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« Mon banquier était trop sexy ! »

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Divorcée depuis trois ans, avec deux enfants en garde alternée, je n’avais pas une vie amoureuse digne de ce nom. A vrai dire, je mettais toute mon énergie à trouver un nouvel appartement. Que j’allais choisir, payer et décorer toute seule comme une grande. C’est là qu’entre dans l’histoire M. le Banquier. Le courtier qu’on m’avait conseillé était sympa, presque trop, mais sa façon de me draguer me donnait une assurance qui était bienvenue : il faut toujours avoir de l’aplomb devant son banquier. Surtout si c’est un homme sophistiqué, bronzé et excessivement courtois comme celui que mon courtier était sur le point de me présenter. Quand je l’ai vu venir vers nous, je me suis sentie tout d’un coup toute chose. Comment allais-je garder mon sang-froid devant ce beau spécimen mâle ? Heureusement, le courtier parlait pour quatre, faisait des blagues grasses et M. le Banquier hochait discrètement la tête, quasi muet. La proposition qu’il m’a faite ne valait pas grand-chose, je le voyais bien, pourtant, mon courtier me poussait à accepter « pour des questions de délai », alors qu’il venait de me dire de fuir les taux variables. En sortant du rendez-vous, j’étais furieuse. J’avais l’impression que ces deux compères machos ne voyaient chez moi qu’une oie blanche à plumer. Pas si bécasse, l’oie : j’ai fait jouer la concurrence et obtenu auprès de ma banque d’alors des conditions bien meilleures. Cependant, j’ai attendu le jour où j’étais censée signer avec le beau gosse – Erwan – pour lui annoncer au téléphone que j’étais ravie de ne pas faire affaire avec lui et son complice. C’était ma petite revanche, je n’en revenais d’ailleurs pas d’être si franche ! Ni lui de se faire passer un savon pareil par une cliente potentielle. Déstabilisé, il a soufflé : « Donnez-moi dix minutes, vous n’avez rien à perdre. » Je l’ai joué cool : « D’accord, dix minutes. » Cette phrase : « Vous n’avez rien à perdre » a résonné en moi, et, par la suite, elle m’a servi pour ne pas me perdre dans ma relation avec lui. Neuf minutes plus tard, montre en main, j’ai eu droit à une offre de financement que je ne pouvais pas refuser. J’ai donc revu Erwan pour signer les papiers.

