Santé

Je suis née un 24 décembre et je le vis bien !

J’ai toujours entendu cette histoire. Petite, ma mère a très longtemps protesté contre ses parents à cause de sa date de naissance. Née un 8 janvier, elle se plaignait ardemment d’avoir une galette des rois en guise de gâteau d’anniversaire, Épiphanie oblige. Alors, quand j’ai décidé de pointer le bout de mon nez un vendredi 24 décembre, vous imaginez… L’une des premières choses que ma grand-mère s’est empressée de lui dire à la maternité fut : « tu rouspétais d’avoir une galette pour ton anniversaire ? Félicitations, tu as fait mieux que moi. Ta fille aura une bûche. » Également Capricorne, et dotée du caractère têtu de mon grand-père, ma mère a toujours refusé de mettre des bougies sur une bûche pâtissière. À l’approche des fêtes, j’avais donc le droit de choisir mon gâteau d’anniversaire : Forêt noire, Opéra, Trianon, maison glacée de schtroumpf… Chaque année, j’innovais.

> À lire aussi « C’est mon histoire de Noël : “Notre histoire est un calendrier de l’Avent” »

Petite, je pensais que le calendrier de l’Avant avait été inventé pour moi

J’ai mis du temps à comprendre que, contrairement à mes petits camarades, mon anniversaire tombait le jour du réveillon de Noël. Pendant longtemps, j’ai même cru que le calendrier de l’Avent avait été inventé pour que tout le monde m’aide à patienter jusqu’au jour J. Vous imaginez alors ma fierté lorsque, la fin du mois de novembre approchant, on se rendait au supermarché. Chaque année, je découvrais avec émotion et émerveillement les rayons remplis de calendriers de l’Avent. Un tel effort national me touchait en plein cœur.

Mais l’injustice dont j’ai été victime à l’école, quelque temps plus tard, m’a mis la puce à l’oreille. Derrière la porte de la classe, notre institutrice avait accroché un calendrier de l’Avent en feutrine. Il ressemblait à une grande chaussette rouge et verte, comme celle que l’on accroche près du sapin de Noël ou vers la cheminée. Elle l’avait garnie de papillotes et autres pâtes de fruits. À la fin de la journée, l’un d’entre nous était désigné pour récupérer la précieuse gourmandise du jour. J’attendais alors patiemment mon tour, persuadée d’être celle qui aurait le droit d’engloutir le chocolat caché dans le pochon 24. Normal. Vexée de ne pas l’avoir été, j’ai compris qu’il y avait baleine sous gravillon ; que le calendrier de l’Avent n’était pas une invention destinée à m’épauler durant cette attente interminable, mais bel et bien un stratagème commercial pour attendre jusqu’à Noël – non, je n’ai toujours pas digéré l’affront.

« T’es née la veille de Noël ? T’as vraiment pas de chance »

Je n’ai jamais mal vécu le fait d’être née le 24 décembre. Certes, j’ai connu peu d’anniversaires en compagnie de mes camarades de classe, puisque tous étaient en famille pour les fêtes. Mais les personnes nées durant l’été ne sont pas non plus épargnées. En réalité, ce sont les réactions d’autrui qui m’ont fait me questionner. Lorsque vous donnez votre date de naissance, les réactions sont unanimes : « oh ma pauvre ! », « ça doit être nul », « t’es née la veille de Noël ? T’as vraiment pas de chance », ou le plus célèbre : « mais du coup tu dois te faire avoir avec les cadeaux, t’en as moins ». Et bien non. Depuis 28 ans maintenant, je n’ai jamais été flouée et mes parents ont toujours mis un point d’honneur à séparer mon anniversaire de Noël. Seul bémol, il faut trouver deux fois plus d’idées. Le 24 décembre, je reçois donc mes cadeaux d’anniversaire. Le lendemain, mes cadeaux de Noël. Excepté la fois où, au lycée, j’ai demandé un Ipod Touch à mes parents. Le prix étant élevé, il fut convenu qu’il fêterait les deux…

Vous pensez encore qu’être né un 24 décembre est contraignant ? Personnellement, je préfère mon sort à celui des personnes nées un 29 février…

P. S. : Je profite de cette lettre ouverte pour m’excuser une énième fois auprès de ma sœur qui, l’année de ma naissance, a dû patienter quelques jours supplémentaires pour ouvrir ses cadeaux de Noël. Mon arrivée ayant légèrement bousculé le bon déroulement des festivités. Je m’excuse que mon retour de la maternité ait éclipsé la joie ressentie lorsqu’elle a soigneusement déballé la cassette Baloo – comprenez « Le Livre de la Jungle » – qui se trouvait au pied du sapin. Sans rancune sœurette, puisqu’une VHS prouve que, quelques minutes plus tard, tu intentais à ma vie avec, pour arme, une pomme musicale jetée nonchalamment dans mon berceau.

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page