Santé

La vie sexuelle des Français(es) est toujours aussi marquée par la domination masculine, six ans après #MeToo


La vie sexuelle des Français n’a pas forcément évolué depuis la révolution féministe #MeToo. Une nouvelle étude démontre au contraire que la sexualité de la majorité des Français(es) reste profondément marquée du sceau de la domination masculine.  

La révolution #MeToo est-elle parvenue jusqu’à nos chambres à coucher ? Le mouvement de libération de la parole à l’œuvre depuis quelques années semble avoir considérablement rebattu les cartes des relations entre hommes et femmes. Des avancées qui n’ont curieusement pas eu d’impact sur la vie amoureuse et sexuelle des Français, selon une récente étude Harris Interactive/Xlovecam. Réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1518 personnes, les chiffres qui en ressortent témoignent d’une domination masculine toujours aussi présente dans les relations intimes.  

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Une majorité de couples avec un fort écart d’âge 

Cette forme de domination s’exprime d’abord par l’écart d’âge très souvent en faveur de l’homme. Un modèle conjugal qui ne correspond pas exactement aux attentes profondes de la gent féminine, selon l’étude. Les hommes préfèrent-ils vraiment les femmes plus jeunes, comme le veut le cliché ? L’Insee révélait en tout cas, en 2017, que les deux tiers des nouveaux mariages hétérosexuels en France unissaient des femmes plus jeunes que leurs époux. Une « domination de l’homme par l’âge » à laquelle les femmes sont en réalité loin d’être favorables : à peine une Française sur quatre (26%) aspire dans l’idéal « à un conjoint plus âgé ».  

L’idéal amoureux réside davantage dans l’égalité à leurs yeux. De fait, 61% des femmes interrogées expriment leur préférence pour un partenaire amoureux « du même âge », mais ces unions sont loin de représenter la majorité (12%). Ce goût prononcé des hommes pour les jeunes femmes montrerait-il une volonté d’assoir une domination jusque dans le lit conjugal ? Les goûts masculins restent en tout cas dominés par la recherche d’un physique jeune, comme l’illustre l’étude qui affirme que 40% des hommes préfèrent les partenaires sexuels plus jeunes (contre à peine 19% des femmes). Malgré une apparente libération de la parole des femmes sur l’intime, la sexualité reste une affaire d’hommes… même en 2023.   

Des relations sexuelles encore très « phallocentrées » 

Dans le couple, le désir masculin est au cœur de la relation charnelle, à tel point l’homme est à l’initiative de la plupart des rapports sexuels. De fait, une part massive de femmes (70%) reconnaissent que leur partenaire est celui qui a le plus souvent envie de faire l’amour. Contrairement aux idées reçues, les jeunes femmes sont dans le même bateau que leurs aînées sur ce sujet. Le désir féminin n’est pas plus fort quand on est jeune : 33% des femmes de moins de 35 ans sont à l’initiative des rapports charnels avec leur partenaire, contre 28% pour les femmes de plus de 50 ans. Mais pourquoi une majorité de femmes se désintéressent-elles donc de la sexualité ?  La faute, sans doute, à un manque de diversification dans le répertoire sexuel des couples hétérosexuels, par ailleurs souvent influencés par une vision très masculine du désir.  

D’autant qu’il s’agit d’une réalité statistique : les femmes prennent moins de plaisir que les hommes. Quand l’orgasme est systématique pour nos partenaires masculins – ils sont 53% à en avoir à chaque rapport – seulement une femme sur trois peut en dire autant (33%). Un difficile accès à l’orgasme pour les femmes qui s’explique par une sexualité encore trop « phallocentrée ». La pratique la plus courante est sans conteste la pénétration vaginale (59%), sans oublier la fellation (70%), alors même qu’elles n’y trouvent que très rarement du plaisir. Même dynamique pour la sodomie, qui se révèle être une pratique occasionnelle, mais dont les femmes tirent encore une fois peu d’épanouissement. Selon l’Ifop, seule une femme sur quatre jouit aisément en explorant le versant anal de sa sexualité.  

Une différence de plaisir entre hommes et femmes qui se réduit chez les jeunes 

Un « gap orgasm » qui semble se réduire au fil du temps. La nouvelle génération serait-elle porteuse d’espoir en la matière ? Les réponses des femmes de moins de 35 ans ont de quoi nous faire positiver puisque 31% d’entre elles expliquent avoir eu un orgasme à chaque rapport. Mieux encore, les jeunes femmes se disent bien plus épanouies que leurs aînées sur ce plan (77%). Une conquête du plaisir qu’on doit en grande partie au clitoris, même si la pénétration vaginale n’est pas en reste : les femmes qui jouissent avec un partenaire sont 39% à avoir un orgasme via une stimulation externe de leur clitoris (39%) et 37% grâce à une stimulation interne de leur vagin. Mais le répertoire de pratiques sexuelles des Français est très influencé par une certaine « culture porn », ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes, notamment aux femmes.    

Une forte influence de la « culture porn » 

Les nouvelles pratiques autrefois tabous constituent un héritage de l’industrie pornographique. L’impératif de la fellation ou de la sodomie est une charge mentale pour les femmes, dit l’étude. Une majorité de Françaises (51%) déclarent avoir déjà été complexées par le fait de ne pas aimer s’adonner à ces pratiques et les perçoivent plutôt comme un « passage obligé ». La sexualité étant omniprésente dans notre société, la pression n’en est que plus forte. Dans la pornographie, le cinéma, la publicité ou les réseaux sociaux, non seulement des normes sexuelles mais aussi des normes corporelles s’imposent au public. Résultat, une majorité de femmes rapportent leur inhibition concernant leur propre corps.   

Leur sexe correspond-il à ce qui est montré dans les vidéos porno ? Est-ce qu’elles ne sont pas trop poilues ou trop rondes ? Près des deux tiers des Françaises (62%) admettent avoir déjà été complexées dans leur intimité. Un sentiment traversé par toutes les générations : 51% des femmes de moins de 35 ans déclarent également avoir honte de leur corps. Du côté masculin, une forme de pression existe néanmoins, celle de devoir être un « bon coup ». L’injonction à la performance et à la réciprocité du plaisir dans la relation est tout aussi délétère pour les hommes, qui sont 55% à admettre avoir déjà été stressés à l’idée de ne pas réussir à satisfaire leur dulcinée… 

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