Pour passer de bonnes vacances, apprenez à cultiver votre empathie

L’enfer, ce n’est pas forcément les autres ! Une étude a fait date : celle du psychiatre Robert Waldinger, de l’université Harvard à Boston, qui explique les secrets d’une vie épanouie.  L’argent ? L’accomplissement professionnel ? La joie d’enfanter ? Rien de tout cela ! Dans cette Harvard Study of Adult Development menée par une équipe scientifique sur une période de soixante-quinze ans, et qu’il décortique lors d’une conférence Ted visionnée plus de 45 millions de fois, on découvre que la clé du bien-être serait essentiellement, voire uniquement, liée à la qualité de nos interactions sociales.

Être entouré de personnes bienveillantes au quotidien, d’un amoureux à l’écoute ou d’une amoureuse attentionnée ou d’ados et d’amis sympas… voilà le Graal d’une bonne santé mentale et physique. Alors, si on profitait de l’été pour revitaliser nos liens ? Pas si simple ! Car, on le sait, le fait de se retrouver avec ceux que l’on aime, même dans une jolie maison au bord de la mer, ne suffit pas forcément à vivre en harmonie. Erreur dans la résa de l’hôtel, déception liée à l’humeur exécrable de la copine fraîchement larguée… le moindre grain de sable est susceptible d’enrayer la belle mécanique de ces vacances pourtant attendues avec impatience.

« On a tendance à se mettre une pression démesurée pour réussir son été, en se démenant afin que tout soit parfait, constate la thérapeute de couple Florentine d’Aulnois-Wang (liz. Le pic de mes consultations se situe après Noël et au retour des congés estivaux. Car, pendant ces périodes, mes patients se retrouvent parfois confrontés aux blessures de leur enfance – merci les parents ou les beaux-parents ! –, ou blessés par des remarques anodines. Tout ceci crée une confusion émotionnelle. » Retisser les liens amicaux, familiaux et amoureux demande un effort, de la volonté et un peu d’imagination. Le cocktail de ce mode d’emploi pour un été plus harmonieux.

ÉCOUTER (VRAIMENT) L’AUTRE

« Faire preuve d’empathie, ce n’est pas uniquement se glisser dans les baskets de l’autre, introduit Édith Tavernier, formatrice certifiée en Communication non violente et autrice de “La Communication non violente avec les enfants” (éd. Mardaga). C’est comprendre et prendre en compte les besoins – de réconfort, d’écoute, de respect – de la personne que l’on a en face de soi. » L’exercice à tester Plutôt que de reprocher à son ado d’être sur son smartphone non-stop, on cherche à comprendre ce qu’il y fait exactement, ce qu’il regarde sur YouTube ou sur TikTok. Et on peut l’aider à l’exprimer : « Tu as besoin d’être tranquille ? », « Tu discutes avec tes copains ? », « Qu’est-ce que dit  HugoDécrypte sur tel sujet ? » Quitte à ajouter pourquoi, à la longue, ça nous fatigue : « Écoute, j’aurais aimé discuter avec toi, faire des choses, cela me rend un peu triste que tu ne sois jamais disponible… » »

TESTER L’AUTO-EMPATHIE

L’empathie inclut aussi de mieux dire ce que l’on ressent soi-même. Face au reproche d’un ami ou à une phrase désagréable balancée par sa belle-mère, l’enjeu est de clarifier pourquoi on prend si mal les choses : « La phrase ou l’attitude qui déclenche ma colère, mon agacement ou ma tristesse est le stimulus, rappelle Édith Tavernier, la signification de ma réaction est plus profonde. » L’exercice à tester Après une dispute avec un copain au cours d’un repas, par exemple, on s’éloigne du groupe, on s’isole tranquillement dans sa chambre. « Quand je suis agacé, contrarié, il vaut mieux faire un pas de côté. La communication non violente nous indique que les émotions sont des indicateurs de ce qui est très important pour soi, cadre Édith Tavernier. Une fois qu’on sait ce qui nous a tant touché, on revient vers l’ami en question pour lui dire ce qui nous a vexé ou heurté. Montrer sa vulnérabilité, surtout à ceux que l’on aime, ce n’est pas grave, au contraire. »

ACCEPTER LA PAGAILLE RELATIONNELLE

Et si la dispute éclate, malgré tous vos efforts, tant pis ! Nos liens avec les autres ne peuvent pas être exempts de conflictualité ou de stress. Selon la coach en développement personnel Nathalie Minchella-Gergely, si ce désordre est savamment dosé, il peut même être source d’opportunités. Selon la coach, autrice de « Vive la pagaille relationnelle ! Retrouver de la confiance et du sens au travail et ailleurs » (éd. Gereso), l’essence même d’une relation est de rester vivante pour pouvoir évoluer vers un nouvel équilibre et se transformer avec davantage d’authenticité, de sérénité et de coopération : « Cette instabilité nous pousse à trouver des solutions, d’autres moyens de dialoguer, de vivre ensemble. »

L’exercice à tester

Une conversation ou une situation tourne au vinaigre et vous ne voulez pas aller au combat ? Lâchez prise ! D’abord, reconnaissez que vous ne pouvez pas tout contrôler, puis distinguez ce qui dépend et ce qui ne dépend pas de vous, cessez de « lutter contre ». Enfin, battez-vous pour des choses plus importantes.