Santé

Belle-doche. – Aurélie, 44 ans : « Son ex s’est servie de ses enfants comme d’une arme »

[ad_1]

J’ai 44 ans, j’habite à Amiens, et j’ai rencontré mon compagnon actuel au travail. Il a deux enfants de 19 et 12 ans et j’ai une fille de 10 ans. Sa fille vient quand elle veut à la maison et son fils est avec nous un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Nous étions tous les deux dans des relations longue durée : 23 ans pour lui, 15 ans pour moi, quand on s’est retrouvés dans le même service, et qu’on a commencé à apprendre à se connaître. Il a eu un coup de foudre mais le fait qu’il soit marié, pour moi ce n’était pas bien. Il a pourtant fallu que j’arrête de nier l’évidence : j’étais en train de tomber vraiment amoureuse. Briser ma famille a été un effondrement, surtout pour un homme que je ne connaissais pas tant que ça.

Construire une relation après 15 et 23 ans de vie avec d’autres

J’ai mis un terme à 15 ans de relation avec le papa de ma fille et je suis devenue la maîtresse de mon compagnon actuel. C’était le truc le plus abominable du monde. Ça a duré trois mois. Trois mois de relation passionnelle, intense et je ne pensais ni à sa femme ni à ses enfants. On était dans une bulle. Mais ça a aussi été trois mois d’une souffrance intense. Plus on avançait, plus je tombais amoureuse. Je lui disais ne rien attendre de lui, mais au bout d’un moment il m’a annoncé qu’il quittait sa femme. Aujourd’hui, je n’arrive pas à éprouver de la nostalgie pour cette période de notre histoire, c’est censé être le plus beau moment, mais pour moi c’était surtout le plus douloureux. Quand il l’a annoncé à sa femme, ça a été le début de la fin. Sous le coup de l’émotion, elle a tout déballé à ses gosses, elle a refusé d’être quittée et au bout de 15 jours, mon mec a fini par me dire « je choisis ma famille, on arrête là ». Mais alors que je crevais sur place et que je ne voulais plus le voir, il a commencé à revenir me voir au boulot pour des « t’as pas un Doliprane » et autres. Je lui ai dit que c’était fini et que je ne serai plus jamais sa maîtresse. 

Elle n’arrêtait pas de lui demander ce qui s’était passé entre nous et j’ai proposé de la voir. Elle est venue me chercher et m’a trimballée jusqu’à une route de campagne où elle aurait pu me mettre un coup de pelle [rires]. Je voulais la voir pour m’excuser. Pour moi, c’est inadmissible d’avoir été la maîtresse, mais j’ai été emportée par mes sentiments. En une heure, elle est passée par mille états, de la colère à la tristesse, mais à partir de ce moment-là, elle a commencé à changer de comportement et ça a été la guerre froide avec mon mec. Pendant deux semaines, il est resté dans l’ambivalence entre elle et moi, puis il est venu me retrouver pour Noël et on ne s’est plus quittés.

Faire accepter cette nouvelle relation aux enfants 

Il est parti de chez lui avec un gant de toilettes et une serviette, alors que moi j’étais encore en coloc avec mon ex. Ma séparation s’est passée le plus pacifiquement possible et dès que j’ai eu mon appart, mon mec m’a rejointe. Ses enfants ne voulaient plus lui parler. La grande m’a envoyé un sms bien salé me traitant de sorcière manipulatrice qui avait envoûté son abruti de père. Ses enfants ne voulaient plus le voir ni entendre parler de moi et la grande a même menacé de casser la gueule de ma fille si elle la croisait. À l’été, il a proposé à son fils de partir avec nous en vacances, il lui a répondu « c’est avec toi que je veux partir, pas avec elle, c’est une salope, c’est une grosse pute, je veux qu’elle crève ». J’étais mortifiée. J’en avais subi assez et je n’avais jamais été insultée comme ça, encore moins par un enfant. Là on s’est dit « ok, c’est mort », surtout que son ex ne faisait rien pour que le lien se maintienne entre le père et ses enfants. Mais un jour, sa grande est venue chez nous, pour se remettre d’un chagrin d’amour. Je lui ai donné quelques conseils et petit à petit, l’ambiance entre nous s’est réchauffée. Elle m’a remerciée et à partir de là, c’est comme si rien ne s’était passé avant ça.

