

Pour elle, la pandémie a été l’occasion d’une remise en question, mais c’est avant tout son âge qui a été le déclencheur de sa prise de décision : « J’allais avoir 40 ans et je me suis demandé ce que j’avais fait de ma vie. J’avais un emploi, ce que tout le monde n’a pas et j’étais bien rémunérée. Mais, est-ce que ça suffit pour se sentir en paix avec le monde. J’avais l’impression d’avoir une vie de zombie. Je me levais le matin, j’enfilais toujours le même genre de vêtements et je faisais ma journée. Je rentrais tard, souvent trop pour avoir du temps pour mes activités de loisir, comme la couture qui m’a toujours passionnée. »

L’âge du changement

La coach professionnelle Emmanuelle Ameille explique cette remise en question que traversent de nombreuses femmes : « Autour de 40 ans, les femmes ont franchi plusieurs étapes professionnelles sans même s’en rendre compte parfois, allant d’opportunités en opportunités, tout en construisant une famille. L’heure n’était pas forcément à la remise en question. Et, puis un jour, elles ouvrent les yeux. Est-ce que ma vie est équilibrée ? Est-ce que je me suis écoutée ? De quoi ai-je envie pour les années futures ? Certaines femmes peuvent alors être saisies pas une véritable urgence de vie, décuplant ainsi le courage de passer à l’action et de changer de trajectoire. »

Pour les personnes autour de moi, ça a été vu comme un caprice

Nathalie n’a pas d’enfant et est engagée dans une relation depuis cinq ans quand elle décide de quitter son travail pour voler de ses propres ailes. Mais, son choix n’est ni compris ni soutenu par ses proches et son compagnon : « Je me suis sentie abandonnée. J’avais l’impression de faire quelque chose qui avait du sens et j’étais vraiment excitée de ce nouveau départ. Mais, j’ai dû beaucoup me justifier. Pour les personnes autour de moi, ça a été vu comme un caprice. On a eu besoin de faire une pause de quelques mois avec mon compagnon parce que je ne supportais plus nos disputes et ses jugements. » Leur relation a fini par s’apaiser six mois après la démission de Nathalie.

Être accompagnée des bonnes sources

Pour la coach Emmanuelle Ameille, il y a toujours d’autres moyens de trouver des ressources et du soutien en dehors de son cercle proche : « Le temps n’est pas si loin où le Graal était le CDI et la totalité de sa carrière dans la même entreprise. Tout changement de trajectoire peut générer de la peur. Aujourd’hui, l’époque évolue et les entrepreneurs sont de plus en plus nombreux. Dans cette période de transition, c’est important de se rapprocher de personnes qui tout comme nous font le choix de la reconversion et qui y croient. De nombreux réseaux existent et il y en a sûrement dans votre ville. On peut aussi se nourrir de ressources telles que des podcasts, des comptes d’entrepreneurs sur les réseaux sociaux, de personnes dans nos domaines qui sont un peu plus en avance sur le chemin. Se faire coacher peut-être une bonne idée. Identifier ses ressources, déposer ses peurs, réfléchir à son lien à la sécurité, à l’argent peuvent être tout autant de sujets abordés dans un espace bienveillant et soutenant. »

La tentative entrepreneuriale de Nathalie n’a pas été un succès et elle s’est depuis lancée dans le conseil en freelance dans la même branche que son travail initial : « Je suis heureuse de m’être lancée même si ça n’a pas pu durer. Je ne regrette rien. Depuis, j’ai repris le conseil financier, mais à mon compte, je ne supporte plus l’idée de travailler dans un bureau. J’ai besoin d’indépendance, d’avoir mes horaires et ma façon à moi de travailler. Et, je sais que si quelqu’un autour de moi hésitait à quitter son travail stable pour tenter quelque chose, je serais son premier soutien. »

Comment agir face à une réorientation ?

Pour accompagner un proche tenté qui souhaite se réorienter, la coach conseille : « La première chose à faire est de demander à ce proche quel est son besoin. Ce que l’on peut faire pour le soutenir. Il peut être intéressant d’identifier ses propres peurs et croyances sur le travail, l’argent, la sécurité afin de ne pas envahir l’autre de nos propres angoisses. Dans le cas d’un couple, ce choix se discute, car il implique sans doute un réajustement des habitudes passées. »

Je pense que 40 ans, c’est le bon âge pour essayer autre chose

Nathalie a eu du mal à accepter les critiques qui ont mis tous ses choix sur le compte d’une potentielle  crise de la quarantaine : « Pour moi, c’est une crise de sens. J’ai questionné ce que je faisais dans la vie et la réponse ne m’a pas plu alors, j’ai changé de vie. C’est sûr que ça a coïncidé avec le passage à la quarantaine et que c’était un passage important pour moi. Je trouve que 40 ans, c’est le bon âge pour se poser des questions sur soi, ce que l’on fait dans la vie, ce qui nous anime. On a encore le temps de changer des choses, de repartir de zéro. Je ne sais pas si j’aurais eu ce courage à 50 ou à 60 ans. Je pense que 40 ans, c’est le bon âge pour essayer autre chose. Moi, ça m’a permis d’essayer, de me tromper peut-être et de tenter autre chose à nouveau. J’en ai retiré un grand sentiment de liberté. Je ne me sens pas vieille. J’ai l’impression que je peux encore tout faire. Et, c’est ce que je fais. »

Emmanuelle Ameille conclut : « Se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est apprivoiser l’inattendu. : L’emploi du temps qui varie, les revenus irréguliers, la solitude. C’est savoir se dépasser pour vendre ses services. C’est aussi apprendre à se mettre des limites pour gardes des espaces de ressourcement nécessaire au long cours. C’est quitter un chemin tout tracé pour créer sa propre voie. C’est un voyage initiatique dont tout l’enjeu n’est pas le sprint, mais le marathon au long cours. Il faut transformer l’essai de l’audace en une vie professionnelle riche et épanouissante. »

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page