Santé

Thérapie de couple : Maxence (37 ans), et Hélène (36 ans), « On est heureux de ne pas avoir lâché »

En 2019, une étude américaine estimait que 50% des couples aux États-Unis avaient déjà eu recours aux services d’un conseiller conjugal. En France, même si ce service de thérapie de couple est proposé par de nombreux et nombreuses thérapeutes, les couples sont encore peu à sauter le pas. Par méconnaissance, peur de l’introduction d’un tiers dans les problèmes du couple ou mise à jour justement de ces mêmes problèmes, les couples français semblent avoir du mal à avoir recours à un tiers de confiance pour résoudre leurs conflits. Pourtant, il n’est pas toujours nécessaire d’être au cœur d’une situation de conflit pour avoir recours à la thérapie de couple. Pour certaines personnes, il s’agit uniquement de poser des bases saines pour la relation future, pour d’autres trouver des compromis au quotidien sans frustration larvée.

Sauter le pas

Maxence, 37 ans, et Hélène, 36 ans, en couple depuis plus de 10 ans, ont entamé une thérapie de couple il y a 2 ans : « Hélène était déjà en thérapie de son côté et elle me pressait pour en commencer une à mon tour. Je ne me sentais pas capable de le faire alors c’est elle qui a proposé qu’elle m’accompagne autour d’une thérapie sur notre couple. Sur le coup, je me suis dit qu’il n’y avait rien à en dire et qu’on allait vite en faire le tour. Et en fait, ça fait 2 ans qu’on y va 1 heure toutes les 3 semaines. » Hélène a fait cette proposition avec l’espoir que Maxence dédramatise la thérapie. Pour lui, c’était un truc de personnes qui a de graves soucis et le besoin de se faire soigner. Il ne voyait pas ça comme un temps pour soi. « Je me suis dit qu’y aller avec lui serait un bon moyen de casser ses a priori », explique Hélène.

Le déclic

Le couple se considère comme heureux : « On n’avait pas de problème majeur au quotidien, rien de plus que les petites engueulades classiques sur le ménage et le choix du programme télé. Le premier rendez-vous, je me suis dit que je n’avais rien à dire. Et puis à trois, assez naturellement, on s’est mis à parler de la frustration qu’on pouvait ressentir parfois, d’angoisses liées à ma propre famille. Je me suis mis à dégueuler des trucs auxquels j’ai l’impression de ne jamais penser. » Hélène est impressionnée par cette première séance : « Il faut savoir que Maxence a passé les années précédentes à faire des petites remarques à la con sur ma propre thérapie. À ne pas prendre au sérieux le travail que je faisais pour moi. Pour lui, c’était de l’argent dépensé un peu en l’air au même titre qu’une après-midi au spa. Mais dans la salle de consultation, tout a changé. J’ai senti qu’il était ouvert et même à nu et ça m’a touchée. On a reparlé par la suite de la façon dont il avait jugé ma thérapie et il s’est excusé. Mais pour ça, il avait eu besoin de voir ce que ça faisait vraiment. En 2 ans, je l’ai vu pleurer. Je l’ai vu dire des choses sur ses parents qu’il ne m’avait jamais dites. Ça m’a vraiment confortée dans mon choix de continuer cette thérapie ensemble. »

Au moment de commencer la thérapie, Hélène demande à sa propre thérapeute de lui conseiller une consœur : « Je voulais que ce soit une femme et je voulais que ce soit une personne différente de celle que je vois de mon côté, pour ne pas tout mélanger. Je sais que certains thérapeutes proposent de faire la thérapie de couple en même temps que les thérapies individuelles mais je ne me sentais pas d’avoir un accompagnement aussi complet avec une seule personne. Ma thérapeute, en qui j’ai une totale confiance, m’a conseillé deux personnes et après un coup de téléphone, je savais que c’était la première de la liste que je voulais voir. Le temps a prouvé que j’avais fait un bon choix. »

