Santé

Félix et Sabrina, 31 ans : « Il y avait de l’amour mais il y avait aussi un gros ras-le-bol »

Félix et Sabrina ont tous les deux 31 ans. Ils sont en couple depuis la fin de leurs études, soit six ans. Ils font le même travail de développeur informatique mais ne travaillent pas dans la même entreprise. Depuis le premier confinement, ils ont fait le choix de s’installer à la campagne, dans une région plus ensoleillée que la région parisienne, dont ils sont originaires. C’est à la suite du premier confinement qu’ils ont commencé une thérapie de couple.

Je n’avais pas prévu qu’on finirait par moins s’entendre

Sabrina ne pensait pas qu’elle aurait besoin de suivre une thérapie pour son couple : « Je suis quelqu’un de pragmatique. Pour moi chaque problème a une solution, qu’elle soit simple ou pas. Quand on s’est sentis enfermés à Paris, on a bougé dans une région qui nous paraissait plus agréable. Quand on a compris qu’on avait tendance à ne pas trop bouger de la maison à force de travailler, on s’est donné pour objectif d’aller marcher ensemble au moins une heure par jour. Mais, malgré la communication et les tentatives de résoudre nos problèmes au quotidien, je n’avais pas prévu qu’on finirait par moins s’entendre. »

Sabrina résume simplement son sentiment de l’époque : « Il y avait de l’amour mais il y avait aussi un gros ras-le-bol. C’était la personne que je voyais le plus dans ma vie, c’est vers lui que je me suis tournée quand j’en ai eu marre de tout. Il est devenu le paratonnerre de tous mes sentiments négatifs. C’était l’inverse du début d’une histoire d’amour où tout autour de la personne est coloré en rose. Là, je le voyais devant moi, et je ne voyais que des problèmes, du stress, de l’angoisse pour l’avenir. Ça ne venait pas de lui du tout. Mais c’est comme ça que je le voyais. »

C’est au bout de quelques mois de cohabitation dans leur nouveau domicile que Sabrina décide d’aller chercher une l’aide extérieure : « J’étais encore plus déstabilisée qu’on avait déménagé pour s’offrir une plus belle vie. On avait une maison plus grande, un joli paysage quand on ouvrait les fenêtres, un grand jardin. Il n’y avait aucune raison d’être malheureuse ou en colère. Mais je n’y pouvais rien donc j’ai fini par prendre rendez-vous en ligne chez un psychologue qui faisait des thérapies de couple. On l’a fait en distanciel. C’est une habitude qu’on a prise donc on a toujours continué comme ça. Même maintenant où on ne le voit plus qu’une fois par an, pour faire le point. »

Une sensation réciproque

Félix partage le sentiment de Sabrina pendant des semaines avant d’oser lui en parler : « Je voyais qu’elle ne pouvait plus me voir en peinture mais je ne savais pas encore à quoi c’était dû. Je pensais un peu que la rupture nous pendait au nez, ce qui était sacrément ironique vu qu’on venait de changer de vie pour le meilleur. Elle était tendue quand elle me voyait. Elle était agacée quand elle me parlait. Je n’ai pas du tout associé ça à l’état du monde. Mais au fur et à mesure, j’ai commencé à voir le monde comme elle. J’étais scotché aux infos et je ne supportais plus d’être heureux avec elle alors je faisais un peu tout pour être malheureux et confirmé mon mal-être. Je n’ai pas du tout maîtrisé ça à l’époque. C’est de parler avec le psy qui a permis de comprendre les mécanismes de nos réactions. Et surtout le fait d’apprendre que nous n’étions pas seuls. »

On a arrêté de tout voir en noir et de reprocher à l’autre ce qui se passait à grande échelle

Pour le psychologue de Félix et Sabrina, le plus important a été de chercher de l’aide : « On se connectait avec l’impression que rien ne pourrait changer et que notre histoire allait finir comme ça, parce que le monde était devenu ce qu’il est devenu. C’est tellement plus gros que nous, en plus. Ça amplifie le sentiment de ne rien pouvoir y faire. Mais le psy a mis en avant le fait qu’on reste actifs par rapport à notre problème, qu’on cherche à résoudre la situation, qu’on ait envie que ça marche au fond. Ça a pris du temps, peut-être neuf mois, à raison d’un rendez-vous par mois, pour qu’on se retrouve vraiment comme c’était avant la pandémie. On a arrêté de tout voir en noir et de reprocher à l’autre ce qui se passait à grande échelle. Je sais que Sabrina n’a rien à voir avec la pandémie et avec le confinement. Elle n’a rien non plus à voir avec l’inflation. Mais le fait qu’on passe toutes nos journées ensemble l’un avec l’autre, ça fait que l’autre devient un peu notre seul univers, et que si quelque chose va mal dans l’univers, c’est un peu de sa faute. C’est absurde mais c’est ce qu’on a appris avec la thérapie. »

En s’éloignant, on s’est retrouvés

Depuis, le couple a organisé différemment son quotidien : « Pour ne pas que l’un devienne le punching-ball de l’autre et réciproquement, on a décidé de sortir plus pour aller travailler. Sabrina va dans un espace de co-working et moi je vais passer certains après-midi chez un collègue qui n’habite pas loin. On organise aussi plus de sorties avec d’autres personnes, des dîners, des soirées ciné ou jeux. Le psy nous a toujours demandé à ce que l’autre ne soit pas notre seul référentiel. C’était vraiment ça notre problème, on vivait trop l’un sur l’autre. En s’éloignant, on s’est retrouvés. Ça paraît simple, mais il faut avoir l’idée. C’est à ça que sert un psy de couple, je crois. À apporter des solutions auxquelles on n’avait pas pensé nous-mêmes. »

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