Santé

Toucher rectal : indications, mode d’emploi et précautions

Le toucher rectal est un examen médical qui gène ou intimide encore de nombreuses personnes. Il joue pourtant un rôle crucial dans la prévention, le dépistage précoce et le suivi de plusieurs pathologies liées au rectum et à la prostate. Pourquoi est-il si important ? Comment se déroule-t-il ? À quel point peut-il être douloureux ? Est-il possible de le refuser ? Éclairages du Dr Elise Pommaret, gastro-entérologue et proctologue.

Définition : qu’est-ce qu’un toucher rectal (TR) ?

Le toucher rectal (TR) est un examen médical qui consiste à insérer un doigt ganté et lubrifié dans le rectum d’un(e) patient(e) à la recherche d’anomalies éventuelles comme des nodules, des tumeurs, des kystes ou des problèmes de prostate, explique l’experte. « C’est une procédure relativement courante, généralement pratiquée dans le cadre d’un examen proctologique : on palpe le rectum et les organes avoisinants comme la prostate chez l’homme ou les parois du vagin chez la femme », souligne-t-elle.

Un examen proctologique essentiel !

« Le toucher rectal peut être impressionnant, mais, en pratique, il est généralement rapide, sans douleur et fournit de précieuses informations pour mieux diagnostiquer et prendre en charge nos patient(e)s, insiste Elise Pommaret. Il permet notamment :

  • Le dépistage précoce du cancer de la prostate (dans ce cas, il est associé à un dosage sanguin de l’antigène prostatique spécifique) ;
  • La découverte d’anomalies dans le rectum, telles que des hémorroïdes, des polypes ou des infections ;
  • La surveillance des affections de la prostate chez les hommes déjà diagnostiqués (cancer de la prostate, hypertrophie bénigne de la prostate, etc.). 
  • Plus étonnant encore, il peut être utilisé pour résoudre le syndrome du pénis captif en favorisant la décontraction des muscles du périnée chez la femme.   

Bon à savoir : « On distingue le toucher anal et le toucher rectal, note l’experte. Le toucher rectal suppose que le doigt de l’expert(e) dépasse le sphincter anal ».

À quel âge et pourquoi faire un toucher rectal chez l’homme ou chez la femme ?

Commençons par préciser que le toucher rectal est quasi-exclusivement réservé aux adultes : « On évite de réaliser cet examen chez les enfants, car il présente souvent peu d’intérêt sur le plan diagnostic. Il existe toutefois quelques exceptions : en cas d’appendicite ou d’infection, voire d’incontinence ou de constipation », indique le Dr Pommaret.

L’âge auquel le premier toucher rectal est réalisé dépend notamment des antécédents médicaux de la personne et des recommandations médicales en vigueur. Chez l’homme, il intervient souvent dans le cadre du premier dépistage du cancer de la prostate, à partir de 50 ans (ou de 40 ans en cas d’antécédents familiaux). Chez la femme, l’âge du premier toucher rectal est beaucoup plus variable.

Quelles sont les principales indications du toucher rectal ?

Plusieurs symptômes d’alerte peuvent justifier un toucher rectal :

  • la présence desang dans les selles ;
  • des difficultés à commencer ou à arrêter la miction ;
  • une miction douloureuse ou très fréquente, en particulier la nuit ;
  • une sensation de vidange incomplète de la vessie ;
  • des douleurs intenses et persistantes dans la région pelvienne ;
  • des problèmes de constipation persistante ou de diarrhée ;
  • des saignements rectaux (qui peuvent faire penser à des hémorroïdes) ;
  • etc.

Des antécédents familiaux de cancer de la prostate (en particulier chez le père ou les frères) et une évolution inexpliquée du taux de PSA (l’antigène prostatique spécifique) demandent aussi une surveillance plus étroite.

Vous l’aurez compris, le toucher rectal n’est pas systématique : c’est un geste invasif basé sur une évaluation médicale individuelle qui prend en compte les symptômes, les antécédents médicaux et les facteurs de risque de chaque personne. 

Autrement dit, le toucher rectal n’est pas réalisé à la légère. Si besoin, il peut être complété par d’autres testsou examens pour affiner le diagnostic (une rectoscopie, coloscopie, biopsie, échographie, scanner, etc.) !

Le toucher rectal n’est pas toujours suffisant pour dépister un cancer de la prostate !

Comme nous l’explique le Dr Pommaret, l’utilisation du toucher rectal est de plus en plus discutée pour diagnostiquer un cancer de la prostate. Pour cause ? « Il permet d’identifier les petites tumeurs superficielles, mais pas forcément celles qui se trouvent en profondeur. Autrement dit, il n’est pas suffisamment précis pour constituer à lui seul un outil de dépistage fiable », explique l’experte. La mesure du PSA couplée à un IRM ou une échographie semble une mesure de dépistage bien plus efficace

Mode d’emploi : comment se fait un toucher rectal (TR) ? Dans quelle position ?

