Santé

Sinusite sphénoïdale : définition, symptômes, causes et prise en charge

La sinusite sphénoïdale, aussi dite sphénoïdite, désigne une inflammation peu courante des sinus sphénoïdaux, situés à l’arrière du nez, juste au-dessus des ailes narinaires. Bien moins connue que la sinusite maxillaire, ethmoïdale ou frontale, elle peut être à l’origine de symptômes tout aussi handicapants et se compliquer gravement. Comment la reconnaître, le prévenir et le prendre en charge ? Réponses du Pr Justin Michel, médecin ORL, chirurgien cervico-facial et membre de la Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou (SFORL).

Définition : qu’est-ce qu’une sinusite sphénoïdale ?

La sinusite sphénoïdale est une infection virale, bactérienne ou fongine des sinus sphénoïdaux, de petites cavités remplies de monoxyde d’azote (No), greffées très profondément dans l’os sphénoïde du crâne, entre les yeux. « Ces sinus habituellement stériles sont tapissés par une muqueuse respiratoire et communiquent avec les fosses nasales par des ouvertures étroites au niveau de l’ostium sphénoïdal », précise l’expert. Et d’alerter : « Leur proximité avec des structures sensibles telles que l’artère carotide, les nerfs optiques et le lobe frontal du cerveau rend l’inflammation de ces sinus particulièrement préoccupante ».

À quoi servent les sinus sphénoïdaux ?

« On ne connaît pas exactement le rôle des sinus, répond le Pr Michel, et on ne sait pas non plus pourquoi ils contiennent du monoxyde d’azote ou pourquoi ils sont situés à leur emplacement. » Deux théories principales se dégagent, explique l’expert… Première hypothèse : les sinus allégeraient le massif facial et auraient favorisé le passage à la bipédie. Seconde hypothèse : les sinus agiraient comme des tampons thermiques et protégeraient les yeux et le cerveau des variations de température de l’air.

© Ameli.fr

Douleur en haut du crâne, nez bouché, fièvre, fatigue… Quels symptômes doivent alerter ?

Les symptômes de la sinusite sphénoïdale peuvent être variés. Ils comprennent notamment :

  • une congestion nasale,
  • une rhinorrhée postérieure,
  • des maux de tête persistants,
  • une douleur derrière les yeux,
  • des douleurs au sommet de la tête,
  • une sensation de pression au niveau du nez,
  • des troubles visuels plus ou moins importants,
  • une fièvre éventuelle, supérieure à 38,5 °C,
  • etc.

« La douleur persistante au sommet du crâne ou à l’arrière des yeux doit vraiment alerter, indique le Pr Michel. Elle est généralement majorée lorsque les patient(e)s penchent la tête en avant et résiste aux antalgiques », note-t-il.

La sinusite sphénoïdale est-elle contagieuse ?

La sinusite sphénoïdale en elle-même n’est pas une maladie contagieuse : elle ne se transmet pas directement d’une personne à l’autre. Toutefois, les infections susceptibles de causer une sinusite sphénoïdale peuvent être contagieuses… C’est notamment le cas du rhume ou de la grippe !

Les virus à l’origine de ces infections virales se propagent notamment par le biais de gouttelettes restées en suspension dans l’air lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue. Les personnes en bonne santé qui se retrouvent ensuite exposées à ces gouttelettes peuvent donc être contaminées et développer à leur tour un rhume ou une grippe responsable d’une infection potentielle des sinus sphénoïdaux.

Il est donc essentiel de prendre des mesures pour prévenir la propagation des infections respiratoires, telles que le lavage fréquent des mains et l’évitement des contacts étroits avec les personnes malades !

Quelles sont les causes de la sinusite sphénoïdale ?

Les causes des sinusites sphénoïdales sont généralement les mêmes que celles des sinusites maxillaires, frontales ou ethmoïdales, indique le Pr Michel.

Les sinusites sphénoïdales peuvent donc être liées à une infection par voie nasale d’origine virale, bactérienne ou fongique (liée à un petit champignon, l’aspergillus), mais aussi à une allergie impliquant des rhinites récurrentes. Des polypes nasaux ou des anomalies anatomiques qui obstruent le drainage des sinus sphénoïdaux.

Par ailleurs, le tabagisme, certaines maladies impactant le système immunitaire ou encore la pratique de la plongée peuvent augmenter les risques.

Quant à savoir pourquoi les sinus sphénoïdaux sont atteints, et pas les sinus maxillaires, frontaux ou ethmoïdaux… « C’est la roulette russe, la faute à pas de chance », reconnaît le médecin.

​Sphénoïdite : quelles sont les complications possibles ?

