Santé

L’amour impossible de Sarah, 28 ans : « J’étais la copine illégitime, celle qu’on met au placard »

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Le jour où j’ai rencontré mon amour impossible, j’étais en reportage. Ce matin-là, je me souviens qu’il faisait très froid… Des confrères arrivent progressivement, mais je ne prête pas attention à eux. Seul un jeune photographe retient mon attention. Il s’appelle Arthur*. Notre première discussion tourne autour de nos projets respectifs. Je lui confie mon envie de devenir correspondante en Afghanistan. Le hasard veut que nous ayons les mêmes ambitions… Il me propose d’échanger nos numéros pour rester en contact. C’est le coup de foudre. 

Le soir-même, je reçois un message : « C’était un plaisir de te rencontrer. J’espère qu’on va pouvoir se revoir… » Deux jours plus tard, il en est déjà question. Nous passons la soirée à rire, boire des verres, refaire le monde… Dès la seconde où j’ai rencontré ce garçon, j’ai la sensation de l’avoir toujours connu. Le fait que cet homme rentre dans ma vie aussi brutalement déclenche quelque chose en moi… Je veux tout savoir de lui. Mais quand la discussion se focalise sur la vie privée, la nouvelle tombe : il est en couple depuis plusieurs années. La déception est abyssale, mais je ne laisse rien transparaître.   

Un coup de foudre qui tombe mal 

Dans un premier temps, j’essaie de me faire une raison. Je me dis qu’on peut rester amis. Malgré tout, on continue la soirée. Il finit par dormir chez moi… sur mon canapé. Le lendemain, je suis confuse. Pourquoi décider de dormir chez moi alors qu’il est en couple ? Je sens une ambigüité entre nous. Lors d’une autre soirée, le même scénario se répète. Mais cette fois, il est allongé à côté de moi sur mon lit. Il me demande : « Est-ce que je peux t’embrasser ? » Malgré la surprise, j’accepte son baiser.  

Une première étreinte qui laisse place à un long silence. Quelques jours plus tard, je décide de lui proposer de discuter de notre rapprochement que je trouve inapproprié compte tenu de son statut amoureux. Sur le moment, j’ai envie de lui faire comprendre que vivre une histoire clandestine ne m’intéresse pas. Dans le flot de la discussion, je lui suggère que l’on reste amis, sans doute un peu à contre cœur. Le soir-même, dans mon lit, je me mords les doigts d’avoir dit ça… Est-ce qu’on va s’embrasser à nouveau ? La question tourbillonne dans ma tête. Une amie me dit qu’il est évident que notre histoire ne va pas s’arrêter là. Elle avait raison.   

« Personne ne doit connaître mon existence »  

Nous débutons une histoire secrète peu de temps après cette discussion. Je me souviens du soir où nous avons fait l’amour pour la première fois. C’était comme si on faisait valser toute moralité ! On ne pouvait plus résister l’un à l’autre, alors on a oublié tout ce qu’on s’était promis de ne pas faire. C’est le début d’une relation étrange où j’existerais sans réellement faire partie de sa vie. Un jour, il finit par m’apprendre que sa copine travaille dans l’humanitaire à l’étranger. C’est pour cette raison qu’il peut mener aussi facilement une double vie. Il me confie qu’ il l’a déjà trompée à plusieurs reprises à cause de la distance. Il décrit une sorte de relation libre où il aurait le droit de fréquenter d’autres femmes pendant ses absences.  

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Tous les moments que nous passons ensemble ont lieu chez moi car son appartement est aussi celui de sa copine. Pour lui, c’est une question de respect. De la même manière, je ne peux rencontrer aucun de ses amis. Personne ne doit connaître mon existence. Je suis la copine illégitime, celle qu’on met au placard. J’accepte toutes les conditions sans discuter. Sûrement parce que je garde espoir. Pendant ce temps, le lien qui nous unit est de plus en plus fort. Un bonheur de courte durée, le moment des vacances arrivant à grand pas. À la période de Noël, il s’envole avec elle dans une destination paradisiaque. Subitement, je ne reçois plus un signe de vie de sa part.  

