Santé

Vaginisme : retrouver l’envie d’être pénétrée, une piste pour en sortir

Le vaginisme se définit comme une « contraction involontaire, répétée et persistante du périnée en cas de tentative de pénétration, avec un doigt, un objet ou un pénis, ou les trois », selon les termes de la sexologue Angéla Bonnaud, spécialiste du sujet, qui publie « Vaginismes » (éd. La Musardine) avec sa consœur Margot Maurel. Un titre au pluriel pour rappeler qu’il existe plusieurs formes de vaginismes : celui-ci peut être partiel (seul le pénis est objet de blocage, par exemple) ou total, mais aussi primaire (il est installé depuis « toujours ») ou secondaire (il survient plus tardivement). Dans tous les cas, il n’est pas question de « petit » ou de « gros » vaginisme : quelle que soit la forme avec laquelle on flirte, « ce trouble psychophysiologique peut handicaper la sexualité », notifie l’experte. Résultat, on a tendance à éviter la pénétration avec le pénis, ou bien à la « forcer », en vain. Or, selon la sexologue, « il ne faut ni fuir, ni se contraindre, mais faire l’amour avec son vaginisme en adaptant sa sexualité à la pratique de la pénétration ».

Éviter la pénétration ou la forcer : deux solutions qui ne font pas leurs preuves

« Si le vaginisme peut naître à la suite d’une agression sexuelle, et donc d’un traumatisme, il se déclare parfois pour des raisons plus discrètes, attenantes aux discours tenus sur la sexualité dans notre société », observe Angéla Bonnaud. Quels discours ? On entend que la première fois génère des douleurs, ou encore qu’il faut aimer la pénétration, au risque de ne pas mener une vie sexuelle « normale » et délicieuse. « L’idée selon laquelle il faut se donner au partenaire et savoir l’accueillir entraîne parfois de la pression, donc un blocage, puisque la pénétration n’est plus perçue comme une pratique plaisir mais comme un objectif », note la sexologue.

Pour cette raison, faut-il réhabiliter le sexe sans pénétration ? La sexologue est formelle : éviter la pénétration est une solution pour dépasser son vaginisme, mais une solution temporaire. S’en passer, voire s’en priver, alors qu’elle nous attire – ne serait-ce que pour retrouver une sexualité aux multiples facettes et le choix des pratiques, revient à s’avouer vaincue. « À l’inverse, certaines de mes patientes me confient parfois qu’elles forcent la pénétration, ce qui demeure contre-productif, puisque le corps reçoit le mauvais signal, celui d’une pénétration obligatoire, si bien que le blocage se renforce », alerte la sexologue. La véritable solution se loge dans l’entre-deux : inviter son vaginisme au lit, et avancer, avec lui et en douceur, vers une « pénétration plaisir ».

Retrouver l’envie d’être pénétrée, ça veut dire quoi ?

« On a le droit d’aimer la pénétration, et c’est aussi le message que nous faisons passer avec Margot Maurel dans notre ouvrage. Inviter une patiente qui souffre de vaginisme à oublier cette pratique est délétère, puisqu’elle entendra que son trouble a gagné », explique la spécialiste. L’important est donc d’adapter sa sexualité sans la brider.

Le chemin à prendre ? « On part d’une sexualité non pénétrative, puis on va investir la pénétration », éclaire Angéla Bonnaud. Mais comment « investir » la pénétration ? En redécouvrant l’entrée du vagin, zone grandement oubliée. « Elle est considérée comme une zone inutile, or elle est sensible, les bulbes clitoridiens sont juste derrières, et le périnée, lui, est juste là. Si on la caresse avec du lubrifiant, de chouettes sensations peuvent naître », note la sexologue. L’intérêt, c’est de retrouver l’envie d’être pénétrée. De passer du temps sur le seuil vaginal, en somme, jusqu’à sentir que le périnée se détend et que le vagin s’ouvre. Petit à petit, moment intime après moment intime, le simple fait d’apprivoiser cette zone pourra changer la donne.

Pratiquer la pénétration statique

Grâce aux caresses vestibulaires – à l’entrée du vagin, on peut ressentir l’envie d’être pénétrée. Cette envie pourra estomper les blocages psychophysiologiques en prenant le dessus. « On ressent une dilatation vaginale, une excitation, et on lubrifie », précise Angéla Bonnaud. La pénétration se tente alors, avec tendresse. « S’il y a douleur ou tension, on arrête, même si tous les feux semblaient être au vert. Si ça va, on opte pour une pénétration très partielle, et, surtout, statique », insiste la sexologue.

En effet, ne pas bouger, voilà qui est aidant. Le périnée a davantage de chance de se détendre, là où les mouvements pénétratifs, même les micromouvements, envoient des messages de force. Le corps pense alors que le pénis, ou le doigt, veut entrer coûte que coûte, ce qui peut le « fermer ». L’un sur l’autre, donc, on s’immobilise, on s’embrasse, on se parle.

Responsabiliser le binôme

Évidemment, ces étapes, en plus de demander un minimum de temps, exigent de la communication dans le couple. « Si on en parle, si l’autre comprend ce qu’il se passe et se joue, on aura beaucoup davantage de facilités à adapter sa sexualité au vaginisme, puisque le ou la partenaire s’adaptera aussi », note la sexologue. En somme, on est deux à adapter notre sexualité, et non pas solo, à se triturer l’esprit en se demandant « comment proposer des caresses à l’entrée du vagin puis une pénétration façon 123 soleil ».

Se sentir comprise et avoir le sentiment d’avancer à deux, en binôme, permet du même coup de projeter la pénétration de manière positive. La pression redescend : on n’est pas là pour recevoir un pénis, mais pour s’unir, fusionner. Cette (jolie) vision – ou version – alimente l’imaginaire érotique. « Percevoir la pénétration comme une pratique positive, pour soi et pour son couple et dans un cadre rassurant, participe à l’envie d’être pénétrée et stimule l’excitation », rassure la sexologue. Voilà pourquoi on fera donc le choix de « responsabiliser le binôme » : pour qu’il ne soit plus question de forcer le passage ou d’élaborer des stratégies d’évitement, mais de prendre la route, ensemble, vers une sexualité plus détendue.

Pour davantage de conseils : « Vaginismes, comprendre, se soigner, s’épanouir », d’Angéla Bonnaud et Margot Maurel, éditions La Musardine, 166 p.

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