Santé

J’ai joui ? Comment reconnaître un orgasme quand il est discret

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« Le jour où j’ai appris qu’un orgasme ne s’accompagnait pas forcément de cris et de tremblements, j’ai compris que je jouissais plus souvent que je ne le pensais », raconte Maëva, 30 ans. Ou comment, finalement, nos orgasmes sont parfois si discrets que nous ne les accueillons pas comme tels. « Je dis souvent que j’ai des orgasmes asymptomatiques », plaisante de son côté Laura, 33 ans, qui précise qu’elle sent bien qu’il se passe « quelque chose de différent et de plus puissant », sans pour autant savoir s’il s’agit d’un orgasme. Et si apprendre à reconnaître l’orgasme, ou plus exactement nos orgasmes, était une solution sans prétention pour sortir de l’anorgasmie ? Un moyen, aussi, de profiter davantage de la décharge orgasmique pour prendre son pied et s’épanouir sexuellement ?

Revisiter sa vision de l’orgasme

« Rares sont les femmes qui ne savent pas qu’elles jouissent, commence la sexothérapeute Angéla Bonnaud. Néanmoins, certaines ont des doutes quant à ce qu’elles viennent de vivre. » Des doutes qui naissent en partie de nos projections. Nous attendons de l’orgasme, comme d’un bon moelleux au chocolat, des sensations agréables et changeantes, ainsi que des manifestations corporelles intenses en guise de preuve. Notre vision de l’orgasme se résume bien souvent aux images véhiculées par les films pornos, et même les films grand public : les acteurs arborent un visage crispé, gémissent et fusionnent à l’extrême. On en vient à penser qu’il n’en était rien quand, dans la réalité, nous restons muettes et qu’un frisson fugace nous traverse. « Un orgasme n’est pas toujours spectaculaire, précise la sexothérapeute. Selon le contexte ou le degré d’excitation, l’orgasme peut passer presque inaperçu. »

Il arrive également que l’orgasme ne soit pas « perçant ». En d’autres mots, le plaisir est parfois plus diffus. Cela s’explique aisément : « Lorsque les caresses se concentrent sur l’ensemble du corps, et non pas seulement sur la zone génitale, les sensations sont plus dispersées », observe Angéla Bonnaud. En somme, quand on caresse l’ensemble de nos zones érogènes, on peut rencontrer un orgasme moins franc et donc moins identifiable. Or, il s’agissait bien d’un orgasme.

De la différence de nos orgasmes entre masturbation et rapports sexuels

La sexothérapeute Angéla Bonnaud ajoute également que les orgasmes obtenus lors de la masturbation et les orgasmes obtenus dans la relation à deux (ou plus) ne se ressemblent pas toujours : « Lorsque l’on se caresse soi-même, on peut atteindre des orgasmes parfois plus mécaniques », détaille l’experte. Hélène, fan de son stimulateur clitoridien, admet qu’elle s’est habituée à jouir en deux temps trois mouvements, et à flirter avec des sensations épatantes : « Quand je jouis « vite fait » avec mon mec, j’ai l’impression que l’orgasme est fake, alors depuis quelques temps, j’abandonne mon sextoy », témoigne-elle.

En effet, si les sextoys invitent à la découverte de soi-même, ils peuvent faciliter l’orgasme au point de perturber nos perceptions en duo. De la même façon, les frottements sur le gland du clitoris, que l’on initie en solo et sur un oreiller, sont capables de nous offrir de « grands orgasmes », là où la pénétration proposera un contact moins direct avec le clitoris pour un orgasme peut-être moins puissant. L’occasion, donc, de revenir à ses doigts et d’inviter nos habitudes masturbatoires dans le couple ? Si certaines caresses « fonctionnent » à tous les coups et nous procurent beaucoup de plaisir, elles méritent leur place dans notre relation ; nous jouirons comme nous « savons » jouir.

