Santé

Psoriasis du visage : comment le reconnaître, quel traitement ?

Le psoriasis est une maladie inflammatoire qui se développe chez des personnes prédisposées génétiquement. Lors d’une poussée, la peau s’épaissit à certains endroits et devient rouge.

L’apparition de ces plaques résulte d’un emballement du système immunitaire. En réaction à une agression (infection bactérienne ou virale, stress…), les lymphocytes, des cellules immunitaires, deviennent hyperactifs. Ils vont alors stimuler de manière excessive les cellules de la peau. « Au lieu de se renouveler en 28 jours, elles vont le faire en deux semaines », explique le Dr Marc Perrussel, vice-président du Syndicat national des dermatologues et responsable d’une consultation spécialisée au CHU de Rennes.

On ne sait pas expliquer pourquoi le psoriasis s’exprime à tel endroit plutôt qu’à tel autre. Différentes hypothèses sont avancées, selon le dermatologue : « au niveau du cuir chevelu, la prolifération bactérienne locale due à la transpiration pourrait être une explication. À d’autres endroits (coudes, genoux, ceinture…), des frottements pourraient expliquer l’apparition de plaques ». Une chose est sûre : le psoriasis n’est pas une maladie contagieuse, contrairement à une idée reçue encore bien ancrée aujourd’hui.

Comment savoir si c’est un psoriasis du visage ?

Les taches sont rouges bien limitées, avec des fines squames sèches, ou plus grasses.

Des plaques sur le front, les sourcils, le nez, le menton, les joues, les oreilles…

Dans le psoriasis du visage, les plaques rouges sont localisées sur la zone T du visage, c’est-à-dire :

  • Le front ;
  • Les sourcils ;
  • Les ailes du nez ;
  • Le menton ;
  • Les joues ;
  • Le cuir chevelu ;
  • Les paupières ;
  • Les oreillespeuvent être atteintes eux aussi.

« Chez l’adulte, les lésions du visage sont généralement associées à des plaques sur d’autres régions du corps », rapporte l’Association France Psoriasis (source 1). Chez l’enfant, les lésions sur les paupières et autour de la bouche sont fréquentes.

En cause, l’excès de sébum sur le visage

En cas de psoriasis du visage, l’apparition des plaques serait liée à l’excès de sébum sur le visage. Celui-ci renferme en effet une levure qui, en proliférant, va irriter la peau et déclencher le phénomène inflammatoire. Ce type de psoriasis touche davantage les hommes qui sécrètent naturellement plus de sébum que les femmes. Il est plus rare chez les enfants.

Dermite séborrhéique ou psoriasis ?

« L’atteinte du visage s’exprime le plus souvent par de petites squames grasses sur le front, les sourcils et les ailes du nez : cette forme clinique est appelée dermite séborrhéique. Lorsque cette dernière est associée à un psoriasis du corps, on parle parfois de sébo-psoriasis », explique France Psoriasis.

Comment diagnostiquer un psoriasis du visage ?

Dans 95 % des cas, l’examen clinique de la peau suffit à poser le diagnostic de psoriasis. En cas de doute, on effectue un prélèvement et une biopsie cutanée, précise le Dr Marc Perrussel, vice-président du Syndicat national des dermatologues et responsable d’une consultation spécialisée au CHU de Rennes.

Psoriasis léger, modéré ou sévère

À partir de là, la maladie est classée en différents stades : psoriasis léger, modéré ou sévère. La gravité est jugée en fonction de plusieurs critères, à commencer par la surface de peau touchée. Si le psoriasis s’étend sur plus de 10 % du corps, il est considéré comme sévère (par comparaison, la paume de la main ne représente que 1 % du corps).

Le dermatologue tient compte également du retentissement de la maladie sur la qualité de vie du patient. Est-ce qu’il est déprimé ? Est-ce qu’il n’ose plus se montrer ? Autre indice : le temps consacré à se traiter. Plus de dix minutes par jour, c’est un critère de gravité, estime le Dr Perrussel.

Comment faire partir le psoriasis du visage ?

Le traitement du psoriasis du visage est adapté en fonction du degré de sévérité. L’arsenal thérapeutique est très vaste. Si une molécule ne marche pas, on en essaie une autre. « Le psoriasis est une maladie qu’on peut soigner, même si on ne peut pas la guérir », rappelle le dermatologue.

L’hydratation de la peau, à la base du traitement

Avant toute chose, en cas de psoriasis du visage, il faut éviter que la peau ne se dessèche, l’irritation favorisant l’apparition de plaques.

L’hydratation est le premier traitement de la maladie, souligne le dermatologue qui recommande l’utilisation quotidienne de crèmes spéciales ‘peau sèche’ ou des bains hydratants, deux fois par semaine, dans lesquels on ‘jette’ une ou deux poignées d’amidon de blé ou de maïs. 

« En cas de fort ensoleillement, éviter une exposition directe pour ne pas brûler la peau. Utiliser une crème protectrice adaptée – de préférence « écran total » pour le visage – surtout en cas de poussée de psoriasis », conseille également France Psoriasis.

