Santé

Allô Giulia ? « Je suis persuadée que ma compagne est infidèle »

« Chère Giulia,

Je suis en couple avec Mathilde depuis trois ans, et je crois qu’on s’aime encore très fort… Sauf que je suis sûre qu’elle me trompe. Je la sens, on se sent très bien, toutes les deux, et là, je sens surtout qu’elle est fuyante. Quand elle ment, je le vois tout de suite, et elle me sort toujours des prétextes qui tiennent pas la route pour expliquer ses retards, ses absences, etc. Elle a toujours été un peu comme ça – très bordélique, pas très organisée, persuadée de pouvoir être partout à la fois, donc en vrai, elle n’arrive jamais à faire le quart de ce qu’elle avait prévu… Mais j’aime ça, chez elle aussi. Moi qui suis quelqu’un de très sérieux, très carré, elle met un peu de vie dans mon monde. D’ailleurs, peut-être qu’à l’inverse, elle s’ennuie depuis qu’elle est avec moi ? En vrai, ça fait quelques mois que c’est un peu compliqué entre nous. Depuis qu’on a décidé de faire un enfant, en fait. Pour moi, il était temps. Elle, je pense qu’elle aurait aimé attendre encore un peu, mais on va dire que j’ai une certaine force de conviction !

Donc on entame le parcours gynéco, les traitements, la première FIV, la deuxième FIV… C’est moi qui vais porter l’enfant, et comme j’ai peur que ça ne marche pas, je fais attention à tout un tas de trucs du quotidien – l’hygiène et le sommeil, par exemple. Donc je deviens chiante, j’avoue… Est-ce qu’elle a besoin, du coup, de s’éclater ailleurs ? Ca lui ressemblerait bien : Mathilde a toujours été un peu infidèle. Elle me jure que je suis la première qu’elle n’ait jamais trompée, et j’ai envie de la croire, mais je ne sais plus. Je n’arrête pas de lui poser la question, je vois que ça l’agace – et je me demande si le résultat, ça n’est pas qu’elle fuit la maison encore plus… Sauf qu’elle a beau me dire que non, qu’elle m’est fidèle, et qu’elle m’aime, quelque chose, en moi, ne la croit pas. Vous en pensez quoi, vous ? » – Aline, 37 ans 

« Chère Aline,

Euh… Je ne la connais pas… Je ne vous connais pas… Je ne vis pas avec vous… Et un jour, comme super-pouvoir, j’aurais l’extra-lucidité sur personne inconnue, mais c’est pas gagné. Alors je vais faire avec ce que j’ai, d’accord ?

1/ Tromper, c’est pas comme boire : on peut avoir trompé et devenir fidèle. Mathilde peut tout à fait être arrivée à une période de sa vie où elle n’a plus envie de se démultiplier. Elle peut aussi avoir trouvé avec vous, si carrée, si sérieuse, le fond de solidité qui lui manquait pour se poser. Alors, non, pour comprendre votre présent, le passé n’aidera pas.

2/ Votre présent, c’est un projet d’enfant. Qui, si j’ai bien compris, est un peu moins le sien. Alors, oui, peut-être que ça lui fout la trouille, et peut-être que c’est de ça dont vous feriez mieux de parler… D’autant qu’il vous angoisse sans doute un peu, vous aussi. Vous vous apprêtez, l’une et l’autre, a basculer dans un autre monde : celui de la parentalité. Votre histoire va passer de deux, à trois dimensions. Votre temps, votre espace, vos repères vont en être chamboulés, et vous savez toutes les deux qu’il vous faudra des mois avant de trouver un nouvel équilibre. Toutes celles qui sont passées par là vous le diront : oui, il y a de quoi flipper. De quoi se faire des petites obsessions hygiénistes ou autre. Et, en général, sur l’autre avant tout le reste.

3/ On ne pose de question que quand on est capable de supporter la réponse, et de savoir quoi en faire. Imaginez que Mathilde finisse par répondre « oui ». Oui, elle vous trompe. Oui, elle vous ment. Que ferez-vous ? Votre valise avec vos gamètes dedans ? Ou alors vous restez, vous souffrez, vous rongez votre frein, au moment même où il vous faudrait la plus grande des sérénités ? Dans tous les cas, on y revient : c’est la question de l’enfant qu’il vous faut, à nouveau, aborder toutes les deux. Vous n’êtes pas à quelques mois près. Pour vous assurer le meilleur avenir possible, à vous seule, à vous deux, à vous trois (quatre ???), prenez le temps d’en rediscuter. Et, cette fois, Aline, mettez vous en position d’écoute. Je ne doute pas de votre force de conviction. Tentez, cette fois, votre capacité d’empathie ? Si vous voulez le faire à deux, ce bébé… Faites le vraiment à deux. Et avec Mathilde, si c’est ce que vous voulez vraiment.»

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page