Envie de faire pipi, respiration qui augmente, clitoris qui gonfle… Les preuves de l’orgasme

« L’orgasme est avant tout une réaction physiologique », explique Angéla Bonnaud. En d’autres mots, de nombreuses modifications corporelles s’opèrent : le rythme cardiaque augmente, la température corporelle grimpe, la région pelvienne – c’est-à-dire les muscles du périnée, émet des contractions involontaires, le diamètre de la pupille double, la respiration s’accélère… Tous ces éléments permettent d’identifier l’orgasme qui point. Certes, ce n’est pas le moment d’observer ses pupilles ou de sortir le thermomètre, mais on peut rester attentive à sa respiration, à ses battements cardiaques ou à sa zone intime, qui « se resserre » sous l’effet des contractions périnéales.

« Quand on s’apprête à jouir ou que l’on jouit, on a parfois envie de faire pipi. Je rassure souvent les femmes : non, elles ne vont pas uriner mais avoir un orgasme ! » explique la sexothérapeute. Un « bon signe » à ne pas négliger, du au mouvement du périnée qui titille l’urètre. Plus largement, une certaine chaleur envahit le bas ventre. « C’est comme si toute mon énergie se logeait sur mon pubis, telle une boule de feu, image Marine, 34 ans. Là, je sais que je vais jouir. » Sans oublier, pour certaines, l’impression d’un clitoris très gonflé et tendu : ce n’est pas qu’une impression, le clitoris entre en érection jusqu’au climax et se rétracte pendant l’orgasme, un peu comme s’il voulait se protéger de ce trop-plein de sensations exquises.

Reconsidérer son clitoris pour multiplier les orgasmes

Tous les orgasmes naissent du clitoris. Néanmoins, pendant des années, nous avons été bercées à la dichotomie orgasme vaginal – orgasme clitoridien, avec un discours pour le moins culpabilisateur : l’orgasme vaginal serait grand, puissant, et l’orgasme clitoridien, petit et inutile. Une sorte d’orgasme qui n’en est pas un, une étape préalable avant d’atteindre de plus nobles sommets. Marion, 35 ans, a appris sur Instagram que l’orgasme vaginal n’existait pas : « Ça m’a soulagée. Depuis, avec mon mec, on pratique beaucoup la masturbation réciproque car je jouis plus facilement via des caresses externes, ça a été un déclic », dit-elle.

Néanmoins, cette distinction entre orgasme vaginal et orgasme clitoridien persiste encore dans certains esprits : « Une femme qui jouit lors d’un cunnilingus ou de caresses clitoridiennes peut penser qu’elle n’a pas joui », remarque Angéla Bonnaud. Ce qui revient à rappeler que la pénétration s’impose encore et toujours (et malheureusement) comme étant la pratique qui déclenche l’orgasme et le valide. Or, ce n’est pas parce que le vagin n’est pas sollicité au moment de l’orgasme que ce dernier n’en est pas un.

L’après-orgasme, un moment bourré d’indices

Réévaluer sa vision de l’orgasme pour accepter les orgasmes plus humbles, considérer son clitoris pour entendre qu’il est au cœur de la jouissance ou encore s’attarder sur ses sensations corporelles pour identifier le grand moment, sont autant de solutions pour reconnaître l’orgasme. Mais parfois, l’orgasme reste discret.

Reste alors une piste : reconnaître l’orgasme après-coup. Une fois que l’orgasme a surgi, on peut avoir envie de dormir ou ressentir une grande détente. Le gland du clitoris, lui, peut se montrer hautement sensible, au point de réfuter les caresses. Un autre indice existe, celui des larmes : « Certaines femmes pleurent juste après l’orgasme et cette manifestation les invitent à conclure qu’elles n’ont pas joui, ou bien que le rapport ne leur a pas plu. Or les larmes sont souvent des larmes de plaisir, le signe d’une décharge émotionnelle », développe Angéla Bonnaud. De quoi en conclure que nos orgasmes sont uniques et se présentent à leur manière. Identifier les manifestations de nos orgasmes à nous, avant, pendant et après, est le meilleur moyen d’apprendre à les reconnaître et de s’en délecter.

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