Des crèmes et traitements locaux

Pour un psoriasis du visage léger, des corticoïdes locaux ou des produits associant de la vitamine D et un dermocorticoïde peuvent être appliqués sur les plaques. « Ces produits donnent de très bons résultats. Il faut les utiliser en traitement d’attaque pour éliminer les plaques ; puis deux fois par semaine en traitement d’entretien, à vie », précise le dermatologue.

Des traitements systémiques

Différentes possibilités existent pour soigner un psoriasis du visage plus étendu :

Elle consiste à exposer la peau à des rayons ultraviolets. Les séances se pratiquent en cabine. Mais, comme les rayons du soleil, ce type de traitement augmente à long terme le risque de cancer de la peau. Par précaution, le nombre de séances est limité à deux ou trois pendant dix semaines, et ne doit pas dépasser 150 sur toute la vie.

Le plus connu d’entre eux est commercialisé sous le nom de Soriatane. Ce médicament limite le renouvellement excessif des cellules cutanées et affine la peau. Il est efficace, mais au prix d’effets secondaires importants. Il est, en particulier, toxique chez la femme enceinte et ne doit jamais être prescrit aux femmes en âge de procréer.

C’est aujourd’hui le traitement de référence dans le psoriasis. Il est prescrit à dose anti-inflammatoire, explique le Dr Perrussel.

Le médicament se prend soit en comprimé, soit par voie injectable, une fois par semaine. Les patients doivent être suivis sur le plan biologique, par des prises de sang régulières, afin de vérifier qu’ils ne développent pas d’effets secondaires en particulier au niveau du foie. « Si le méthotrexate reste sans effet au bout de trois mois, il faut changer de traitement », précise le dermatologue.

Ce médicament, connu comme immunosuppresseur (anti-rejet) après une greffe d’organes, est également actif dans le psoriasis. « On obtient très rapidement un blanchiment de la peau, c’est-à-dire une disparition des plaques », estime le Dr Perrussel. La ciclosporine est prescrite en situation d’urgence pour faire face à une forte poussée de psoriasis ou en cas de grossesse, sans risque pour le fœtus.

Là encore, il faut surveiller l’apparition d’éventuels effets secondaires, en particulier un risque d’hypertension artérielle et d’insuffisance rénale. Tous les mois, une mesure de la pression artérielle et un dosage sanguin de la créatinine doivent être effectués.

Pour limiter les risques, la ciclosporine ne doit pas être prescrite plus de deux ans en continu.

Vendu sous le nom d’Otezla, il se prend en comprimés. Il calme efficacement l’inflammation de la peau.

Il réduit de 50 % la gravité du psoriasis, constate le dermatologue. Mais cette molécule a des effets indésirables (perte de poids importante, diarrhée, dépression…). Elle ne peut être prescrite qu’après échec d’au-moins un autre traitement systémique.

Les biothérapies

Ces molécules ont changé la vie des patients souffrant d’un psoriasis très étendu. Elles ciblent un mécanisme particulier de la maladie : l’hyperactivité des lymphocytes qui mène au renouvellement excessif de la peau.

Il existe plusieurs médicaments de biothérapie, chacun agissant sur des médiateurs particuliers : anti-TNF alpha, anti-IL12, anti-IL23 ou anti-IL 17. « Ces molécules améliorent le psoriasis de 75 % à 100 %. Ces médicaments, qui ne peuvent être prescrits qu’à l’hôpital, sont administrés par injection, en ambulatoire, à un rythme qui varie d’une semaine à trois mois », précise le dermatologue. Ce type de traitement est réservé aux cas graves, après échec de deux traitements systémiques classiques (puvathérapie, rétinoïdes, méthotrexate, ciclosporine…).

Ces biothérapies sont des immunomodulateurs, ce qui signifie qu’elles modifient les défenses immunitaires de l’organisme. Sous traitement, les patients deviennent donc plus sensibles aux infections. Il leur est recommandé, par précaution, de se faire vacciner contre la grippe et le pneumocoque.

Pas plus de risque de Covid-19 sous biothérapie

On pouvait craindre que les patients sous biothérapie soient exposés à un risque supplémentaire de Covid-19​​​​. Heureusement, il n’en est rien. Des études ont montré que, non seulement les patients ne sont pas plus fréquemment infectés par le coronavirus, mais ils ne développent pas davantage de formes graves. Conclusion du Dr Perrussel : « il ne faut surtout pas arrêter son traitement ! ».

Comment bien vivre avec du psoriasis ?

Les traitements apportent une aide précieuse, mais il est très important aussi que les patients acceptent leur maladie et apprennent à vivre avec dès le plus jeune âge.

En parallèle, des conseils simples et certains bons réflexes anti-démangeaisons permettent de mieux supporter la maladie, au quotidien :

  • Porter des vêtements amples pour éviter les frottements sur la peau ;
  • Éviter les déodorants à base d’alcool et les produits parfumés qui peuvent être irritants ;
  • Se laver avec un savon surgras.

On peut également se maquiller, certaines marques ayant développé des gammes spécifiques pour camoufler les imperfections.

À savoir : le réseau de dermatologues Resopso propose des informations détaillées et les dernières actualités concernant la maladie. A découvrir sur son site.

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