Santé

Elles paraissent plus jeunes ou plus âgées : quatre femmes témoignent

« Dans le bus, les jeunes se lèvent pour me céder leur place »

Pendant longtemps, on ne m’a donné ni plus, ni moins que mon âge. Il y a deux ou trois ans, je ne sais pourquoi, j’ai pris subitement un coup de vieux. Mes paupières se sont alourdies, de petites rides sont apparues au-dessus de ma lèvre supérieure et mon corps s’est empâté. Je ne suis visiblement pas la seule à constater ce changement. Dans le bus, il n’est désormais pas rare qu’un jeune se lève pour me céder sa place. Et quand je vais à la parfumerie, l’hôtesse de caisse me refile systématiquement des échantillons anti-rides. Les premiers temps, je prenais tout cela très mal. Je me souviens notamment de ce mufle qui m’a un jour prise pour la mère de mon époux. La méprise a beaucoup amusé Laurent, qui, je dois le reconnaître, vieillit mieux que moi. Mais je vois bien dans son regard qu’il m’aime et qu’il continue à me trouver belle. J’ai donc décidé d’assumer mon âge… et d’en rire, moi aussi.

Maud, 49 ans, décoratrice 

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« À 16 ans, je me faisais déjà appeler madame »

Je m’habille jeune, je me coiffe jeune, j’ai des activités de jeune mais, pour une raison qui m’échappe totalement, je fais beaucoup plus vieille que mon âge. Je n’y peux rien, ça a toujours été comme ça. À 16 ans, je me faisais déjà appeler madame. Je ne vis pas toujours bien cet état de fait. Au lycée, les autres élèves, mais aussi les professeurs, pensaient souvent que j’avais redoublé plusieurs classes. Je me suis souvent sentie mise à l’écart. Lorsque j’ai décroché mon premier CDI, je n’ai eu aucun problème à me faire respecter, mais j’ai eu du mal à m’intégrer au reste de l’équipe. Mes collègues étaient persuadés que j’avais un mari, des enfants et, surtout, une génération de plus qu’eux. Ils ne me proposaient jamais de les accompagner quand ils allaient prendre un verre après le boulot. J’en ai scotché plus d’un le jour où je leur ai dit que je n’avais que 25 ans. Quant à ma vie amoureuse, c’est une pure catastrophe. Les garçons de mon âge ne me regardent pas, je n’intéresse que les « vieux », et comme ce n’est pas du tout mon truc, je me demande parfois si je ne vais pas finir vieille fille.

Léa, 25 ans, social media manager

« J’ai toujours le sentiment de devoir faire plus d’efforts que les autres pour être prise au sérieux »

J’ai adopté un look classique et je me maquille comme une dame pour essayer de me vieillir, mais rien n’y fait. Avec mon tempérament effacé et ma bouille de bébé, on me croit systématiquement plus jeune que je ne le suis. Peut-être que je m’en réjouirai un jour mais, pour l’instant, je ne le prends pas du tout comme un compliment. Certes, cela présente quelques avantages – j’ai longtemps bénéficié du tarif réduit au cinéma, sans même avoir besoin de fournir un justificatif – et aussi des désagréments comme le caviste qui vous suspecte de ne pas avoir l’âge légal pour consommer de l’alcool. Ce qui me dérange surtout, c’est d’être toujours obligée de faire plus d’efforts que les autres pour être prise au sérieux. Quand je suis en société, j’ai souvent l’impression d’être invisible ou que l’on s’adresse à moi comme si j’avais encore dix ans. Il m’est arrivé de penser que si je me teignais les cheveux en gris, je serais peut-être plus crédible !

Clotilde, 31 ans, cheffe de pub

« On me croit superficielle et obsédée par ma petite personne »

A chaque fois que qu’un inconnu me demande mon âge, je sens bien qu’il est bluffé. Comme je suis petite, mince et que je n’ai quasiment pas de rides, ni de cheveux blancs, on me donne facilement dix ans de moins. Lorsque je suis en jean et en tee-shirt, j’ai à peine l’air plus vieille que ma fille et il n’est pas rare que je me fasse draguer dans la rue par des hommes d’une trentaine d’années. Cela flatte évidemment mon ego, mais ce n’est pas toujours facile à vivre au quotidien. Je ressens souvent de la jalousie, voire de la rivalité, dans mon entourage. On me croit superficielle, obsédée par ma petite personne, alors que cela a toujours été le cadet de mes soucis. Contrairement à certaines femmes de mon âge, je n’ai pas eu recours à la chirurgie esthétique, ni au botox. Je ne fais pas de sport et j’ai même longtemps fumé et abusé du soleil. Si je suis « bien conservée », c’est grâce à ma génétique. Et aussi à mon état d’esprit : je ne rate jamais une occasion de rire et de faire la fête. Dans ma tête, c’est sûr, je n’ai pas mon âge.

Nathalie, 46 ans, infirmière libérale

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