Santé

Qu’est-ce que le « plaisir radical », développé en France par la coach Chloé Lécrivain ?

Un nouvel ACTIVISME ?

Se faire plaisir ? Vaste programme ! Pour certaines, ça passera par un carré de chocolat, une grasse matinée, une robe achetée sur un coup de tête. D’autres le trouveront dans une balade au soleil, un moment entre amis, une sieste avec l’être aimé. Le plaisir est protéiforme. Il est subjectif, multiple, poreux. Et très souvent un luxe que l’on s’accorde rarement… C’est exactement ce que cherchent à déconstruire les chercheuses et activistes du plaisir. Elles se nomment Adrienne Maree Brown, Euphemia Russell ou encore Ev’Yan Whitney. Ces femmes, afro-américaines pour la plupart, nourries par les écrits de la poétesse queer Audre Lorde, prônent une pratique qui nous fait du bien. Sans que cela se cantonne à la sphère sexuelle ou marchande. 

Pour elles, il s’agit de faire un pas de côté : le plaisir ne se trouve pas dans la frivolité, le consumérisme ou la futilité. Il est dans la satisfaction de nos besoins à travers « l’abondance naturelle qui existe en nous, entre nous et autour de nous sur cette planète », écrit Adrienne Maree Brown dans « Pleasure Activism : The Politics of Feeling Good ». Se réapproprier son plaisir est un acte révolutionnaire dans un monde où il est trop souvent l’apanage des privilégiés. Et la bonne nouvelle, c’est que chacun peut atteindre un état d’équilibre corporel et mental (appelé « homéostasie » en neurobiologie), car les ressources nous permettant d’y accéder sont illimitées. « L’idée, c’est d’arrêter de voir le plaisir comme une récompense, mais comme un droit », explique Chloé Lécrivain, chercheuse du plaisir, qui démocratise ces questions via son compte Instagram et la création d’espaces féministes pour développer notre capacité au plaisir. Or, dans un monde où règne la contrainte, nourrir son plaisir à tout moment peut sembler absurde, voire impossible. 

L’empire DES SENS

C’est là qu’intervient l’idée de rituel, car  cultiver son plaisir, ça s’apprend ! Tout comme un muscle que l’on peut renforcer, la clé est de « pratiquer le plaisir » pour qu’il infuse notre vie entière et devienne une habitude. Pour cela, il est impératif de nous (re)connecter à notre corps, notamment à travers nos sens. Ils sont de formidables indicateurs de ce qui est plaisant ou non. « Le monde existe à travers nos sens notre pensée et il nous faut tout faire pour conserver au fil de l’existence cette faculté créatrice de sens : voir, écouter, observer, entendre, toucher, caresser, sentir, humer, goûter, avoir du “goût” pour tout, pour les autres, pour la vie », écrivait l’anthropologue Françoise Héritier dans « Le Sel de la vie » (éd. Odile Jacob), ouvrage poétique qui recense les petits plaisirs de la vie.

Nos sens vont nous servir de guide à l’intérieur de nous-mêmes et nous plonger immédiatement dans l’instant présent. À nous de les aiguiser et de les solliciter à tout moment en nous posant une simple question : qu’est-ce que je sens, là maintenant ? Il ne s’agit pas d’aller chercher la réponse dans le mental ou avant d’exister de façon ordonnée dans dans les émotions, mais purement dans les sensations. Cette pratique, inspirée par la psychologie somatique — qui place le corps comme point de départ de la guérison —, permet d’ouvrir le dialogue avec celui-ci. Donc d’identifier plus aisément nos besoins. « Dans le plaisir radical, il y a la notion de prendre la responsabilité de satisfaire ses propres besoins, explique Chloé Lécrivain.

Les besoins primaires bien sûr (dormir, manger, être à l’abri), mais aussi des besoins plus subtils comme ceux d’appartenance, de liberté, de jeu… » Le plaisir radical serait-il un brin égoïste ? Pas du tout ! C’est le plus sûr moyen d’écouter pleinement ses désirs pour un été en pente douce.


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