Santé

Jeux vidéo : comment gérer sans bannir ?

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QUEL EST L’EFFET SUR LE CERVEAU ?

Si l’enfant ou l’ado joue plusieurs heures par jour, sa capacité à se concentrer peut être impactée : « Les jeux vidéo font appel à une attention globale qui porte sur l’ensemble du champ visuel, explique Michel Desmurget, chercheur en neurosciences et auteur de “Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital” (éd. Seuil). La concentration requiert à l’inverse de focaliser l’ensemble des ressources cérébrales sur un point unique. » Le sommeil profond, essentiel à la mémorisation, peut aussi être malmené, car même si c’est un jeu, le cerveau se dit qu’il n’est pas dans un environnement sûr et qu’une menace peut surgir à tout instant.

LES JEUX VIDÉO ONT-ILS UN IMPACT POSITIF ?

Au-delà de l’aspect ludique et créatif, certains jeux vidéo développent la confiance en soi, utile à cet âge: « Ils offrent un condensé de ce que l’enfant ou l’ado n’a pas forcément dans sa vie amicale ou une salle de classe, précise le psychologue et consultant Michael Stora, à savoir la possibilité de monter de niveau en niveau en obtenant une récompense. »

LE JEU EN LIGNE PERMET-IL DE ROMPRE L’ISOLEMENT ?

Contrairement à l’image de l’enfant isolé devant son écran, les jeux en ligne changent la donne. « Quand on joue en ligne, on peut parfois jouer en équipe, souvent avec des copains du collège ou du lycée avec qui on continue les conversations du jour », observe Michael Stora. S’il concède que cette échappatoire présente le risque d’enfermer l’enfant dans une « prison dorée », il souligne que des rencontres IRL (« in real life ») entre joueurs existent dans la vraie vie. « C’est une manière de briser l’écran et de partager de réelles amitiés. »

COMMENT ÉVITER LE RISQUE D’ADDICTION ?

« En introduisant les jeux vidéo le plus tard possible, tranche Michel Desmurget. L’Organisation mondiale de la santé recommande zéro écran jusqu’à 2 ans et une heure par jour au maximum entre 2 et 5 ans. Mais le moins, c’est le mieux ! Selon moi, jusqu’à 6 ans, il ne faut pas dépasser trente minutes. » Concernant les plus grands, il ajoute : « Le cerveau de l’adolescent est en construction, il a une vulnérabilité plus grande à l’addiction que l’adulte. »

VERS QUELS JEUX L’ORIENTER ?

« Commencez par du retro-gaming, soit d’anciens jeux en 2D, plus faciles à appréhender », recommande Jennifer Lufau, joueuse et présidente de l’association Afrogameuses. Dès 6 ans, elle conseille les jeux de plateforme sur la console Switch, comme les classiques Mario ou Zelda. « C’est un moyen d’apprentissage comme un autre, on acquiert une compréhension de l’espace en apprenant à se déplacer. » Pour les ados, afin de sortir des populaires Fortnite ou Rocket League, la gameuse conseille de puiser dans la diversité de cette industrie : Farming Simulator, Flight Simulator. Intéressez-vous aux jeux coopératifs comme Overcooked, grâce auquel on prépare des plats en cuisine, ou Among Us, un jeu en ligne dont l’action se déroule dans un vaisseau spatial à la recherche d’un imposteur.

COMMENT ENCADRER LE TEMPS PASSÉ DEVANT L’ÉCRAN ?

Pour Michel Desmurget, la seule solution, c’est de poser des règles simples : un jeu adapté à l’âge et une heure au maximum par jour. Pragmatique, il précise : « Mais cela ne suffit pas. Pour être efficace, il faut que la règle s’accompagne d’explications. Les enfants ne sont pas idiots, si on leur explique que ça grignote du temps de sommeil et que ça empêche de faire autre chose, on parvient à se mettre d’accord. »

JOUER AVEC SON ENFANT, EST-CE UN BON RÉFLEXE ?

« Oui ! J’ai toujours fait des écrans un allié dans la dynamique familiale », observe Michael Stora, psychologue et consultant. Il cite Just Dance dont le but est de reproduire des chorégraphies, mais aussi Mario Kart, jeu de course aussi familial selon lui que le Monopoly. « En Angleterre, au lieu de regarder des programmes de télé-réalité, des familles jouent au même jeu narratif où chacun se passe la manette pour partager un avatar et une aventure. »

QUELS CLICHÉS ÉVITER QUAND ON ABORDE LE SUJET ?

« En tant que grande sœur, le message que je veux faire passer, c’est que c’est un loisir comme un autre, insiste Jennifer Lufau. Évitez de dire que les jeux vidéo abrutissent ou rendent violent. C’est un loisir à encadrer bien sûr, mais surtout à comprendre et à valoriser. N’associez pas un aspect punitif aux jeux vidéo. » C’est contre-productif car cela les fait passer pour quelque chose de primordial.

COMMENT ÉVITER LE CYBER-HARCÈLEMENT ?

Pour Jennifer Lufau, le premier réflexe est de vérifier la classification PEGI (la classe d’âge recommandée) du jeu. « Il faut prévenir l’enfant que le cyberharcèlement existe et lui expliquer que si on l’insulte, il doit venir nous en parler, ne pas hésiter à quitter le jeu, et qu’il n’a pas à répondre aux attaques. Les filles subissent du sexisme en ligne, c’est aussi le rôle des parents de rappeler à leurs garçons que les filles ont évidemment le droit de jouer et qu’il faut les respecter. »

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