Avant toute chose, rappelons que le consentement éclairé des patient(e)s est indispensable pour réaliser un toucher rectal. La première chose à faire consiste donc à poser toutes vos questions à votre médecin.

Dans un premier temps, vous serez généralement invité(e) à vous déshabiller et à enfiler une blouse médicale. Détendez-vous puis suivez instructions de votre médecin. Il peut vous demander de vous allonger sur le dos et relevant les jambes pour coincer vos pieds dans des étriers prévus à cet effet, de vous allonger sur le côté, genoux pliés vers votre poitrine ou de rester debout en vous penchant légèrement en avant, les coudes appuyés sur la table d’examen.

Le ou la professionnel(le) de santé enfilera des gants médicaux stériles et appliquera une petite quantité de gel lubrifiant sur le gant et sur l’anus pour faciliter la pénétration. Il ou elleinsérera lentement son doigt ganté lubrifié dans votre anus, puis dans votre rectum en veillant à ne causer aucune douleur. Il ou elle palpera ensuite l’anus, le bas du rectum et les organes de voisinage pour détecter toute anomalie, telle que des bosses, des indurations, une hypertrophie, etc. Vient ensuite le temps de retirer le doigt, de jeter le gant et d’essuyer l’anus.

Est-ce que le toucher rectal est douloureux ?

Lorsqu’il est réalisé correctement, le toucher rectal peut être inconfortable, mais il ne devrait normalement pas être douloureux !, insiste le Dr Pommaret. Et de préciser : « La douleur peut justement témoigner d’un problème sous-jacent ». La communication ouverte avant et pendant l’examen rendra l’expérience plus confortable. Quid des crèmes anesthésiantes ? « Elles sont tout à fait inutiles dans la mesure où le lubrifiant facilite déjà grandement l’insertion indolore du doigt dans l’anus », estime-t-elle.

Qui sont les médecins autorisés à pratiquer un toucher rectal ?

Le toucher rectal peut être pratiqué par :

  • des médecins généralistes,
  • des urologues,
  • des proctologues,
  • des gastro-entérologues,
  • des oncologues,
  • des ostéopathes,
  • des kinésithérapeutes,
  • ou certaines infirmières.

Peut-on refuser un toucher rectal ?

Il est évidemment possible de refuser un toucher rectal pour des raisons personnelles. Toutefois, il faut bien prendre conscience qu’il s’agit d’un acte médical, souvent indispensable et irremplaçable. « Refuser cet examen peut compliquer le diagnosticet empêcher l’amélioration des symptômes », prévient le Dr Pommaret. Avant de refuser cet examen, faites part de vos réticences ou de vos peurs à votre médecin : posez-lui des questions sur la raison de l’examen, sur le déroulé de l’examen, sur ses avantages et ses risques potentiels. Cela vous permettra d’être mieux préparé(e) sur le plan émotionnel !

Quelles précautions prendre avant un toucher rectal ?

Le toucher rectal est un examen de routine qui ne demande ni anesthésie locale, ni préparation particulière. Comme indiqué ci-dessus, privilégiez des vêtements confortables et faciles à retirer. Essayez de vous détendre autant que possible : la tension musculaire dans la région anale peut rendre l’examen plus inconfortable. Prenez le temps de respirer lentement et profondément.

Côté hygiène, vous n’avez pas besoin de préparer particulièrement votre intestin. « Les lavements anaux ne sont pas indispensables et peuvent même gêner les examens suivant, comme l’anuscopie. Il est cependant conseillé de maintenir une bonne hygiène personnelle : essayez d’aller à la selle avant l’examen et lavez soigneusement votre anus avec de l’eau et du savon », conseille-t-elle.

Gardez à l’esprit que le toucher rectal est généralement une procédure brève et que les médecins et autres expert(e)s sont formés pour la réaliser de manière respectueuse et professionnelle. 

Le toucher rectal est-il risqué ? Quelles peuvent être les complications ?

Le toucher rectal est souvent accusé d’être à l’origine d’irritations locales, de saignements, d’infections, de lésions, voire de perforations des muqueuses. En réalité, si l’examen est correctement réalisé, il n’y a pas de risques particuliers, estime le Dr Pommaret.

Cet examen est tout de même relativement contre-indiqué pour les patient(e)s souffrant d’hémorroïdes ou de fissure anale et présentant des risques d’hémorragies ano-rectales. Au risque de nous répéter, si vous ressentez une douleur excessive pendant l’examen ou des symptômes inhabituels après un toucher rectal, communiquez !

Peut-on faire un toucher rectal soi-même pour vérifier sa prostate ?

Il n’est généralement pas recommandé de pratiquer un toucher rectal soi-même pour contrôler l’état de sa prostate. Le toucher rectal est une procédure médicale qui nécessite une formation spécifique pour être effectuée correctement et en toute sécurité ! Si vous êtes préoccupé parla santé de votre prostate il est préférable de consulter un(e) expert(e).

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