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Allô Giulia ? « Mon entourage est contre ma relation »

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« Chère Giulia, 

Je vous écris parce que je devrais avoir des papillons dans le ventre, mais je suis juste très en colère. Je viens de retrouver Alban, mon grand amour de la fac, et au lieu d’être heureux pour moi, mon entourage fait la gueule. Mes amis, mes sœurs, ma mère, tout le monde me dit de me méfier, que ce mec n’est pas pour moi, qu’il n’est pas fiable… Que, en gros, je suis dans une relation toxique, et que je devrais me barrer. J’ai pas (encore) Alzheimer, je me souviens très bien de notre rupture – qui n’en était pas une : Alban a disparu, du jour au lendemain. Il a tout simplement cessé de répondre à mes messages, et moi, je l’ai attendu, comme une idiote, le ventre noué. Enfin, comme une idiote, pas tant que ça : quand il est réapparu dans ma vie, il s’est excusé, et il m’a tout expliqué. Ces années là étaient des années de grosses galères, pour lui, à tous les niveaux. Financièrement, c’était la dèche. Professionnellement, il ne savait pas quoi faire de lui. Ses parents (des fous furieux) lui mettaient une pression de dingue, et lui n’avait tout simplement plus l’impression d’être à la hauteur de notre amour… On en a parlé des heures, je l’ai fait ramer quelques semaines, et puis voilà, c’est reparti, comme au premier jour ! C’est comme si notre histoire s’était terminée trop tôt, et qu’on avait encore pas mal de chemin à faire ensemble… Moi, j’y crois. Et moi, c’est ce que je veux. Mais évidemment, je ne peux pas faire abstraction des réactions de mes proches… Est-ce qu’Alban est toxique ? Est-ce que ce sont eux qui, finalement, ne veulent pas mon bonheur ? Mes copines ont toutes l’air de se faire un peu chier en couple. La routine s’est installée, le quotidien est devenu un peu tristoune… Est-ce qu’elles seraient jalouse parce que, à nouveau, je vis une espèce de passion tout feu/tout flamme ? Je ne sais pas qui je dois croire, Giulia. Je me dis que, peut-être, vous, vous saurez. »

« Chère Lucie,

Moi, Lucie, je crois surtout en vous. Et je me méfie des mots à la mode. Vos amis, et vos parents vous aiment certainement très fort et redoutent de vous voir souffrir à nouveau. Mais, à la louche, il y a autant d’enfants « HPI », que de « pervers narcissiques », ou de « relations toxiques » autour de nous. Donc peut-être qu’ils font fausse route, presque par réflexe : à force d’employer des termes qu’on ne maîtrise, au fond, que très mal, dans tous les sens, pour n’importe quoi, ils finissent par n’avoir plus aucun sens. Alors… Pour reprendre tranquillement les fondamentaux… Une relation toxique est une relation qui vous grignote. Elle occupe tout votre espace, tout votre temps, votre pensée, au point que vous vous y noyez. Elle vous modifie, vous ne vous reconnaissez plus, et vos amis non plus. En général, un par un, vous les perdez et c’est exactement ce que cherche la personne toxique : vous isoler au maximum, faire de vous sa proie, son doudou, son jouet… Et pouvoir jouer tranquille avec, sans que personne ne puisse y trouver rien à redire. La proie se rebelle ? Il lui dira que c’est sa faute, et pourra, ainsi, allègrement continuer son petit jeu dégueulasse. C’est ça, une relation toxique. Ses contours en sont très clairement délimités, et les effets sur ceux qui la subissent sont toujours les mêmes : dévouée corps et âme à celle ou celui qui vous maintient sous son emprise, vous finissez par être totalement dépossédée de vous même, et comme la seule chose qui compte est d’obtenir un bon point, vous vivez avec la trouille au ventre – celle de mal faire, et de déclencher le courroux de votre seigneur et maître. Est-ce que c’est ça que vous avez ressenti avec Alban ? Vous seule le savez, puisque vous seule viviez cette relation de l’intérieur. C’est vous que vous devez écouter, et en toute honnêteté, Lucie. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’on ne change pas les gens : si Alban a été toxique il y a dix ans, là-dessus, vos amis ont raison, il y a toutes les chances qu’il le soit à nouveau aujourd’hui, quelles que soit les trésors d’énergie que vous pourriez déployer pour lui. 

Epargnez-vous, ça, c’est la seule chose qui compte vraiment. Soyez-vote meilleure amie, pas votre pire ennemie.  

PS : vous pourrez dire de ma part à Alban que c’est bien tenté, le coup de la pression financière, mais ça ne fonctionne pas. Rien ne justifie jamais de se comporter comme une petite raclure de bidet, encore moins avec les gens qu’on aime. Il a été d’une lâcheté sans nom, et c’est pas des semaines, à mon avis qu’il faut le faire ramer. C’est des siècles. 

PPS : ceci posé, oui, vous avez raison : il y a dix ans, votre histoire ne s’est pas terminée, elle s’est évaporée… Peut-être que c’est ça que vous cherchez : une forme de clarté, une vraie fin, qui vous permettrait enfin de passer à autre chose. Mais pour le savoir, il va falloir le vivre… » 

Je vous embrasse, Lucie.

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