« Allô Sarah… Le père de ma copine s’est suicidé » 

Même si je sais pertinemment que cela fait partie du contrat, c’est toujours un arrachement. Secrètement, j’espère qu’Arthur va finir par arriver aux mêmes conclusions que moi. Notre amour est trop fort. Comment peut-il en aimer une autre ? Un coup de téléphone inattendu vient bouleverser toutes mes projections. « Allô Sarah, il faut que je te dise quelque chose… Le père de ma copine s’est suicidé. Je suis en France. Je pense qu’on ne va plus pouvoir se voir. » Ses mots me donnent des sueurs froides. J’ai de l’empathie pour elle. Je lui demande comment elle va… La discussion tourne court. En larmes, il finit par raccrocher. À cet instant, je ne sais pas si on va se revoir un jour. Mon cœur se brise. D’un côté, je me dis que je n’ai vraiment pas de chance, mais de l’autre je culpabilise de penser ça… Un homme est mort, tout de même.   

Mais coup de théâtre. Notre relation finit par reprendre son cours quand sa copine retourne à l’étranger. Nos habitudes aussi, mais le poids du secret me pèse. En l’espace de six mois, il m’annonce au moins trois fois qu’il me quitte. Le motif est toujours le même : il ne peut plus continuer à mentir de la sorte. Chaque rupture m’emmène dans des abysses de désespoir. Je passe mon temps à pleurer et, surtout, j’arrête de m’alimenter… Je perds cinq kilos en quelques semaines. Le suicide plane sur notre histoire comme un mauvais sort… Il ne peut pas abandonner sa copine dans un moment de telle vulnérabilité. De mon côté, je me résigne à accepter l’argument avant d’évoluer sur mes positions.   

Une rupture qui ne vient jamais   

Paradoxalement, notre amour grandit. Dans nos conversations, on en vient même à imaginer un futur ensemble : on se voit travailler en Afghanistan ensemble. La question de dire la vérité se pose un peu plus chaque jour. Quel est le pire, finalement, dans cette histoire ? Tromper ou dire la vérité ? Malgré ses réticences, il finit par me dire qu’il va mettre fin à leur histoire. Quelques temps plus tard, j’apprends qu’il lui a parlé de moi. Mais, curieusement, il m’annonce par la même occasion qu’ils partent ensemble en voyage. Le genre d’endroit rêvé pour une rupture.  

Je commence sérieusement à me demander combien de temps il leur faut pour rompre… Pour me prouver sa bonne foi, il me jure qu’il va continuer à m’écrire pendant leurs vacances. Sans surprise, je n’ai rien reçu de sa part ! Il finit par me lâcher : « Tu avais raison, il me faut beaucoup plus de temps pour rompre. » J’ai l’impression de nager en plein cauchemar. Est-ce que cette histoire n’était qu’une chimère ? Dans un message piteux, il se déclare victime du sort et m’annonce que, cette fois, c’est fini pour de bon. C’était tellement insupportable de ne pas avoir de tribune pour pouvoir lui répondre. Je me suis demandé s’il ne fallait pas que j’appelle sa copine pour dire la vérité qu’elle ne saurait sans doute jamais, puis je me suis ravisée.   

Un goût du drame anormalement développé 

La rupture a été difficile. Mais comme j’avais déjà beaucoup souffert, je me suis rapidement concentrée sur mes projets professionnels. Des mois plus tard, j’ai fini par apprendre de sa bouche que sa relation s’était finalement terminée et qu’il avait déjà une nouvelle copine. Pire, la nouvelle femme de sa vie était… l’ex de son meilleur ami. Une énième histoire impossible qui me laissait penser qu’il avait manifestement besoin de créer ce genre de drames amoureux autour de lui pour se sentir vivant.  

Les stigmates de cet amour avorté continuent de me poursuivre aujourd’hui. Dès qu’une autre fille se retrouve dans l’équation, mon trauma se réactive. C’est simple, je ne peux plus supporter d’être celle qui n’est pas choisie à la fin. C’est ma blessure narcissique. Mon histoire d’amour a été rendue impossible par celui que j’aimais, mais, pour ma part je pense qu’aucune histoire ne l’est. Le pire dans cette affaire, c’est sans doute qu’il pense à une sorte de concours de circonstances. Comme si on ne s’était pas rencontrés au bon moment de notre vie. Personnellement, je n’y crois pas une seconde.  

*Les prénoms ont été changés 

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