Le risque de complications est plus élevé en cas de sphénoïdite, du fait de l’emplacement des sinus sphénoïdaux… D’autant plus si l’affection n’est pas diagnostiquée et traitée correctement. Parmi les complications les plus courantes associées à la sinusite sphénoïdale :

  • des troubles visuels, par exemple une baisse de l’acuité visuelle, une paralysie des nerfs oculomoteurs, voire un œdème des paupières ;
  • et de graves complications neurologiques, comme une méningite ou un abcès intra-cérébral.

Dans des cas rares, l’infection peut entraîner la formation de caillots sanguins dans les veines qui drainent le sang du cerveau, provoquant une thrombose veineuse cérébrale. Des infections osseuses peuvent aussi nécessiter une intervention chirurgicale. Et plus rare encore, l’infection peut parfois s’étendre à l’intégralité du corps, on parle alors de septicémie.

Quoi qu’il en soit, ces complications sont relativement rares et la plupart des cas de sinusite sphénoïdale sont pris en charge avec succès.

Un traitement est rapidement mis en place, souvent avant la réalisation d’un scanner des sinus, pour prévenir toute complication. Dans certains cas, une chirurgie des sinus sphénoïdaux est aussi envisagée, souligne le Pr Michel. 

Peut-on prévenir ce type de sinusite ?

La prévention de la sinusite sphénoïdale implique la gestion appropriée des affections sous-jacentes telles que les allergies et la prise en charge rapide. Elle passe aussi par des gestes simples : le mouchage régulier et le lavage de nez. « Une bonne hygiène nasale est indispensable en cas de maladie, cela permet de diminuer la charge virale et la pullulation bactérienne dans le nez », assure le médecin. Il est aussi possible de réaliser des inhalations humides ou de recourir à un humidificateur d’air.

Diagnostic : comment savoir si on a bien une sinusite sphénoïdale ?

Le diagnostic d’une telle sinusite passe évidemment par un interrogatoire et un examen physique précis. Vient ensuite le temps de l’endoscopie nasale : le médecin utilise un endoscope (un tube rigide ou flexible muni d’une minuscule caméra et d’une source de lumière à son extrémité) qu’il insère dans le nez des patient(e)s. « Cela nous permet de constater – ou non – la présence de polype ou d’autre anomalie qui aiguillerait notre diagnostic », note le Pr Michel. Et d’ajouter : « lorsque l’on suspecte une sinusite sphénoïdale, ethmoïdale ou frontale, on prescrit d’abord un scanner des sinus, puis éventuellement une IRM, en troisième intention ».

À noter : l’imagerie médicale ne doit pas retarder le traitement ! « Si on suspecte une sinusite sphénoïdale mais qu’il n’y a pas de créneau disponible pour un scanner avant trois semaines, on débute le traitement et on prescrit un scanner de contrôle pour contrôler l’évolution de la situation », prévient notre expert.

Traitement : comment soigner cette affection des sinus sphénoïdaux ?

Le traitement de la sinusite sphénoïdale dépend de la gravité des symptômes et de la cause sous-jacente. Les options thérapeutiques incluent des antibiotiques pour les infections bactériennes, des corticostéroïdes pour réduire l’inflammation, et dans certains cas, une intervention chirurgicale endoscopique pour éliminer les obstructions ou drainer les sinus. Comme indiqué ci-dessus, la grande majorité des personnes en proie à une sinusite sphénoïdale répondent bien au traitement !

Quel antibiotique pour une sinusite sphénoïdale ? Pendant combien de temps ?

On prescrit généralement l’association amoxicilline/acide clavulanique pour une durée d’une à deux semaines. Des fluoroquinolones (lévofloxacine ou moxifloxacine) peuvent aussi être prescrits. Cela doit calmer les symptômes délétères. Mais si ces symptômes persistent au bout de 48 heures, la chirurgie s’impose.

Chez l’adulte, des médicaments antalgiques permettent de soulager les douleurs. Des vasoconstricteurs locaux peuvent aussi permettre de retrouver un peu de confort (à prendre pendant 5 jours maximum).

Comment se passe la chirurgie pour vider les sinus ?

La chirurgie des sinus sphénoïdaux est recommandée dès lors que les traitements médicaux conventionnels ne sont pas assez efficaces, ou lorsque la sinusite sphénoïdale est causée par des problèmes anatomiques tels que des polypes nasaux ou une déviation de la cloison nasale. Elle peut être réalisée sous anesthésie locale ou générale, en fonction de la complexité de la procédure et des besoins des patient(e)s.

L’intervention en elle-même consiste à aspirer le contenu purulent des sinus sphénoïdaux sous endoscopie nasale, par un orifice pratiqué expressément dans le sinus. Les tissus enflammés ou infectés sont ainsi éliminés pour restaurer la fonction normale des sinus. En cas d’obstruction, le chirurgien peut élargir les passages des sinus pour améliorer le drainage, ce qui réduit le risque d’infections récurrentes.

Des contrôles endoscopiques sous anesthésie locale seront nécessaires dans les semaines qui suivent l’opération, prévient l’expert.

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