Santé

Selon une étude, le CBD serait finalement inutile et même dangereux

Une étude qui fait l’effet d’une bombe dans le marché grandissant du CBD. « Leur consommation est un gaspillage d’argent et potentiellement nuisible à la santé », affirment des chercheurs de l’Université de Bath en Angleterre dans un communiqué (source 1). Pour arriver à ce constat, ils ont étudié l’ensemble des données scientifiques disponibles à ce jour sur le sujet. Les conclusions de leur enquête ont été publiées dans The Journal of Pain (source 2).

Aucune efficacité sur les douleurs

De nombreuses personnes se tournent vers le cannabidiol pour soulager leurs douleurs. Pourtant, selon l’étude, celui-ci serait inutile dans ce cadre. « Il n’existe aucune preuve que les produits à base de CBD réduisent les douleurs chroniques. Sur les 16 essais qui ont étudié le lien entre la douleur et le CBD de qualité pharmaceutique, 15 n’ont donné aucun résultat positif, le CBD n’étant pas plus efficace qu’un placebo pour soulager la douleur », affirment les chercheurs.

Le CBD « est présenté comme un remède à toutes les douleurs, mais il n’existe aucune preuve de qualité de ses effets positifs. C’est presque comme si les patients souffrant de douleurs chroniques n’avaient pas d’importance, et que nous étions heureux que les gens fassent commerce de l’espoir et du désespoir ». Pr Chris Eccleston, auteur de l’étude.

Au-delà de son inefficacité, le CBD pourrait même représenter un danger pour la santé. Les chercheurs rappellent « qu’il existe de plus en plus de preuves liant le CBD à des taux accrus d’effets indésirables graves et d’hépatotoxicité », donc de dommages au niveau du foie. Déjà en 2019 en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alertait sur ce risque : « Le CBD peut être potentiellement toxique pour le foie et est susceptible d’augmenter les concentrations dans l’organisme de certains médicaments notamment des anti-épileptiques, avec le risque d’accroître leur toxicité » (source 3).

Des compositions inégales

Les auteurs de l’étude reprochent un manque de « protection des consommateurs ». Selon le Dr Andrew Moore, auteur de l’étude, « en l’absence d’un organisme compensateur pour contrôler les vendeurs de CBD, il est peu probable que les fausses promesses faites sur les effets analgésiques du CBD ralentissent dans les années à venir ». Un constat partagé par l’association Que Choisir, qui avait alerté sur le sujet en 2022 (source 4) : « sur le plan réglementaire, le flou persiste. L’étiquetage n’est pas standardisé. »

Un des risques de la consommation de CBD est ainsi le manque d’uniformité dans la composition. « L’examen des produits à base de CBD disponibles en Amérique du Nord et en Europe montre que la teneur en CBD peut varier de zéro à beaucoup plus que ce qui est annoncé et que d’autres produits chimiques potentiellement dangereux sont souvent inclus. Les produits chimiques contenus dans les produits à base de CBD sont très nocifs pour les enfants, les adultes et les personnes âgées », selon les auteurs de l’étude. Des tests menés par Que Choisir avaient d’ailleurs montré « de fréquents écarts entre le pourcentage de CBD affiché et celui effectivement présent dans le produit ».

Si le cannabidiol est présenté comme une substance naturelle et sans risque, les produits à base de CBD contiennent en effet trop souvent d’autres substances chimiques, comme le THC, le principal composant psychoactif du cannabis. Une observation confirmée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). Lors de leur analyse de produits à base de CBD, plus de 8 sur 10 avaient « une composition différente de celle indiquée sur l’étiquetage » (source 5). Certains produits (6 %) contenaient même des néocannabinoides, dont certains interdits en France comme le HHC. « Dans ce contexte, le consommateur se retrouve à consommer une substance psychoactive à son insu », avait estimé la MILDECA.

En conclusion de leur enquête, les chercheurs estiment que « les preuves actuelles montrent que le CBD contre la douleur est coûteux, inefficace et probablement nocif. Les consommateurs feraient bien de se tenir à l’écart de ces produits ». En France, plus de 16 % des adultes ont déjà consommé du CBD, et plus de 27 % des jeunes de moins de 25 ans, selon un baromètre de Santé publique France publié en 2023 (source 6).


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