Laisser passer la colère et tenter de créer du lien

Quelque temps après la venue de sa fille, mon mec a fini par demander, comme cadeau d’anniversaire, qu’on déjeune tous ensemble. Son fils était méconnaissable, apaisé. Sa sœur avait dû le briefer ! Mais ça s’est compliqué quand la garde s’est installée, trois ou quatre mois après. Il ne voulait pas venir chez nous. Il faut dire que sa mère a déconné, non seulement elle n’a pas préservé ses enfants de la séparation, mais elle s’en est même servi comme d’une arme. Les conséquences, c’est qu’il y a eu une grande cassure entre le père et son fils. Une nuit, alors qu’il faisait des crises d’angoisse, il nous a dit qu’il avait peur que je l’empoisonne. Il craignait qu’on complote contre lui quand on se parlait entre adultes, et au retour de chaque week-end passé chez nous, il racontait tout par le menu à sa mère, qui envoyait ensuite un texto de 10 kilomètres de long dans lequel elle commentait tout ce que j’avais pu dire.

Avant qu’il vienne chez nous, je me suis ultra documentée et j’ai lu qu’au début, il fallait maximiser les rencontres et activités dans un espace neutre, j’ai donc proposé d’aller à Center Parcs pour qu’on crée du lien. On lui a fait la surprise et le gamin s’est braqué parce qu’on ne lui avait rien dit. Sa mère était furax. Pour elle, ne pas l’avoir prévenu c’était de la maltraitance. On est quand même loin des sévices psychologiques, là ! Au moment de Noël, j’ai dit à son fils que s’il voulait s’habituer à nous, à sa nouvelle chambre, il fallait qu’il vienne plus régulièrement. Une nuit, il a fait une grosse crise d’angoisse, j’ai vu que ce n’était pas de la comédie et ma colère envers ce gamin s’est évanouie. Je lis plein de choses sur la psychologie de l’enfant donc j’ai passé énormément de temps le soir à l’aider à respirer, je lui donnais des petites astuces et c’est comme ça qu’on a développé un lien de confiance. Je n’étais pas que la marâtre, celle qui lui avait volé son papa, je m’occupais de lui comme je m’occupais de ma fille et il s’en est rendu compte au fur et à mesure des visites.

Faire avec l’indifférence à l’égard de ses beaux-enfants 

Aujourd’hui, deux ans après le début de notre histoire, on a emménagé dans une maison, on a plus d’espace, mais j’ai quand même toujours beaucoup de mal quand mon beau-fils est là parce que c’est un gamin très envahissant et bruyant. Si demain mon mec me dit qu’il veut la garde alternée complète, je vais mal le vivre. Déjà qu’à partir du mercredi, je commence à avoir une boule au ventre… J’ai un peu de mal avec les enfants en général et si je n’en ai eu qu’une c’est parce que les enfants, ce n’est pas vraiment mon truc [rires]. J’ai essayé plusieurs « moi », je ne savais pas trop comment me positionner à l’égard de ses enfants. Au tout début, je ne disais rien, je laissais faire leur père, mais je me suis rendu compte que ça n’allait pas parce que j’étais chez moi, que j’avais le droit de dire des choses quand, vraiment, ça allait trop loin. J’ai fini par adopter une autre place : être moi-même. Quand il parle mal à son père, je lui dis, quand je considère qu’il se comporte comme un invité, je lui dis aussi. J’ai bien compris qu’il ne m’aimera jamais vraiment.

Il m’a demandée en mariage cet été et ça m’a apaisée. Je ne suis pourtant pas très cérémonies mais par cet acte, il me redonne une légitimité. Je ne suis plus la maîtresse, je suis sa future femme. On forme un clan, lui, ma fille et moi. Je n’inclus pas ses enfants car j’ai du mal avec la famille recomposée. Inclure ses enfants dans ma famille, c’est aussi accepter leur mère et je ne suis pas prête à ça. Je sais que mon mec se sent complet quand on est tous les cinq, mais pour moi on est trop. Je dois avouer que la richesse de la belle-maternité, je ne la vois pas. La plus grande difficulté pour moi c’est de partager mon homme avec des enfants qui ne sont pas les miens et qui me rappellent sans cesse un passé dont je ne fais pas partie. J’ai toujours l’impression que je ne vaux rien à côté de ces 23 ans et 2 enfants. Car ça me rappelle aussi qu’il a été suffisamment heureux pour vouloir fonder une famille et c’est très dur pour moi.

Continuer la lecture

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page