En tête à tête, contrairement à la première fois, il me regardait sans cesse dans les yeux et répétait : « Je vous veux… comme cliente », en marquant une pause on ne peut plus ambiguë après « Je vous veux… ». Je ne savais pas sur quel pied danser. J’avais la tête remplie de chiffres et de questions financières. Je n’étais absolument pas en mode séduction. Et puis je n’étais pas à l’aise avec cet homme si bling et si différent des intellos bobos que je fréquentais. Je me demandais surtout s’il n’était pas un séducteur en série avec un tableau de chasse de la taille du « Radeau de la Méduse ». N’empêche, je suis entrée dans son jeu, car, tout en me méfiant de lui, je voyais bien que « mon dévoué banquier » – c’est de cette façon qu’il signait – me rendait de précieux services qui excédaient largement son rôle de chargé de compte. Il me trouvait des artisans, me coachait avant de passer chez le notaire… D’accord, il prenait mon bien-être bancaire à cœur, mais à ce point ? Il a même été jusqu’à me dire que je pouvais l’appeler le lundi, alors que l’agence était fermée ! Ou jusqu’à se souvenir de mon anniversaire ! Cette drôle de relation a commencé à prendre beaucoup de place dans ma tête. On s’appelait très souvent, toujours, en théorie, pour des questions liées à mon nouvel appartement dont il réclamait avec insistance des photos, parce qu’il était « passionné de déco ». Quand il m’a envoyé ce mail : « Pour information, votre banquier préféré change de dizaine ce week-end », j’ai demandé : « Qu’est-ce qu’on peut offrir à un homme qui a déjà tout ? » Et lui : « Une photo de vous. » J’étais au bureau, avec ma collègue, qui est aussi une amie, on se marrait comme des ados. J’ai osé : « Avec ou sans maillot ? » Le ton est monté, monté et, pour son anniversaire, M. le Banquier a reçu une photo de moi en maillot. Et une autre sans. Mais ça, je ne l’ai dit à personne. Lorsqu’on a déjeuné ensemble après ces échanges brûlants, il a été très franc : je n’avais rien à attendre de lui sinon quelques instants volés. Et il a établi les règles : nous pouvions nous voir seulement le week-end et jamais dans des lieux publics. Certes, il n’avait pas grand-chose à offrir, mais moi, je n’avais rien à perdre non plus. Du coup, je m’amusais à le provoquer et à le pousser dans ses retranchements au lieu d’être sage et coulante comme je l’avais toujours été avec les hommes. Même au lit, enfin, surtout au lit. Notre première fois a été à la fois excitante et décevante. Excitante parce qu’il m’a envoyé un SMS de trois lettres : « EDT » – envie de toi – et que, quand j’ai répondu : « Où ? » en croyant qu’il allait se dé filer, il a répondu : « Chez toi, je te veux nue en talons hauts. » Ainsi, à l’heure dite, je lui ai ouvert la porte en appliquant ses directives. C’est à peine si on a eu le temps de se regarder, il s’est jeté sur moi, m’a plaquée contre la porte d’entrée… Mais, et c’est là la partie décevante, il n’était pas aussi fort au lit qu’il le croyait. S’il avait été mon petit ami pour de bon, j’aurais pris la chose avec philosophie en espérant qu’il s’améliore avec le temps, mais étant donné que mon intérêt dans tout ça était de m’éclater, je n’ai pas pris de pincettes pour le remettre à sa place. C’était jouissif de lui donner des « leçons » dans mes mails – remplis de fantasmes débridés que je ne me serais pas crue capable de verbaliser – qu’il mettait en pratique quand on se voyait…

Comme il était une  figure de pouvoir, mais qu’il se pliait à mes désirs, j’ai découvert le plaisir de dominer, alors que j’avais été élevée dans la plus pure tradition de la femme soumise à son mari… Bref, avec cette relation où je n’avais rien à perdre, j’ai gagné la liberté de dire et de faire ce que je voulais avec un homme. Mais Erwan m’a apporté sans le savoir quelque chose d’aussi précieux que l’épanouissement sexuel. J’étais en thérapie depuis un moment, mais je tournais en rond… Et, tout à coup, le fait d’avoir une histoire sans contraintes avec ce type friqué, qui aimait l’argent et ne s’en cachait pas, m’a aidée à comprendre que, moi aussi, j’aimais l’argent et qu’il n’y avait rien de honteux à désirer de belles choses ni à avoir des ambitions. Un de nos derniers rendez-vous résume toute notre histoire. C’était un samedi. Après les cinq lettres rituelles, EDT-Où ?, j’ai eu la surprise de lire : « Chez moi, à 18 heures précises. Une demande particulière ? » Alors, ça… « Je te veux nu avec une cravate autour du cou. » Et lui : « Deux nœuds sur un seul homme, ça fait beaucoup non ? – Nan, pas pour moi. » Après avoir poussé la porte d’entrée, j’ai entendu : « Par ici », et je l’ai trouvé assis dans sa cuisine, pieds sur la table, nu, en train de feuilleter un ELLE – je le jure. Découvrir cet homme, mon banquier qui plus est, habillé seulement d’une cravate et de souliers vernis à semelle rouge, juste pour mon bon plaisir, m’a donné une confiance en mon pouvoir érotique et en moi qui m’a changée à jamais. Bien sûr, il a fallu un jour qu’on arrête, et c’est moi qui ai pris la décision, parce que j’avais fait une rencontre qui me semblait importante. Paradoxalement, c’est son effet sur moi qui m’a permis de le quitter sans états d’âme. Avant, je n’aurais pas osé. Et si, dès que j’ai pu, j’ai changé d’agence, je ne suis pas près d’oublier le beau gosse qui m’a appris que le sexe n’est pas sale et l’argent non plus. Et qu’une femme qui sait ce qu’elle veut a plus de chances de l’obtenir.

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