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Bérengère, 54 ans : « Si je voulais vivre une folie, c’était maintenant ou jamais »

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« J’ai rencontré Pierre-Etienne, il y a trente ans, raconte Bérengère. J’avais quitté une semaine plus tôt ma Bretagne natale, après avoir décroché un poste de courtière en assurances dans la capitale. C’était mon premier jour de travail et j’étais un peu paniquée en arrivant sur le parvis du quartier de la Défense. Je n’ai jamais eu un grand sens de l’orientation, alors j’avais imprimé le plan et fléché l’itinéraire au stylo rouge (à l’époque, Google Maps n’existait pas !). J’avais néanmoins peur de ne pas me repérer, de passer devant le bâtiment sans vraiment le voir… bref, de me paumer et d’arriver en retard, ce qui aurait quand même été de mauvais goût pour un début ».

Bien décidée à assurer, Bérengère demande son chemin à la personne qui la précède dans l’escalator. « Cette personne, c’était Pierre-Etienne, glisse-t-elle, sans faire durer davantage le suspense. Hasard de la vie (ou destinée) : le jeune homme vient, lui aussi, d’être embauché dans la boîte où Bérengère s’apprête à faire ses premiers pas professionnels. « Nous avons fait le chemin ensemble jusqu’à l’immeuble, tout en discutant, poursuit la quinquagénaire. Comme on était un peu en avance, et qu’il a vu que j’étais pas mal stressée, il m’a offert un café et m’a proposé de déjeuner avec moi à la cantine, histoire que je ne me sente pas trop seule pour ce premier jour. Voilà comment tout a commencé ».

Il ne sait pas valoriser une femme

Bérengère est rapidement séduite par la douceur et la gentillesse de son collègue. « Il était tout le contraire des baratineurs qui me faisaient d’ordinaire craquer, dit-elle. C’était quelqu’un de bien. Un cadeau du ciel. Il ne m’a pas fallu longtemps pour tomber amoureuse et me projeter. Tout s’est ensuite enchaîné très vite ». Bérengère ne s’est pas trompée sur le profil de son mari. Après vingt-cinq ans de vie commune (et deux enfants), le quotidien est, avec lui, toujours simple, rassurant, paisible. Un poil trop, sans doute, pour la mère de famille. « En épousant Pierre-Etienne, je savais que je ne vivrais pas un amour compliqué et destructeur, explique-t-elle. C’est ce que je voulais. Il n’empêche : au fil du temps, j’ai commencé à trouver que notre relation manquait un peu de fantaisie. La nuit, il m’arrivait de rêver que je rencontrais un homme qui me désirait comme un fou, me plaquait contre un mur, avant de me faire sauvagement l’amour. Mon mari se débrouille très bien au lit (je n’ai jamais eu à me plaindre de ce côté-là), mais j’ai beau lui avoir fait maintes fois comprendre ce qui m’excitait, il n’a jamais vraiment su faire monter la température sous la couette. Il n’est pas très à l’aise avec les mots doux et les compliments. Lorsque je me fais belle, tout juste sait-il dire qu’il trouve ma robe ou mes bijoux jolis, mais jamais moi. C’est comme ça, je sais qu’il m’aime, mais il ne sait pas valoriser une femme ».

Si Bérengère a parfois été infidèle dans ses rêves, elle n’a jamais envisagé, dans la vraie vie, de tromper son mari. C’était même totalement impensable pour elle… jusqu’à il y a cinq ans. « À cette époque, mon frère et moi avions fait appel à un juriste pour un problème de voisinage dans une petite maison en Bretagne héritée de nos parents, explique-t-elle. Comme j’avais un peu plus de disponibilités que Stéphane, c’est moi qui, la plupart du temps, me rendais chez l’avocat. À la façon dont cet homme me regardait et me parlait (il me posait beaucoup de questions sur moi et m’envoyait des SMS en dehors de ses heures de boulot, pour des soi-disant compléments d’information), j’ai tout de suite compris que je lui plaisais ».  Un jour où elle et lui sont en rendez-vous, au cabinet, la main du quadragénaire se pose sur la cuisse de Bérengère. « J’ai su que c’était à moi de décider de la suite, lâche-t-elle. Je pouvais me lever et m’en aller, retirer sa main et continuer comme si de rien n’était… ou, alors, l’encourager à aller plus loin. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris (c’était comme si je me dédoublais) :  j’ai choisi la troisième possibilité. Je me suis approchée de lui et l’ai embrassé ».

Cette histoire a été une parenthèse, une bulle d’oxygène

Bérengère reconnaît pourtant que cet homme ne lui plaisait pas plus que ça. « Honnêtement, s’il ne m’avait pas draguée, je ne l’aurais jamais remarqué, glisse-t-elle. Par contre, ce qu’il y a de sûr, c’est que j’ai trouvé terriblement agréable que quelqu’un s’intéresse à moi. Ça cassait ma routine et c’était dingue ». Ce jour-là, il ne se passe rien de plus entre l’avocat et sa cliente. Ce qui n’empêche pas Bérengère de culpabiliser en rentrant chez elle. « Je ne me reconnaissais pas, concède-t-elle. Ce que j’avais fait, ce n’était pas moi ». Pourtant, la mère de famille se repasse en boucle ce qu’il s’est passé dans ce cabinet. Quelques jours plus tard, elle envoie un message à celui qui lui a fait tourner la tête. « J’ai choisi d’écouter mes pulsions, se justifie-t-elle. J’approchais de la cinquantaine et, si je voulais vivre une folie, c’était maintenant où jamais ». Bérengère et son amant se revoient à l’hôtel. « C’était incroyable de découvrir un autre corps, une autre peau, après tant d’années passées avec le même homme, se souvient-elle. Je me sentais gourmande, légère, femme ». Et après ? Rien. La folie faite, Bérengère a tout de suite compris que cette relation ne pouvait pas aller plus loin, car il lui manquait quelque chose d’essentiel : l’amour. La quinquagénaire a laissé son frère suivre le dossier de la maison familiale et n’a jamais revu son amant. Quant à elle, elle a repris sa vie d’épouse et de mère. « Je ne regrette rien, dit-elle. Cette histoire a été une parenthèse, une bulle d’oxygène. Elle m’a aidée à aimer ma vie et à trouver mon équilibre dans un quotidien, certes, routinier, mais tellement plus fort, plus vrai ».

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