Hypnogramme du sommeil : indications et interprétation

Lorsque nous dormons, notre cerveau passe par plusieurs phases de sommeil distinctes, caractérisées par des schémas d’activité cérébrale spécifiques. Pour mieux les observer, on réalise généralement un examen du sommeil qui permet d’obtenir une représentation graphique de l’évolution des phases tout au long de la nuit : l’hypnogramme. Ce précieux outil permet aux médecins de mieux évaluer la qualité du sommeil de leurs patient(e)s et d’identifier d’éventuels troubles qui nécessiteraient une prise en charge particulière.

Comme son nom l’indique, un hypnogramme est une représentation graphique qui rend compte de l’activité de notre sommeil sur une période donnée. Il est généralement obtenu à partir d’une polysomnographie, une technique d’enregistrement qui mesure différentes variables physiologiques tout au long de la nuit.

Il permet d’observer les différents stades du sommeil sur un axe temporel : dans le détail, les heures sont indiquées sur l’axe horizontal et les stades de sommeil sont indiqués sur l’axe vertical. On peut notamment observer :

• la phase de transition veille-sommeil (stade N1), qui correspond à une transition entre l’état de veille et de sommeil ;
• la phase de sommeil lent léger (stade N2), pendant laquelle l’activité cérébrale commence à ralentir mais l’on peut facilement se réveiller ;
• la phase de sommeil lent profond (stade N3), la phase la plus récupératrice qui permet la récupération physique et consolide notre mémoire ;
• et la phase de sommeil paradoxal (REM), pendant laquelle l’activité cérébrale reprend bien que les muscles restent encore endormis.

Bon à savoir : chaque cycle de sommeil dure environ 90 minutes et les adultes enchaînent généralement trois à cinq cycles successifs pas nuit. Et comme le rappelle l’Institut du sommeil et de la vigilance (INSV), plus la nuit avance, plus la composition de nos cycles évolue : le sommeil lent profond, très abondant en début de nuit, se fait de plus en plus rare, jusqu’à disparaître complètement au petit matin. À l’inverse, le sommeil paradoxal qui est bref en début de nuit va occuper une place croissante dans chaque cycle de sommeil au fil de la nuit (source 1).

Un hypnogramme peut être utile chez l’enfant et chez l’adulte dans plusieurs indications :

• Il peut aider à diagnostiquer différents troubles du sommeil, tels que l’apnée du sommeil, le syndrome des jambes sans repos, ou les troubles du rythme circadien. En examinant les caractéristiques de l’hypnogramme, les médecins peuvent en effet identifier les anomalies dans la structure du sommeil qui pourraient indiquer un trouble sous-jacent. Par exemple, une personne souffrant d’apnée du sommeil peut présenter des interruptions fréquentes de la respiration pendant la nuit, ce qui se traduira par des schémas spécifiques sur l’hypnogramme.
• Les médecins peuvent aussi évaluer la qualité du sommeilde leurs patient(e)s en examinant la répartition des différents stades du sommeil sur l’hypnogramme. À noter : un sommeil de qualité est caractérisé par des transitions fluides entre les différents stades du sommeil et une proportion adéquate de sommeil profond et paradoxal.
• Pour les personnes souffrant de troubles du sommeil, telles que l’insomnie ou l’apnée du sommeil, l’hypnogramme peut être utilisé pour contrôler l’efficacité des traitements prescrits, tels que les thérapies comportementales, les médicaments ou les dispositifs d’aide respiratoire.

Comme indiqué ci-dessus, l’enregistrement des données de sommeil se déroule sur toute une nuit à l’occasion d’une polysomnographie. Cet examen de référence permet d’enregistrer plusieurs variables physiologiques durant le sommeil, notamment le rythme respiratoire, la fréquence cardiaque, la pression artérielle, l’activité cérébrale (électroencéphalogramme), l’activité musculaire (électromyogramme), et les mouvements des yeux.

Concrètement, les personnes sont reçues en laboratoire de sommeil et équipées d’électrodes pour mesurer leur activité cérébrale, leur activité musculaire, leurs mouvements oculaires, leur fréquence cardiaque, leur saturation en oxygène, etc. Elles arrivent généralement en fin d’après-midi, se préparent et se mettent au lit comme à leur habitude, puisque l’examen se déroule tout au long de la nuit.

Comme le rappelle le Dr Ghassan Fayad, médecin spécialiste des respiratoires du sommeil, dans notre article dédié à la polysomnographie, « pour avoir des données interprétables, il faut au minimum 6 heures d’enregistrement ». Les électrodes sont placées sur plusieurs parties du corps et reliées à un petit boîtier qui enregistre en continu les différentes données physiologiques pour alimenter l’hypnogramme.

Dans certains cas, une caméra vidéo peut aussi être utilisée pour enregistrer le comportement des patient(e)s pendant leur sommeil.

Interpréter un hypnogramme n’est pas donné à tout le monde… Mieux vaut laisser faire les médecins spécialistes ! Ils et elles se chargent d’analyser les transitions entre les différents stades de sommeil, la durée des cycles, leur composition et les éventuelles interruptions.

À noter : l’interprétation de l’hypnogramme tient également compte du contexte personnel de chaque personne, comme son âge, son état de santé général et ses habitudes de sommeil (notamment sa position de sommeil). En complément, d’autres méthodes de surveillance peuvent aider à déceler des troubles du sommeil, comme l’agenda du sommeil, le test de somnolence d’Epworth ou encore le questionnaire de Berlin. Pour en savoir plus, rendez-vous sur nos articles dédiés !