Santé

Hélène (46 ans) et Frédéric (51 ans) : « J’ai découvert que mon mari était accro à la cocaïne »

Hélène, 46 ans, et Frédéric, 51 ans, sont en couple depuis presque 25 ans. Ils ont ensemble deux garçons qui habitent encore à la maison. Sous les apparences de son couple bien sous tous rapports, Frédéric ont longtemps caché un secret… qui a bien failli bouleverser leur équilibre. 

Hélène a toujours été folle amoureuse de Frédéric : « Ça a été un coup de foudre. Dès que je l’ai vu, je me suis dit que j’allais être avec lui. Ça ne pouvait pas être autrement. Après, il a fallu le convaincre et ça a été une autre musique. Mais moi, je savais dès le départ que ça allait marcher. Ce sentiment de boule dans le ventre quand il entre dans la pièce, je l’ai encore. Ça n’est jamais parti. Je le trouve beau à cinquante, comme il a été beau à 20, à 30 et à 40. C’est un homme qui vieillit bien. Et il vieillit mieux encore parce qu’il est avec moi. J’ai épousé l’homme qui me faisait rêver, je ne sais pas si il y a beaucoup de femmes qui peuvent dire ça. En tout cas, je leur souhaite. »

Des habitudes différentes et… étonnantes 

Pour Hélène, le caractère de Frédéric est à la fois une qualité et un défaut : « C’est un homme qui s’emporte vite, il a besoin que tout aille à sa vitesse. Il ne supporte pas l’inactivité ou la mollesse chez les autres. J’aime son côté volontaire. Mais avec ça, il y a un revers de médaille : il ne traîne jamais au lit, il n’aime pas rester sans rien faire dans le canapé, il rechigne aux câlins. Parfois, j’aimerais juste me poser avec lui à mes côtés et très souvent ça n’est pas possible. Il a toujours été comme ça. C’est pour ça que je ne me suis pas posée de question quand c’est devenu de plus en plus fort. Je me disais qu’il vieillissait et que ce petit défaut s’empirait. Ça n’était rien d’insupportable au début, c’était un peu agaçant au pire. Mais quand c’est devenu son seul mode de fonctionnement, je me suis dit qu’il y avait un problème. »

Il voulait décrocher mais il ne savait pas comment faire

En questionnant son mari, Hélène apprend qu’il est accro à la cocaïne : « On a toujours retiré de l’argent pour gérer nos dépenses quotidiennes donc je n’avais pas fait attention qu’une partie de notre budget partait dans ça. Je n’avais pas fait attention au fait qu’il partait peut-être aux toilettes ou à la salle de bain un petit peu plus que la moyenne. Et pour moi, c’était un truc d’acteurs, de gens du cinéma ou de la musique. On a une vie confortable mais simple. Il est kiné. Il n’y avait aucune raison qu’il tombe là dedans. Sur le coup, quand il m’en a parlé, j’aurais pu penser que c’était une blague si il ne s’était pas mis à pleurer. Il voulait décrocher mais il ne savait pas comment faire. Avant de lui reprocher quoi que ce soit, je me suis mise en mode guerrière. J’ai cherché de l’aide dans des cliniques, des associations, des médecins autour de nous. J’ai fini par lui trouver une hospitalisation qui a duré deux mois. Et un suivi ensuite quand il est revenu à la maison. Mais quand il est rentré, j’avais aussi besoin qu’on s’occupe de nous. Une association me l’avait conseillé et les gens ont eu raison. On a vu un psychothérapeute très bien qui nous a permis de mettre les choses à plat. On en avait besoin parce que j’avais beaucoup de colère en moi et Frédéric de culpabilité. »

Une famille à l’écoute 

Frédéric est désormais accompagné par une équipe de soignants : « Je vais encore faire quelques rendez-vous de contrôle à la clinique, ça m’arrive de parler avec des nouveaux patients, de témoigner qu’on peut en sortir mais si on en sort jamais tout à fait comme on l’imagine. Je vois régulièrement mon généraliste qui me suit depuis le début et j’ai aussi un psychologue qui m’accompagne. Avec Hélène, on voit aussi un psychothérapeute une fois par mois, ensemble. J’ai vu autour de moi des personnes se voir abandonnées quand elles ont trouvé le courage de dire qu’elles étaient addict. Et je comprends aussi que c’est dur de vivre avec un alcoolique ou un toxico. C’est pour ça que je suis particulièrement reconnaissant à Hélène d’être restée et de s’être battue pour moi, avec moi. On a un peu parlé de ça avec les enfants aussi. C’est le psychothérapeute qui l’a conseillé. Ça m’a fait peur parce que je ne voulais pas être jugé mais, avec les bons conseils du psychothérapeute, on a réussi à leur faire comprendre. Il y a eu une phase de sidération et de colère, un peu comme celle qu’Hélène a pu traverser, et ils ont fini par comprendre que ce n’était pas de ma faute.  »

Pour Frédéric, la thérapie de couple a été un élément essentiel de son parcours de soin : « On dit souvent qu’arrêter l’alcool ou la drogue, c’est quelque chose qu’on doit faire pour soi mais qu’on ne peut pas faire seul. Moi, je n’aurais rien pu faire sans Hélène, sans savoir qu’elle allait m’attendre de l’autre côté, sans savoir qu’elle m’aimait encore. C’est la chose dont j’avais le plus peur en en parlant, c’était de la perdre. Mais elle est restée. Malgré tout, après le sevrage, il a fallu qu’on se retrouve et je voulais lui montrer à quel point notre couple était important pour moi. J’ai accepté tout de suite son idée de thérapie de couple. J’ai l’impression que c’est la plus belle preuve d’amour qu’on puisse se faire : se prouver qu’on a envie de se donner les moyens de rester ensemble, malgré les épreuves. »

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