Santé

Gustave et Karine, 46 ans « Après le décès de notre bébé, notre couple allait exploser »

[ad_1]

Gustave et Karine ont tous les deux 46 ans. Ce couple fusionnel partage tout au quotidien et même leurs carrières professionnelles puisqu’ils sont tous les deux architectes d’intérieur. Il leur est impossible d’imaginer leurs vies l’un sans l’autre. Mais il y a 11 ans, Gustave et Karine ont dû suivre une thérapie de couple à la suite d’un drame.

Douleur inexplicable 

Gustave l’avoue, il a déjà pensé à quitter Karine : « J’ai eu cette pensée quelques mois après le décès de notre fille. On a attendu longtemps cette grossesse. Il y en avait eu quelques-unes avant qui n’avaient pas pris. C’était un sujet douloureux pour nous mais on tenait sur l’idée que ça allait marcher un jour. Quand Karine est tombée enceinte et que cette grossesse a dépassé le premier trimestre, on était fous de joie. On avait attendu les trois mois pour l’annoncer à qui que ce soit, pour commencer à y croire et acheter des trucs, préparer une chambre. Le prénom était déjà décidé depuis les premiers essais. On était prêts. »

Une grossesse qui se termine à huit mois, pour moi ce n’était pas possible

Mais leur bébé décède au huitième mois de grossesse : « Au départ, je n’y ai pas cru. C’est Karine qui a donné l’alerte, elle ne sentait plus notre fille bouger. Elle sentait qu’il y avait quelque chose d’anormal. Aux urgences, ça a été très dur parce qu’on avait autour de nous que des femmes très enceintes qui étaient là pour accoucher. Dans la salle d’attente, Karine savait déjà que c’était fini. Elle pleurait en continu. À un moment, j’ai arrêté d’essayer de la convaincre que ça allait aller. Une grossesse qui se termine à huit mois, pour moi, ce n’était pas possible. Je lui en ai voulu d’être aussi négative. Quand on a appris que le coeur de notre fille ne battait plus et qu’il allait falloir que Karine accouche quand même, je ne ressentais plus rien à part de la colère. C’est cette colère que j’ai gardée en moi et que j’ai retourné vers Karine. Elle est restée plusieurs semaines avant qu’on se décide à faire quelque chose. Nos souffrances étaient trop fortes et trop différentes. Notre couple allait exploser. »

C’est sur les conseils de leur médecin que Gustave et Karine décident de voir un psychologue ensemble : « Au début, il était question de nous aider à faire le deuil. On nous a aussi proposé de faire des groupes de paroles avec d’autres personnes qui avait vécu le deuil périnatal. Mais aucun de nous deux ne s’en sentait capable. On a choisi le psychologue parce qu’on sentait qu’il n’y avait pas que le deuil qui allait poser un problème et qu’il fallait qu’on fasse quelque chose avant de se quitter. »

Karine se souvient de cette période difficile : « En plus de la douleur d’avoir perdu notre fille et d’avoir vécu des actes médicaux assez traumatisants, je me suis retrouvée à gérer les sentiments de mon mari. Je lui en ai tellement voulu pour ça. Le psychologue c’était la solution de la dernière chance. Je sentais que si on attendait ou si on ne faisait rien, on n’allait pas s’en relever. Il me parlait mal, je ne lui parlais plus. J’ai eu besoin de rester à la maison pendant plusieurs semaines sans travailler et ça lui faisait une double charge de travail. On accumulait les raisons de s’en vouloir, comme si on le faisait exprès. Il a fallu qu’on se retrouve dans le cabinet du psychologue pour réussir à pleurer et à se dire qu’on s’aimait encore. »

Il fallait que quelqu’un m’aide à sortir de cette spirale

Le plus dur pour Karine a été de réaliser que c’était leur dernière tentative d’avoir un enfant : « Je savais qu’il n’y aurait pas d’autre chance. Je ne me sentais pas capable et je sentais que mon corps n’était pas capable. Mais il y avait une petite partie de moi qui ressentait une profonde injustice. Injustice que j’attribuais à Gustave. Dans ma tête, il ne m’avait pas assez soutenue, il m’avait laissé travailler trop dur, il ne m’avait pas assez écouté quand je lui avais dit qu’il y avait un problème. Comme si 10 minutes auraient changé quelque chose. Comme si quelques heures de repos auraient sauvé notre fille. On a appris après coup qu’elle avait un problème au coeur qui n’avait pas été détecté avant. En tout cas, son coeur s’était simplement arrêté. C’est rare, mais ça arrive et il n’y a personne à blâmer. Je crois que c’est pour ça que j’ai blâmé Gustave. Je n’avais personne à blâmer alors que c’était plus simple de trouver un coupable. Je me suis fermée. Il fallait que quelqu’un m’aide à sortir de cette spirale. »

Les mois où on a été à trois, avec elle dans mon ventre, ont été les plus beaux de ma vie

Devant le psychologue, le couple recommence à se parler : « Ça a pris du temps, mais le fait d’avoir ces rendez-vous, ça nous permettait de nous projeter dans le futur. On savait qu’on allait rester ensemble de semaine en semaine. Et puis ces semaines sont devenues des mois. Et puis, la question de se quitter ne s’est plus posée. On a arrêté notre thérapie de couple au bout de 9 mois. La psychologue nous a dit que c’était un temps classique pour ce genre de cas, « 9 mois pour faire, 9 mois pour défaire ». Je ne veux pas me dire que j’ai défait quoi que ce soit. On fait encore quelque chose pour chaque anniversaire de notre fille, à la date à laquelle je l’ai accouchée. C’est notre façon de lui rendre hommage et de lui dire qu’elle n’a pas été oubliée. Je ne veux pas l’oublier, ça fait partie de mon histoire en tant que personne et de notre histoire en tant que couple. Et puis il y a aussi eu beaucoup de bonheur. Les mois où on a été à trois, avec elle dans mon ventre, ont été les plus beaux de ma vie. C’est à Gustave que je dois ça. »

Continuer la lecture

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page