Un impact sur la vie de tous les jours

Au quotidien, le couple se rend compte des bénéfices de la thérapie en commun : « On a une approche différente de la communication maintenant. Quand on sent qu’il y a un conflit qui arrive, on est capables de se poser à table et de se parler sans s’aboyer dessus. On ne traîne plus des rancœurs pendant des jours. Et ce qu’on a découvert l’un sur l’autre nous a fait plus nous aimer. La façon dont il parle de son enfance me touche énormément. Je sais, puisqu’il me l’a dit qu’il a déjà été impressionné par ma force et que ça lui est sauté au visage en pleine séance. » Maxence s’est mis à apprécier et même à attendre avec impatience ce moment à trois : « Pour moi, la thérapeute est importante mais elle n’est pas la personne à laquelle je pense quand je pense à ces moments-là. J’ai l’impression qu’elle agit comme un catalyseur et que la lumière est vraiment sur nous en tant que couple. Les relances de la psy c’est uniquement pour nous faire parler. Je me suis mis à adorer ce temps à deux où il n’y a rien d’autre que nous, en tant que couple, dans une pièce. »

Hélène se félicite de ne pas avoir lâché l’affaire : « J’ai supporté les petites réflexions, le jugement de sa part, le mauvais esprit sur ma propre thérapie et le fait que jusqu’au bout il mettait en avant le fait qu’il y allait pour moi. En fait, il s’est excusé d’avoir été aussi con et m’a assuré plus tard que c’était un beau cadeau que je lui avais fait. Je suis heureuse de ne pas avoir lâché. Je pense que c’est un exercice qui est important bien avant d’être en conflit tout le temps et d’avoir juste la séparation à gérer. C’est plus facile de se livrer et de parler quand on se sent aimé et qu’on a envie de construire ensemble. Si j’avais su, j’aurais insisté pour commencer cette thérapie avant. » Maxence s’est décidé pour entamer une thérapie de son côté : « Il m’a fallu du temps et je pense de la confiance en moi mais maintenant je me sens prêt. Je sais que je vais devoir trouver la bonne personne pour moi mais ça ne me fait pas peur. Je sais aussi que je m’engage pour un moment mais je suis aussi à l’aise avec ça. Avec une thérapie chacun de notre côté, on a décidé d’espacer les moments de thérapie de couple. On y allait toutes les trois semaines, on ira tous les mois. C’est un budget, c’est sûr, mais on a les moyens et surtout on voit véritablement que ce n’est pas de l’argent jeté par la fenêtre. C’est un investissement sur nous, en tant qu’individus et en tant que couple. Depuis qu’on fait ça, j’ai moins d’envie d’achats compulsifs. Je sais aussi qu’on se donne toutes les chances pour durer donc on s’évitera, j’espère, le prix d’une séparation. »

On recommande ou pas ? 

Le couple n’hésite pas à recommander la thérapie à leurs amis : « Je pense que pour certaines de mes amies, la thérapie de couple pourrait être un moyen de voir qu’il n’y a plus rien à sauver et donc leur permettre de gagner du temps. Pour d’autres, c’est juste des ajustements, un peu comme pour nous, et une communication à débloquer. Mais tout le monde en a besoin, quelle que soit la problématique. Chacun a un intérêt à faire une thérapie, j’en suis convaincue. Et chaque couple aussi. » Maxence est heureux d’avoir mis ses peurs derrière lui : « Je faisais de l’humour parce que j’avais peur de ce qui pouvait ressortir de ces séances. Pour moi, avant, plus on parlait plus on risquait de faire ressortir des problèmes avec lesquels on n’avait pas vraiment de mal à vivre. J’ai compris que c’était une connerie de penser comme ça. Les problèmes ont besoin d’être résolus, point. Essayer de le faire ensemble c’est une preuve d’amour. C’est sûr que de ce côté-là, j’ai changé de façon drastique. Et je ne pourrais jamais remercier assez Hélène de m’avoir fait changer. » 

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page