Santé

« J’ai plus de libido que mon mec » : comment reprendre confiance en soi en cas de déséquilibre sexuel ?

« C’est toujours moi qui fais le premier pas » 

« Je suis en couple depuis près de six mois. Au début de notre relation, nous étions en parfaite osmose. Au lit, tout se passait bien, nous avions autant de libido l’un que l’autre, mais il a fallu peu de temps pour que notre activité sexuelle bascule. Nous habitons séparément, et l’on se voit environ quatre fois par semaine. À chaque fois que l’on se retrouve, je m’attends à ce qu’il vienne vers moi, mais c’est toujours moi qui fais le premier pas.  

On est assez jeunes tous les deux, et les premiers mois sont censés être tout feu tout flamme. Mais chez nous, la phase de lune de miel n’a duré que deux semaines ! Le pire, c’est de voir le regard des autres hommes sur moi. En fait, la seule personne avec qui je suis bien, me donne l’impression de ne pas être désirable. C’est le monde à l’envers… 

Parfois, j’essaie de me dire qu’il y a autre chose, et de ne pas prendre les choses personnellement, mais c’est très dur. J’ai déjà essayé de lui en parler, mais je sens que la discussion n’est pas ouverte. Il me dit qu’il n’a plus de libido depuis plusieurs mois, mais n’avance aucune raison à cela. Il me dit aussi qu’il n’a pas besoin de prendre les devants, puisque je le fais déjà. C’est assez vexant. 

Moi qui n’ai jamais trop aimé mon corps, cette situation ne fait qu’amplifier ma remise en question. Le moindre « Je t’aime » ou « Tu es belle » n’a plus aucune importance. Que fait-il avec moi s’il ne me désire pas ? Ce manque de confiance en moi engendre d’autres problèmes ; mes crises d’eczéma et d’hyperphagie boulimique reviennent de plus belle. Un cercle vicieux qui me pèse, à tel point que je me demande si je dois poursuivre notre histoire… » 

Océane*, 27 ans. 

Lire aussi >>  « Je serais incapable de dire à quand remonte notre dernière fois » : ces couples qui ne font plus l’amour

« Je ne me sens pas désirée et ça me touche » 

« Notre histoire a démarré il y a trois mois. Nous faisions souvent l’amour et étions sur la même longueur d’onde au niveau du sexe. Au bout de quelques semaines, notre vie sexuelle a pris un autre tournant. Dès que je le vois, j’ai envie de lui, mais ce n’est visiblement pas réciproque. Il me dit que s’il est moins tactile, c’est à cause de ses problèmes de santé mentale. Parfois, il n’a même pas envie de me voir. J’ai beau essayer d’être déconstruite, je ne me sens pas désirée et ça me touche. 

Je pense avoir toujours eu plus de libido que mes partenaires, mais je ne doutais pas de leurs sentiments. Ce n’était donc pas un problème. Là, en l’occurrence, je n’en suis pas convaincue, du fait qu’il préfère être seul parfois, et c’est ce qui m’affecte le plus. 

J’ai déjà tenté de lui en parler, en passant par l’humour. Mais il l’a pris au sérieux en lâchant : « ça fait deux fois qu’on se voit sans rien faire, ce n’est pas si grave ! » Je suis d’accord, mais le fait qu’il soit toujours « épuisé » quand il vient chez moi est assez déconcertant. Et si comme cela ne suffisait pas, quand on fait l’amour, j’essaie de le satisfaire, ce qui n’est pas son cas. C’est très frustrant, car au-delà des rapports avec pénétration, j’ai besoin de caresse et de contact physique. Pour tenter de raviver son désir, j’essaie de me mettre plus en valeur, ou fais semblant d’être indifférente pour ne pas le vexer, alors que j’ai clairement envie de faire l’amour – mais ça ne fonctionne pas. Pour toutes ces raisons, j’envisage la rupture. » 

Romane*, 25 ans. 

LES CONSEILS D’UNE SEXOTHÉRAPEUTE 

« Stress, fatigue, maladie, prise de médicaments, déménagement… Si les hormones pilotent le désir sexuel, celui-ci peut fluctuer pour de multiples raisons. L’énergie sexuelle se décline de différentes façons. Il y a la libido amoureuse, orientée vers l’activité sexuelle, et celle orientée vers le travail, les enfants, le sport, etc. Si tous ces domaines-là sont impactés, il peut s’agir d’une dépression. Cela se manifeste alors par une fatigue généralisée, une absence d’érection nocturne ou matinale, un manque d’élan pour se lever, de l’irritabilité ou encore un manque de sommeil. Par ailleurs, la baisse de testostérone (l’équivalent de l’œstrogène chez la femme), sur le long terme, peut s’expliquer par un traumatisme ou un aspect psychologique lié à l’enfance. Un ensemble de curseurs, qui concernent aussi bien les hommes que les femmes. 

Le poids de l’inconscient culturel 

Dans l’inconscient collectif, les hommes auraient un appétit sexuel plus important que celui des femmes. Une fausse croyance qui participe à cette culpabilisation des femmes, quand leur niveau de libido dépasse celui de leur compagnon. Les hommes sont plus habitués à ce qu’il n’y ait pas de réponse à leur désir. Et comme l’inverse ne serait pas « normal », la femme porte la responsabilité, en se disant qu’elle n’est pas désirable. Si les comportements changent, l’image de la femme séductrice, que l’on retrouve dans les mythes, les œuvres d’art, les récits, le cinéma, renforcent ce sentiment de culpabilité. 

Comment déculpabiliser ? 

La première chose que je conseillerais à ces femmes qui doutent, c’est d’aller vérifier si elles se retrouvent là par hasard, ou s’il y avait déjà des signes annonciateurs. Comment la relation a-t-elle démarré ? Est-ce moi qui allais toujours chez lui ? Est-ce moi qui lui prenais la main ? Est-ce moi qui l’embrassais ? Qui était l’initiateur·ice ? 

Projet d’emménagement à deux, peur d’avoir un enfant après un préservatif qui s’est déchiré, une dispute… La baisse de libido peut également survenir à la suite d’un événement, une info qui n’a pas été digérée par le partenaire sexuel. Par exemple, la personne en face peut se dire « ça fait deux mois qu’on est ensemble, attention à l’attachement », et réagir en baissant son niveau d’engagement sexuel. Et ça, ça lui appartient. 

Comment en parler sans générer du conflit ? 

Le plus important est de maintenir une communication ouverte dans le couple, et arrêter les questions qui commencent par « Pourquoi ? », qui risquent d’être interprétées comme un reproche. « J’ai l’impression » ou « Je ne me sens pas désirée » seront plus adaptés. En effet, se dévoiler avant d’accuser l’autre ouvre la porte à une discussion constructive. 

Par ailleurs, je conseille aux femmes d’entretenir leur propre désir sexuel grâce à la masturbation et aux sex-toys. Continuer à se faire plaisir pour apaiser les frustrations. Parfois, ça peut permettre à l’homme de se dire « Tiens, je ne suis pas le seul responsable du désir de ma compagne », enlever la pression et faire renaître le désir. Si la rupture est une solution, elle n’est pas que la seule issue. Cependant, il existe aussi des incompatibilités sexuelles, et il est nécessaire de communiquer en étant curieuse, pour l’identifier. »  

Nathalie Giraud-Desforges, sexothérapeute et fondatrice du site Piment Rose

(*) Les prénoms ont été modifiés.

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page