Santé

Crise de la quarantaine : Jane, 44 ans, « J’ai quitté mon mari pour une femme »

Jane a 44 ans et, il y a deux ans, a quitté son mari pour se mettre en couple avec une femme. Pour elle, la « crise de la quarantaine » a donné lieu à une remise en question de toute sa vie et en particulier de sa vie intime : « Je me suis rendue compte que je me forçais beaucoup. J’aimais mon mari comme quelqu’un avec qui l’on a passé des années et pour qui on a de la tendresse. C’était quelqu’un avec qui j’avais construit quelque chose et je n’avais aucun grief contre lui. Mais, ce n’était pas la passion, c’est le moins qu’on puisse dire. »

J’ai été très malheureuse d’avoir perdu autant de temps

Quand Jane quitte son mari pour une femme, elle a 42 ans et n’a jamais eu d’aventure avec une femme avant. Pour elle, la découverte qu’elle pouvait être lesbienne a été une vraie révélation : « Celle qui est devenue ma compagne après m’a embrassée à la fin d’une soirée. J’étais bouleversée. J’ai enfin ressenti tout ce que je ne ressentais pas depuis des années. Je me suis sentie vivante. J’ai été très heureuse et puis, les semaines qui ont suivi, très malheureuse d’avoir perdu autant de temps. »  Marine Maiorano-Delmas autrice de « Spoilert Alert : Vous êtes lesbienne » (éditions Les insolentes) explique pourquoi de nombreuses femmes se découvrent lesbiennes sur le tard : « Nous vivons dans une société qui suppose que nous sommes hétéros jusqu’à preuve du contraire ! Les romances hétéros sont les seules valorisées, et tout ce qui dévie de ce modèle est stigmatisé. Ce phénomène insidieux s’appelle la contrainte à l’hétérosexualité. Alors, souvent, il faut du temps pour remettre en question ce qu’on nous a inculqué avec tant de force, et prendre le temps de se questionner sur ses propres désirs. »

Jane essaye de parler de ce qu’elle vit à ses amies qui réagissent violemment : « On m’a tout de suite opposé que je faisais juste une crise de la quarantaine et que ça allait passer. Pour elles, c’était un truc de journal féminin « hétéro, elle essaye le sexe avec une femme ». Je ne le vivais pas du tout comme ça. Pour moi, c’était un bouleversement de ma vie mais aussi de mon identité. J’ai souffert plus encore de ne pas être prise au sérieux.»   Marine Maiorano-Delmas conseille : « Les premiers endroits vers lesquels se tourner, ce sont les assos locales LGBTQIA+. Ce sont des lieux safes ou non seulement vous pourrez trouver une véritable écoute, mais également vous entourer de personnes qui comprennent les enjeux auxquels vous faites face. L’instagram queer peut également se révéler utile, que ce soit en termes de représentation ou d’information. »

Un véritable changement

À celles et ceux qui pensent que « ce n’est qu’une phase » ou « ce n’est qu’un effet de mode », l’autrice a une réponse : « « Et alors? » Les phases, c’est ce qui permet d’apprendre à savoir ce que l’on veut… et ce que l’on ne veut pas. On a le droit de douter de son orientation sexuelle/romantique, on a le droit d’expérimenter, et ce à tout âge et quelles que soient ses expériences passées. »

J’ai dû reconstruire ma vie de quasiment zéro

Jane est en couple avec sa compagne depuis deux ans et, selon elle, n’a jamais été plus heureuse : « J’ai commencé une thérapie pour accepter que j’avais mis autant de temps à me découvrir. C’est vraiment ce que j’ai ressenti après ce baiser qui a tout changé. Je me suis découverte. J’ai réalisé que je n’avais jamais vraiment été épanouie avec les hommes, que je m’étais beaucoup forcée. Que j’avais beaucoup fait semblant. C’est plus simple pour les nouvelles générations qui ont des référentiels pour riches et plus présents. Je suis hallucinée par exemple qu’une chanteuse comme Angèle s’exprime sur son orientation sexuelle. Je n’ai pas grandi avec ça. Je me suis construite comme on s’attendait à ce que je le fasse. Des petits copains au collège et au lycée, le dépucelage ensuite, le couple stable après. Je n’ai jamais eu l’occasion de remettre en question ce qu’on m’imposait. Et quand je l’ai fait, je n’ai pas été entourée par la bienveillance. Je suis presque soulagée de ne pas avoir eu d’enfant avec mon mari parce que je n’imagine même pas comment ça aurait pu se passer au moment de la séparation. J’ai vraiment traversé l’enfer quand je me suis découverte lesbienne. J’ai perdu beaucoup de mes amis et un homme que je respectais. J’ai dû reconstruire ma vie de quasiment zéro. Heureusement, je ne suis pas seule. »

La compagne de Jane étant plus jeune qu’elle, les deux femmes envisagent de fonder une famille : « C’est une envie que je n’ai jamais eu avec mon mari et maintenant, je comprends pourquoi. C’est venu naturellement avec la femme que j’aime. C’est aussi avec ça que je me dis que j’aurais dû mieux lire les signes et m’écouter. Fonder une famille, maintenant, je n’attends que ça. J’ai hâte de la voir enceinte, hâte d’élever un enfant avec elle. Ça me parait tellement simple et naturel. J’ai vécu une grande remise en question et un grand bouleversement dans ma vie, mais maintenant je sais qui je suis et ce que je veux et l’idée de l’avenir me réjouit d’avance. »

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page